Logo Agora

 AccueilAccueil   Votre bibliothèqueVotre bibliothèque   Ajouter un livreAjouter un livre   FAQFAQ   RechercherRechercher   ForumsForums 
 MembresMembres   GroupesGroupes   ProfilProfil   Messages privésMessages privés   ConnexionConnexion 
Les notes de lectures recherchées

2 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 2 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (1 livre correspondant à cette oeuvre a été noté)

Mots-clés associés à cette oeuvre : chine, mo yan

[Le chantier | Mo Yan, Chantal Chen-Andro]
Auteur    Message
bertrand-môgendre



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 10 Mar 2007
Messages: 88
Localisation: ici et là

Posté: Dim 30 Mar 2014 20:33
MessageSujet du message: [Le chantier | Mo Yan, Chantal Chen-Andro]
Commentaires : 0 >>

Parler d’un livre sans raconter son histoire, c’est possible avec cet auteur glorifié par ses pères.

Mo Yan est de la génération qui a traversé et subit avec difficultés cette Révolution Culturelle abjecte, faisant suite à la misère du Grand Bond en Avant qui lui-même avait succédé à la réforme agraire.
Mo Yan est de la génération qui découvre avec bonheur une autre forme du communisme, la décollectivation, genre de dictature démocratique du peuple, promulgué par Deng Xiaoping avec par exemple la mise en œuvre de la Révolution Verte. Nourrir la population citadine qui s’accroît de façon exponentielle malgré la mise en place d’une politique de l’enfant unique.
Mo Yan a vu naître la révolte des intellectuels et peut-être même y participer du bon côté, car il était engagé dans l’armée certes, mais dans les télécommunications. Il a vu naître et s’installer l’économie socialiste de marché.
En une vie, l’auteur a connu des changements de société en profondeur auxquels il était partie prenante.

Malgré cette ouverture, cette liberté d'expression à consommer presque sans modération, il n'en demeure pas moins que Mo Yan reste sur les expectatives, littérairement parlant. Ses écrits restent non engagés, car suffisamment mielleux pour ne pas être censuré comme Jia Pingwa dans la Capitale déchue,
suffisamment discret dans la description de la misère pour ne pas connaître l’interdiction en République Tchèque affligée à Kundera pour son roman La plaisanterie, comportant suffisamment de talent pour utiliser l’écriture châtrée consistant à ne pas employer les mots et qualificatifs interdits tel que le dénonce Murong Xuecun (Oublier Chengdu titre de son roman phare) dans son discours supprimé lors de la remise de son prix « la littérature du Peuple ».

Voilà toute l'ambiguïté de cet écrivain intelligent qui se réfugie dans le passé pour éviter la censure. Il reste dans le rang.
Et c'est, à mon avis, ce qui transpire à travers les lignes de ce roman.
Des faits, des situations, des personnages cataloguent Mo Yan dans sa fonction d'ethnologue ou plus précisément d’éthologue. Il utilise le format carte postale « noir et blanc » version témoignage, se rapprochant parfois de la mouture filmée à la Raymond Depardon dans la trilogie « profils paysans ».
Je lis, regarde et m’étonne du fossé qui me sépare de la vie des personnages dont l’obsolescence programmée ne larmoie pas sur la partition de la complainte nostalgique.
Ses récits se veulent justes, documentés, précis.
Mo Yan utilise l’intensité des mots tels que cruauté, misère, faim, galère ainsi que ceux correspondant aux vraies valeurs mêlant l’amitié, l’amour, la haine.
J’ai retrouvé la même ambiance, les mêmes décors, presque les mêmes personnages à la lecture de le Radis de Cristal.

La façon dont Mo Yan élabore son récit de fiction le propulse dans la catégorie des dystopies, ou contre utopies, genre de société idéaliste virant au cauchemar.
C'est déprimant à souhait.
Heureusement, l'auteur utilise de temps en temps une forme littéraire dynamique à savoir, le recoupement de deux histoires mises en parallèle, par exemple le meurtre d'un chien avec l'avancée du rouleau compresseur qui relie les campagnes les plus reculées avec la civilisation moderne ; ou, la profanation d'une tombe voyant la résurrection d'une défunte fraichement enterrée et la mise à mort d'un homme condamné à rester cloué au lit jusqu'à la fin de ses jours. Voilà deux maigres échantillons qui permettent de bousculer la monotonie ambiante.

L’auteur est à découvrir certes, mais ne reflète pas, à mon idée, la pensée actuelle et moderne du peuple chinois.
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
 
[Le chantier | Mo Yan, Chantal Chen-Andro]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Mer 20 Fév 2013 15:38
MessageSujet du message: [Le chantier | Mo Yan, Chantal Chen-Andro]
Commentaires : 2 >>

Un groupe de "rééduqués" -c'est-à-dire de condamnés à des peines légères- s'échine à la construction de la "Route de la Révolution Prolétarienne Constante". Le chantier, mobile, se déplace au fur et à mesure de la progression des travaux. Il est, au moment du récit, installé non loin du village de Masang, où certains ouvriers font quelques incursions nocturnes, tantôt pour tenter d'y séduire quelque femme esseulée, tantôt pour y chasser le chien qui, lorsque la faim devient trop pressante, constitue un supplément de nourriture bienvenu...
Le comportement des travailleurs fait un peu désordre dans une Chine régie par la discipline et le matraquage idéologique... Ils sont joueurs, buveurs, bagarreurs, sales, mais il faut préciser à leur décharge que les baraquements de fortune dans lesquels ils sont entassés ne sont pas vraiment propices au maintien de l'hygiène.
Nous faisons peu à peu plus amplement connaissance avec certains de ces hommes, avec les obsessions qui parfois les rongent, avec les souvenirs qui les hantent ou leur permettent de se donner du courage en attendant la fin de leur période de "rééducation", qui consiste à les faire renouer avec l'esprit de la Révolution, et à se plier docilement aux ordres parfois incohérents d'une hiérarchie tyrannique.

J'imagine qu'on peut qualifier le ton de burlesque, trouver la plupart des situations cocasses, contrastant volontairement avec le fond finalement tragique du récit. Le but de l'auteur est sans doute de mettre en avant l'absurdité et la cruauté d'un système qui convainc à coups de trique (réels ou psychologiques), et qui, sous de grands principes d'égalité et de partage, abrite corruption et cupidité.

Si je semble émettre quelques réserves, c'est parce que je n'ai pas réellement accroché à ce roman. Quant à vous expliquer pourquoi... disons que j'ai trouvé l'ensemble assez terne, les personnages plus agaçants qu'attachants.
J'ai eu le sentiment, léger et certainement subjectif, mais néanmoins gênant pour moi, qu'une sorte de raideur dans le style amoindrissait le potentiel truculent du texte.
C'est pourquoi il s'agira probablement de ma première et dernière expérience avec cet auteur...


BOOK'ING
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
 
 
Powered by phpBB v2 © 2001, 2005 phpBB Group ¦ Theme : Creamy White ¦ Traduction : phpBB-fr.com (modifiée) ¦ Logo : Estelle Favre