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[Figures de l'autre | Catherine Wihtol de Wenden]
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Posté: Aujourd'hui, à 13:05
MessageSujet du message: [Figures de l'autre | Catherine Wihtol de Wenden]
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La recherche pluri-décennale de l'autrice sur le thème des migrations qui fait d'elle, avec François Héran, la grande spécialiste française du sujet, lui a permis de distiller dans cet ouvrage de référence une somme sur la question de l'altérité identitaire politique en France. La thèse consiste à démontrer que les figures de l'Autre sont construites à partit d'un contexte historique et économique, mais aussi idéologique national variable et évolutif, bien que caractérisé par des constantes : l'étranger est ainsi une figure menaçante à cause de sa religion (catholicisme ou islam), de sa supposée violence, de la prétendue concurrence qu'il provoque sur le marché du travail. Mais l'approche méthodologique de l'essai est multiple, ne se cantonnant pas à l'Histoire. Il s'agit en effet d'abord de déconstruire les catégories qui constituent cette figure aujourd'hui, alors que le stéréotype du travailleur étranger d'origine rurale, homme pauvre, racisé et inculte ne correspond plus à la réalité. En vérité, avant même d'affronter ce stéréotype, il paraît nécessaire de revenir sur l'ensemble des idées reçues relatives aux migrations, qui sont inspirées par la xénophobie enracinée depuis la IIIe République et des données (même quantitatives) ainsi que des arguments erronés et idéologiques inoculés à des fins électoralistes. Cette déconstruction fait l'objet de la première partie (soit des chap. 1-3). Seulement ensuite est affrontée la partie chronologique de la construction de figures où s'alternent à des périodes d'indifférence trois grands moments de xénophobie : les années 1870-80, les années 1930 et les années 1980 qui, jusqu'à la période actuelle, sont désormais dominées par les peurs identitaires et les politiques sécuritaires (Deuxième partie, chap. 4-6). Enfin, une troisième partie, plus politologique, est consacrée respectivement aux politiques de répression de l'immigration et de limitation du droit d'asile de l'Union européenne (chap. 7) et à la construction d'une citoyenneté inclusive (chap. 8) qui passe : 1) par la possibilité d'une participation démocratique plus étendue, 2) par la lutte contre les discriminations sincère et efficace, et enfin 3) par la « construction d'une mémoire du vivre ensemble » notamment par la mise en musées.



Table [avec appel des cit.]

Introduction

Première partie – Qui est l'Autre ?

Chap. 1 – Le migrant entre en scène :

- Le migrant, nouveau thème de recherche
- Une mise en perspective des figures de l'Autre [cit. 1]
- Construction de l'Autre

Chap. 2 – Les catégorisations de la migration. Une guerre de chiffres et de droits :

- Des catégories évolutives
- Le statut juridique
- Le glissement des catégories de migrants [cit. 2]
- Les nouvelles mobilités depuis 1990 [cit. 3]
- Crise de l'asile ou crise de l'accueil ?

Chap. 3 – L'Autre, construit par les idées reçues :

- Des arguments culturels et démographiques – Des immigrés chrétiens aux migrants musulmans ; Le « grand remplacement » ; « L'Afrique va nous envahir » ;
- Des arguments économiques et sociaux – Les coûts/bénéfices de l'immigration ; L'« appel d'air » ; Le développement, alternative aux migrations ? ; La fuite des cerveaux ;
- Des arguments géopolitiques – Femmes migrantes, soumises ou pionnières [cit. 4] ; Fermer les frontières ? ;

Deuxième partie – Migrations et peur de l'Autre en France, cent cinquante ans d'évolution

Chap. 4 – De 1870 à 1975. Le temps des travailleurs étrangers :

- De 1870 à 1914 – L'Autre comme intrus ; L'Autre comme concurrent ; Les nouveaux barbares ; La quadrature du cercle [cit. 5] ;
- Les années 1919-1945 [suite cit. 5] – La classification raciale ; Danger sanitaire, danger politique ; Parmi les « indésirables », quelques « bienvenus » [cit. 6] ;
- Les Trente Glorieuses 1945-1974 – Une question dépolitisée ; Une image plus neutre ; Les premières lois antiracistes ;

