Dans la section Scènes de la vie privée, je demande "Le Bal de Sceaux".
Émilie de Fontaine est une très belle, très intelligente et arrogante jeune fille qui a décidé de ne pouvoir épouser qu'un futur pair de France (titre qui semble obséder tous les personnages sous la Restauration), avec bien sûr, une kyrielle d'autres qualités. Elle repousse cruellement tous ses prétendants, avec une violence particulière pour ceux qui ne seraient pas maigres. A son vingtième anniversaire, contrairement à ses sœurs, elle n'est toujours pas mariée et son père lui laisse toute liberté de trouver seule son futur mari (en un mot, il arrête les frais des bals destinés à attirer un fiancé). Et c'est au Bal de Sceaux qu'elle aperçoit l'homme parfait, au moins dans les apparences. Son oncle l'aide à mener l'enquête ; ils trouvent son nom, son adresse. Il paraît du meilleur monde. Les deux se parlent, se revoient, se parlent, se revoient, l'amour est bien présent... mais... voyons, qu'est-ce qui va bien pouvoir clocher et empêcher ces deux âmes sœurs de s'épouser ?
L'ironie du sort fera revoir Émilie et Maximilien bien plus tard, bien fâchés, au moment où Maximilien est réellement devenu parfait mais où tout sera désormais impossible entre eux...
Dans un autre contexte familial et social, l'aristocratie et la jeunesse, on retrouve ce qu'il déclinera avec une personnage de bourgeoise d'âge mûr en 1936 dans La Vieille fille (Scènes de la vie de province). Balzac se montre assez cruel dans les conséquences des atermoiements et de l'aveuglement des femmes sur la valeur réelle de leurs prétendants ; dans le roman de 1936, il démontre que ni l'âge, ni les priorités ne changent rien à l'affaire.
Comme je lis plusieurs livres en même temps (qui n'avancent pas), je peux divulgâcher un peu : dans
Une Fille d'Eve, commencé juste après et fini quand ?..., Balzac remarie Émilie, quand elle sera veuve, à Charles de Vandenesse. Un comte. Ça devrait aller quand même.
Citations :
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- Mais, monsieur, n'avons-nous pas raison ? Le seizième siècle n'a donné que la liberté religieuse à l'Europe, et le dix-neuvième lui donnera la liberté pol...
- Ah ! ne parlons pas politique. Je suis une ganache
d'ultrà, voyez-vous ; mais je n'empêche pas les jeunes gens d'être révolutionnaires, pourvu qu'ils laissent au Roi la liberté de dissiper leurs attroupements.
* - Mais au moins vous avez plus d'une maîtresse ? Ah ! vous rougissez, mon camarade ? les mœurs ont bien changé. Avec ces idées d'ordre légal, de kantisme et de liberté, la jeunesse s'est gâtée. (...)
Sachez que celui qui ne fait pas ses folies au printemps les fait en hiver.
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