[Le problème à trois corps, tome 2 : La Forêt sombre | Liu Cixin]

Lire "si longtemps" (bon, pas tant, en réalité) après le tome 1 et d'une manière aussi fractionnée (je n'ai pu lire que des lectures professionnelles, et encore, ces dernières à l'arrachée aussi !) le tome 2 ne m'a pas aidée à entrer dedans...

Les Terriens savent désormais qu'une guerre de colonisation les attend dans quelques siècles. Des espions sont déjà parmi eux, les intellectrons, sorte de particules espionnes envoyées par les Trisolariens, qui donnent ordres et prennent informations des traîtres terriens, persuadés, par misanthropie ou par bêtise, qu'être colonisés par les Trisolariens sera une bonne chose. Ils décident de nommer quatre Colmateurs chargés de réfléchir à leur défense, tout en mettant en place une armée spatiale. Face à cette nouvelle les intellectrons et les traîtres décident de créer des Fissureurs...

La plupart des protagonistes de la Crise trisolarienne a demandé à être endormie et réveillée pour assister à l'Ultime bataille (l'arrivée des envahisseurs extraterrestres). Cette anticipation me brise le cœur et me fait me poser beaucoup de questions. Faute de penser que je puisse être utile, j'imagine que je préférerais partir en mon temps ; même si j'étais scientifique, il n'est pas certain que je sois capable de récupérer les avancées de la sciences pendant des centaines d'année et être à nouveau à la pointe.

Je n'ose pas, à cause des circonstances que j'ai évoquées en préambule, incriminer l'économie du roman pour parler de longueurs, mais les seuls moments qui m'ont paru vraiment intenses sont les moments où les Fissureurs venaient trouver les Colmateurs et leur disaient comment ils pensaient les avoir percés à jour. Les détails astrophysiques, d'une façon générale m'ont paru plus intéressants que les autres aspects du roman. Les personnages des Colmateurs ne donnent pas envie de s'identifier à eux, ils restent de papier. J'ai eu aussi un doute immense : comment peut-on réellement voir des décollages de vaisseaux d'une planète qui se trouvent à un siècle de vol de spatial de vous ?

Puis, la dernière partie, qui ressemble à une utopie (le monde 250 ans après le début de la Crise solarienne), où les derniers Colmateurs (Hynes et Luo Ji) sont réveillés a relancé mon attention. Je ne m'attendais vraiment pas à ça. Et il y a d'incroyables rebondissements à partir de là, comme si les facultés d'imagination de l'auteur s'étaient concentrées sur la charnière avec... le troisième tome !

Citations :

* Votre projet enfreint un principe moral fondamental des sociétés modernes : la vie humaine doit l'emporter sur toute autre considération. Les nations et les gouvernements ne peuvent exiger des hommes qu'ils prennent part à ce genre de missions suicides. Je me souviens de cette phrase prononcée par Yang Wen-li, le personnage des Héros de la galaxie : "Dans la guerre se jouent la grandeur et la décadence d'une nation, mais qu'est-ce que cela vaut à côté des droits et des libertés individuelles ? Ce qu'il reste, c'est faire de son mieux."
* Il suffit d'y penser un peu et tu comprendras que toutes les fuites dans le cosmos seront éternellement vouées à l'échec. Qui partirait et qui resterait ? Voilà tout le problème. Ce n'est pas une inégalité ordinaire, c'est une question de droit à la survie. Peu importe qui part, les élites, les riches ou les gens ordinaires, à partir du moment où il y en a qui partent et d'autres qui restent, cela signifie l'effondrement des valeurs fondamentales de l'humanité et de sa ligne de fond morale. Les droits de l'homme et l'égalité devant la vie sont profondément enracinés dans le cœur humain. L'inégalité devant la vie est la plus grande des inégalités. Les individus ou les nations qu'on obligerait à rester ne pourront pas attendre patiemment la mort en voyant leurs congénères emprunter le chemin de la survie. Deux camps s'affronteraient de plus en plus violemment et plongeraient le monde dans le chaos et personne ne pourrait plus sortir.
* La flotte annonça son accélération, sans que la formation en soit perturbée. Dans un bruit de tonnerre, cette immense muraille ensoleillée fut majestueusement propulsée dans les profondeurs de l'espace, comme une déclaration faite à tout l'Univers de la dignité et de l'invulnérabilité de l'espèce humaine. L'esprit humain, écrasé deux siècles plus tôt par l'image de la flotte trisolarienne, obtenait enfin son ultime délivrance. A cet instant, l'océan d'étoiles de la Voie lactée atténua en silence sa propre lumière, et l'Homme, qui ne faisait plus qu'un avec Dieu, commença fièrement et sans mal son chemin vers le cosmos.
* Des larmes coulèrent de joie, certains dans la foule explosèrent même en sanglots, assaillis par l'émotion. Jamais dans toute l'histoire, les humains ne s'étaient soudain sentis aussi heureux et fiers d'appartenir à la même espèce.
* C'est souvent dans ces moments où tout le monde exulte que le chagrin refait surface. Et il risque de se passer quelque chose. Comme tout à l'heure, quand le Dongguo est monté sur scène pour faire son discours. Si je ne leur avais pas fait passer des tomates, ils lui auraient balancé des pierres. *
* Non, non, vous savez, d'ordinaire, je ne dérange pas les filles que j'aime. Je crois en ce que dit Goethe : "Je t'aime, est-ce que cela te regarde ?"

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