Un objectif, atteindre Compostelle, un axe directeur, el camino, un moyen, a pedibus, une stratégie, se délester, intérieurement… Jean-Claude et Gisèle Bourlès se sont enfin lancés le 19 juin 1993 sur l’antique tracé parfois bien mis à mal par l’urbanisation et les infrastructures routières. Après une brève introduction, une carte sommaire mais toujours utile permettant de visualiser l’itinéraire en Espagne avec les jalons des villes principales, le livre se chapitre naturellement selon les régions traversées : Navarre, Castille, Leon, Galice. Un index des noms de lieux et une bibliographie commentée en fin de volume auraient utilement complétés ce livre déjà conséquent en soi. Les journaux conjugués du couple marcheur, largement enrichis d’anecdotes, de réflexions et de considérations s’insérant dans la grande et la petite histoire sont de bonne tenue. L’esprit de Giovanum-Claudum, Peregrinis de Sancti Jacobi se lit entre les lignes. L’auteur a su s’immortaliser modestement dans son livre. On s’émeut ou on s’énerve selon ses dires, totalement conquis, même dans les atermoiements, les questionnements et les approximations de l’auteur. Certaines phrases possèdent l’allant et l’intensité d’une pensée en marche. Plusieurs remarques glanées dans le corpus ouvrent le regard du lecteur et donnent envie de se lancer dans la meseta pour traverser le désert afin de s’éblouir sous « une pluie torrentielle de lumière » dessinant « des ombres épaisses sur d’éblouissantes clartés » [Miguel de Unamuno]. Jean-Claude Bourlès n’use de rares citations qu’à bon escient afin d’accorder des visions complémentaires. Contrairement à bien d’autres opus sur le sujet, Le grand chemin de Compostelle est une superbe invitation à pousser les portes du vaste monde histoire « de se mettre en marche vers soi-même ».
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