La mort du roi Tsongor est une sorte de récit mythologique, appartenant en tout cas à un univers "merveilleux", sans ancrage temporel, un peu comme dans un conte. Il ne m'a plus manqué que le "il était une fois"!
Les personnages sont tous entiers et majestueux, empreints d'une sorte d'aura. Ils m'ont impressionnée par leur caractère fort, leur personnalité... surtout Katabolonga et Samilia. Katabolonga est l'incarnation de la noblesse d'âme, de la droiture ; il est fidèle comme un roc alors que nul autre n'aurait plus de raisons de trahir. Quant à la princesse, elle est censée avoir un rôle central, puisque c'est une sorte d'Hélène, la belle héroïne pour laquelle les hommes se battent jusqu'à la mort. Mais comme Hélène, on lutte pour elle mais elle ne compte pas. Personne ne lui demande son avis, tout se décide sans elle... La guerre perd tout son sens, si tant est qu'elle en ait jamais eu. C'est la folie et l'orgueil poussés à leur extrême. Samilia est au coeur d'une société d'hommes et son statut de femme la fait rester dans l'ombre. Tout est ici quête absurde, aporétique, mais inexorable, on se croirait dans une tragédie grecque.
J'ai trouvé ce roman fort du point de vue de son histoire et je salue le talent qu'a eu Gaudé de créer cet univers de conte mythologique. Cela dit, son écriture est du genre épurée, et l'est peut-être un peu trop pour moi. Cette sobriété sert le fond, c'est certain, mais j'aime les styles un peu plus envolés. Toutefois ce n'est qu'un petit bémol que j'exprime ici et j'ai globalement été séduite par cette première lecture de Gaudé ; j'ai très envie de lire La porte des Enfers.
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