Chap. 5 – Les années 1975-2000. Une exacerbation des images négatives de l'Autre :

- Politisation du thème de l'immigration – La mal vie ; L'islam, marqueur de l'altérité ; Racisme et antiracisme ; Les réfugiés, une autre figure des années 1975-1980 ; La peur du nombre ;
- La période « beur » - Nommer pour exclure [cit. 7] ; Être beur, c'est quoi ? ;
- Loyalisme et appartenances – Banlieues : en finir avec la tyrannie des territoires ; Citoyens pas comme les autres mais Français comme les autres ; Militaires français de culture musulmane ;

Chap. 6 – De 2000 à 2020. L'Autre, instrument de construction de l'identité nationale :

- L'enracinement comme projet politique
- L'autre, musulman contre l'autochtone
- L'identité, une instrumentalisation politique

Troisième partie – Déconstruire et reconstruire l'Autre

Chap. 7 – L'Autre comme ennemi. Les politiques sécuritaires européennes :

- La frontière, ligne de démarcation de l'Autre
- L'Autre défini par un droit d'entrée évolutif
- Européens et non-Européens
- L'Autre, objet du contrôle des frontières
- Mauvais migrants et bons réfugiés
- Des réflexes citoyens [cit. 8]

Chap. 8 – Des ponts contre des murs : citoyenneté, lutte contre les discriminations, l'immigration au musée :

- Citoyenneté, nationalité et immigration – La citoyenneté questionnée par les migrations ; La citoyenneté européenne ; Statistiques ethniques ;
- Le vivre ensemble et la lutte contre les discriminations – Vivre ensemble ; Discriminations institutionnelles ;
- Mettre l'immigration au musée – Histoire locale, histoire nationale ; Le musée de l'Immigration à Paris [cit. 9]

Conclusion. Constructions et déconstructions de l'Autre



Cit. :


1. « L'attitude à l'égard de l'Autre dépend aussi du contexte économique, social et politique caractérisant une société. Les périodes de crise économique conduisent souvent à un durcissement de l'attitude des résidents à l'égard des nouveaux venus, tandis que la mondialisation amène à des bouleversements liés à la transnationalisation des identités et à une réévaluation de l'Autre, assortie de la perte de repères, ainsi qu'à des crises de l'identité, nationale ou internationale, instrumentalisées par la montée des nationalismes et des populismes. Le sentiment d'appartenance collective ne se présente alors que comme un pur rejet de l'Autre, entre le dehors et le dedans, entre celui venu d'ailleurs et celui qui est "de souche". Tour à tour, le Juif, l'ouvrier non qualifié, l'étranger, l'immigré, l'exclu, "l'arabo-musulman" ou le sans papiers subsaharien ont fourni autant d'archétypes de l'Autre, construits et hiérarchisés, à un moment et dans une société donnés. » (p. 28)

2. « Le glissement des catégorisations de migrants s'effectue aussi par l'évolution des profils de migrants dans l'espace et dans le temps. Dans l'espace, l'urbanisation et la scolarisation ont mis fin au profil dominant du migrant analphabète, issu du milieu rural et qui fait l'expérience de la ville avec la migration, comme dans les années 1960. Le migrant est aujourd'hui abondamment connecté au monde qu'il s'apprête à rencontrer par les médias, le cursus scolaire, la construction de réseaux économiques, sociaux, culturels, associatifs, religieux de tout genre. Ce sont autant les facteurs d'attraction qui l'ont fait venir que les facteurs répulsifs qui l'ont poussé hors de chez lui, comme dans le cas des réfugiés, selon la dichotomie classique du facteur 'push' et 'pull'.
L'espace est réduit par la proximité apparente des mondes, même si les frontières sont fermées et difficiles à franchir. Dans le temps, la plasticité des figures sociales du migrant dans un monde en perpétuelle évolution conduit à lui faire emprunter au cours de sa migration différents types sociaux. Beaucoup utilisent diverses voies pour entrer dans la légalité, même si le statut est déconnecté du véritable profil socio-économique de l'intéressé, qui accepte parfois une forte déqualification pour vivre ailleurs et réaliser son projet migratoire. » (p. 48)

