La distillation des âmes.
Broyant du noir, le brillant Broyan maugrée dans l'ombre. Inspecteur de police révoqué, Amaury Broyan se laisse embrigader par la ligue des patriotes, mouvance nationaliste qui fomente des attentats politiques au plus haut niveau. Félix Faure, président de la République, est dans le collimateur. le colonel Tréveaux devait assurer sa sécurité mais sa mort spectaculaire à l'Opéra Garnier rebat les cartes. Un assassin fantomatique rôde dans les coulisses et il n'a probablement rien à voir avec les nationalistes revanchards. Présent dans le théâtre parisien lors de l'exposition du cadavre de Tréveaux, Broyan se lance à corps perdu après l'exécuteur spectral mais ses découvertes vont le conduire au bord de la folie et de la mort.
Succédant à l'"Automne en baie de Somme", "Hiver à l'Opéra" développe une nouvelle intrigue dans le Paris hivernal de 1896 avec le personnage récurrent de l'inspecteur Broyan. Malgré les nombreuses pistes ouvertes, complot politique, meurtres ésotériques, sociétés secrètes, l'histoire est lisible et compréhensible car les éléments s'enchaînent à mesure que les explications éclairent les motivations et les situations. Référencé et ancré dans la Belle Époque avec un traitement pictural aquarellé en accord avec les ambiances froides, hiératiques, éthérées d'une fin de siècle nébuleuse et impressionniste, le récit souffre un peu d'une relative désincarnation des personnages et d'une surenchère d'évocations littéraires et artistiques (Gaston Leroux et "Le fantôme de l'Opéra", Victor Hugo et le spiritisme, Mucha, etc.). Beau à voir et plaisant à lire, l'album manque un peu de nerf et de chair.

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