Vous n'êtes plus dans le coup, Donohue ! Vous croyez que ce sont les pays qui gouvernent ce putain de monde ? Retournez au catéchisme. Ces temps-ci, le nouvel hymne, c'est "Dieu sauve notre multinationale" ! (La constance du jardinier, p. 400).
Il s'engage fortement, dans cet ouvrage, notre John Le Carré ! Là, on n'est plus dans le monde de l'espionnage de ses débuts, qu'on aimait lire, mais dont l'univers nous semblait, ma fois, bien étranger.
Non, là, c'est de notre monde réel qu'il parle dans un livre de dénonciation écrit en hommage à une grande dame, une de ses amies, Yvette Pierpaoli, qui se démenait sans compter dans ce qu'on nomme l'humanitaire, et qui est morte dans un accident semble-t-il pas très clair.
En fait, par delà l'histoire, et la description de ces très beaux personnages, notamment celui de Justin qui pensait en fait pouvoir traverser son époque sans y laisser trop de plumes, mais pour lequel le sort en a décidé autrement, ce sont des questions qui nous concernent tous qui sont évoquées. Comment peut on concilier le profit avec un minimum d'éthique. Jusqu'où peut on accepter les compromissions, est-il possible de faire coïncider logique économique et logique humaine.
John Le Carré est un humaniste pessimiste... et comment ne pas l'être. Mais il sait décrire, au milieu de ce monde où l'on constate que la morale ne s'accompagne jamais d'aucun bénéfice, des éclairs de lumière qui suffisent à faire qu'on ne ressort pas de ce livre complètement désespéré, même en connaissant le nombre de morts par jour de maladies infectieuses dans les pays en voie de développement (bizarre appellation !) simplement du fait de la politique financière des laboratoires pharmaceutiques.
D'ailleurs, je ne sais pas quel a été l'impact de ce livre percutant, mais la situation évolue sous les pressions. Alors, merci John Le Carré d'avoir abordé, même de façon romanesque un tel problème.
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