3. « Quelques traits distinguent fortement les nouveaux flux des anciens. Tout d'abord, les "couples migratoires" hérités de l'histoire coloniale et de relations privilégiées entre pays de départ et pays d'accueil (France/Algérie, Allemagne/Turquie, Royaume-Uni/pays du Commonwealth) ont perdu de leur force, et l'on assiste à une diversification croissante des zones de départ, à destination de pays sans liens apparents avec les nouveaux venus. Ensuite, des formes de migrations nouvelles se profilent, assez éloignées de l'immigration de masse des travailleurs manuels et masculins, qui partaient avec l'idée de revenir un jour au pays. Enfin et surtout, c'est moins la pression démographique, d'ailleurs en baisse dans beaucoup de pays de départ, ajoutée à la pauvreté, qui crée la pression migratoire, que l'imaginaire qui se nourrit de toutes les mises en scène de l'eldorado occidental. Ceux qui partent sont rarement les plus pauvres ; ce sont plutôt les classes moyennes, les diplômés, les femmes isolées, les mineurs, attirés moins par des pays que par des métropoles économiques et culturelles. D'autres sont poussés à l'exil par la guerre et l'insécurité quotidienne. La mondialisation contribue à installer dans la mobilité des populations variées, tournées vers un mieux-être qui n'est plus seulement économique mais aussi social, culturel, politique, religieux, sexuel. Une économie liée au voyage anticipe cette mobilité revendiquée. » (p. 51)

4. « [Les femmes migrantes] sont aussi de plus en plus nombreuses à laisser derrières elles un conjoint au pays, soit du fait d'une scolarisation sans cesse accrue dans leur pays d'origine qui leur permet de migrer seules et de chercher à accéder au marché du travail qualifié, soit du fait qu'elles sont recherchées dans des niches d'emploi très spécifiques : gardes d'enfants, domestiques, gardes de personnes âgées, infirmières, travailleuses de la confection, ou bien commerçantes ou prostituées accompagnant les migrants dans leur parcours. Particulièrement vulnérables durant leur voyage vers le pays d'arrivée, car elles sont potentiellement la proie sexuelle des passeurs et des trafiquants, elles le sont aussi à l'arrivée : clandestinité du statut, exploitation au travail, traite, parfois pour rembourser le coût du voyage clandestin. Elles sont en revanche moins contrôlées que les hommes, moins souvent présentes dans les centres de rétention, moins impliquées dans des activités illégales. Parmi les diplômées, elles sont nombreuses à être doublement discriminées, comme étrangères et comme femmes, assignées à des métiers dits "féminins". Beaucoup vivent très isolées, du fait de leurs métiers domestiques, enfermées, prisonnières dans les lieux d'habitation de leurs employeurs et peu informées de leurs droits. L'irrégularité du statut vient aggraver leur situation : seules les plus diplômées et les mieux introduites peuvent aspirer à un statut légal et exercer un métier correspondant à leur qualification. Celles qui sont en situation irrégulière, diplômées ou non, seront fortement déqualifiées. Mais toutes celles qui sont parties seules acquièrent dans la migration un statut familial qui les affranchit de la tutelle masculine qu'elles subissaient parfois dans leur pays d'origine du fait qu'elles envoient des fonds destinés au mieux-être de la famille restée au pays. Ainsi le gouvernement philippin a-t-il dressé dans sa capitale une statue à la femme pour glorifier ces héroïnes qui envoient l'essentiel de leurs gains comme transferts de fonds. » (pp. 88-89)

5. « C'est dans cette période [la Troisième République], avec la mise en œuvre de l'obligation scolaire, gratuite, publique, et bientôt laïque, que se développe l'invention d'une identité française symbolisée par les Gaulois. En effet, la figure du Gaulois s'oppose à celle des envahisseurs, les Francs, des seigneurs sur lesquels s'est construit ensuite le système féodal, puis la noblesse et la monarchie françaises. Le mythe du Gaulois, paysan enraciné dans sa terre, a alimenté un patriotisme […] qui a nié la part des étrangers dans la fabrication de la population française, à une époque où le pays se dépeuplait. Il a contribué à ethniciser l'identité nationale, pourtant fondée en France sur un projet politique et philosophique, la citoyenneté, le contrat social et les valeurs des Lumières. Il a donné une légitimité aux "racines" et a alimenté certains traits de la valorisation des terroirs, souvent revendiquée par la droite vichyste, puis par la gauche régionaliste, dans les années 1970.
[…]
L'entre-deux-guerres est riche d'images de l'Autre. D'une part, bien que la France soit devenue, avec les États-Unis, le pays au monde ayant la plus forte proportion d'étrangers, les travaux d'enquête sont presque inexistants, ce qui souligne le désintérêt du grand public à l'égard du sujet, qui commence pourtant à intéresser les sociologues américains. […] les journaux, nombreux à l'époque, tendent à prendre le relais, mais n'accordent pas aux nationalités une importance proportionnelle à leur nombre. Dans _L'Ami du peuple_ […], par exemple, on découvre qu'après la Révolution russe, le prince russe désargenté et les soldats de l'armée blanche deviennent en France chauffeurs de taxi, ou la (prétendue) princesse dame des lavabos dans un grand hôtel. Ils y font meilleure recette que l'ouvrier italien ou le mineur polonais. » (pp. 104-105)

6. « Ralph Schor [_L'Opinion française et les étrangers. 1919-1939_, 1985] conclut sur l'extrême diversité de l'opinion publique sur les étrangers durant l'entre-deux-guerres, qui transcende les clivages politiques. Le patronat, les partis de gauche, les grandes centrales syndicales, les Églises chrétiennes, certaines régions rurales montrent à l'égard des étrangers des attitudes favorables, tandis que les ouvriers, les partis de droite, les milieux nationalistes, les habitants des villes émettaient plus de réserves. D'autres clivages pouvaient être observés à l'intérieur d'un même groupe : à une droite modérée et libérale s'opposait une extrême droite xénophobe ; les états-majors politiques, syndicaux, religieux, ne contrôlaient pas étroitement leurs troupes. Les facteurs de différenciation régionale élaboraient une géographie de l'opinion très variée. Chaque groupe et chaque individu se déterminait selon ses intérêts, ses a priori idéologiques, son expérience personnelle, le type de relation nouée avec les étrangers [...] » (p. 110)

7. « L'attention est alors portée à l'aube des années 1980 sur la "seconde génération". Pourquoi ? Modification de la perception de l'immigration par les acteurs sociaux qui ont vu là plus qu'un fait de société, un défi lancé à la société française ? Visibilité accrue par un espace d'expression politique et sociale que se sont forgé les jeunes d'origine étrangère ? Force des revendications identitaires qui prennent parfois le chemin de la violence ? Longtemps passée sous silence dans un contexte de migrations tournantes, la seconde génération a peu à peu révélé le "moment de vérité" de l'immigration, celui de la cohabitation quasi définitive dans les quartiers populaires, à l'école, dans le travail, dans les grands ensembles des banlieues, dans les loisirs, dans la vie locale et, le cas échéant, dans la délinquance. Une génération souvent sans racines, sans repères, sans espoir, refusant de reproduire à l'identique la condition des parents, a fait surgir les carences d'une société mal préparée à la recevoir et à la considérer comme une partie légitime de la société française.
Un imaginaire social exacerbé colle à la peau de ceux qu'il est convenu d'appeler "jeunes issus de l'immigration". Cette population, pourtant bien intégrée culturellement sauf chez les plus marginalisés, ne l'est pas toujours économiquement, même si un processus d'intégration par l'école, le mariage, la culture populaire, la consommation et par les institutions françaises, a permis de changer un peu la donne. Bien souvent, des tendances contradictoires viennent brouiller l'intégration en marche : revendications identitaires ou démarches hyperassimilationnistes, aspiration au multiculturalisme ou affirmation du jacobinisme républicain. » (pp. 130-131)

8. « Le sociologue allemand Hartmut Rosa considère ainsi que la peur de l'autre vient du fait que l'on ne se sent pas soi-même reconnu. Il dénonce ce qu'il appelle le "populisme de droite", ethnocentrique, qui vise l'assimilation à une identité homogène et qui craint que les réfugiés ne viennent changer nos sociétés. Ce populisme s'oppose selon lui au multiculturalisme canadien développé par Will Kymlicka, associé à la démocratie. La réponse populiste face à l'autre naît de ce que de nombreuses personnes en Europe se sentent étrangères dans leur propre pays. Les mouvements populistes comme l'AfD en Allemagne […] qui demandent la fermeture des frontières, analyse-t-il, voient le monde comme une zone de combats où tout ce qui est inconnu est perçu comme une menace et un danger, porteur de décadence. L'ascension d'autres mouvements populistes (PiS – Droit et Justice en Pologne ; SPO – Parti des droits civiques en République tchèque ; le Rassemblement national en France ; le Parti pour la liberté aux Pays-Bas ; FPÖ en Autriche) s'est construite autour du rejet des réfugiés. L'option de l'adaptation à l'autre pour qu'il devienne partie prenante de la société qui l'accueille est écartée chez ceux qui vivent la mondialisation comme des perdants et dénoncent la "globalisation", en faisant des réfugiés la cause de ces changements. Vivre solidairement permettrait d'éviter ce que Hartmut Rosa appelle "l'émiettement de la société en une mosaïque de ghettos" provoqué par le rejet de l'autre. […] Il ajoute enfin qu'une communauté ne se construit pas à partir d'une tradition ou d'une origine, mais au travers de la participation démocratique à un projet commun. » (pp. 184-185)

9. « Lors de son ouverture [en 2007], le musée [de l'Immigration à Paris] n'a pas été inauguré et il a fallu attendre 2014 pour que le président de la République François Hollande fasse une inauguration officielle.
Le musée a été fragilisé à ses débuts par une politique d'immigration particulièrement hostile aux étrangers qui mettait l'accent sur l'identité nationale et l'approche sécuritaire, puis par une grève de sans papiers qui soulignait la contradiction entre la création d'un musée et une politique restrictive. Pourtant, la dimension pédagogique d'un tel musée s'est révélée essentielle pour construire une mémoire plus consensuelle sur l'apport de l'immigration à l'histoire nationale à destination de publics divers (élèves des écoles, enseignants, mécènes, militants associatifs, chercheurs et universitaires, parents et enfants issus de l'immigration), pour raconter les mémoires plurielles des différentes nationalités, leur diversité sociale (tous n'étaient pas des pauvres ni des ouvriers), géographique, culturelle.
Il s'agissait aussi d'éviter que ne s'installe un sentiment de victimisation chez les descendants de migrants tout en parlant aux Français sans origine migratoire proche. Parler de l'Autre sert aussi à mieux parler de soi, à valoriser un aspect moins connu de l'histoire nationale dans un pays "d'immigration qui s'ignore", selon la formule de Dominique Schnapper. Cette approche constructiviste contribue à proposer un autre regard de la France sur elle-même, alors qu'elle est un pays de brassages, du fait de sa position géographique, à l'extrême ouest de l'Europe, et qu'elle s'identifie aux droits de l'homme (accueil des réfugiés et des minorités) et qu'elle est marquée par son passé de puissance coloniale et industrielle, donc faisant appel aux gens venus d'ailleurs. » (pp. 216-217)

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