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[André Gorz, un penseur pour le XXIe siècle | Christophe...]
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Posté: Dim 21 Avr 2019 21:47
MessageSujet du message: [André Gorz, un penseur pour le XXIe siècle | Christophe...]
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[André Gorz, un penseur pour le XXIe siècle | Christophe Fourel (dir.)]

Cet ouvrage publié un an après la disparition d'André Gorz aurait pu être une hagiographie ou une plate anthologie. Il a le mérite non seulement d'avoir évité ces deux défauts, mais surtout de mettre en perspective les aspects multiples de la pensée du philosophe : une pensée politique dont son autodidactisme et son indépendance de toute « chapelle » a permis d'évoluer, notamment au sujet du revenu universel mais aussi des interprétations sartrienne et althussérienne du marxisme français.
Christophe Fourel, directeur de la publication, signe les deux premiers articles du livre : « L'actualité d'André Gorz » et « Itinéraire d'un penseur », indispensables rappels de l'œuvre et de certaines importantes données biographiques. Suivent, sur les aspects les plus significatifs de cette œuvre magistrale et inspirante, des contributions de spécialistes qui ont aussi entretenu des rapports personnels avec Gorz : ainsi, certains chapitres insistent davantage sur les précurseurs de ses apports, d'autres sur la fortune de ceux-ci, d'autres enfin sur leur propre positionnement par rapport aux idées du philosophe. Cela donne un caractère plus vivant à cette pensée et souligne, comme l'indique le titre, sa modernité qui, à tant d'égards, frappe pour son côté anticipateur, voire prophétique : en particulier sur la sortie du capitalisme - « barbare » ou « civilisée » selon un choix qui reste à faire et ne relève pas du « matérialisme historique » - et sur les problématiques de l'écologie politique et de la sociologie du travail, affrontée bien avant la révolution du numérique.
Patrick Viveret, en réinterprétant le testament spirituel de Gorz précédant son fameux suicide de couple, Lettre à D. Histoire d'un amour, nous invite à « […] penser les enjeux émotionnels de la transformation sociale » ;
Jean Zin signe : « André Gorz, pionnier de l'écologie politique » ;
Carlo Vercellone : « L'analyse gorzienne de l'évolution du capitalisme » ;
la grande Dominique Méda, et Denis Clerc s'intéressent à la critique gorzienne du travail, qui diffère de la leur tout en parvenant aux mêmes conclusions ;
Marie-Louise Duboin-Mon, en s'occupant de « l'économie distributive », m'a appris la dette que Gorz avait sur ce thème vis-à-vis de Jacques Duboin (1878-1976), penseur fort intéressant que j'ignorais complètement ;
Jean-Baptiste de Foucauld met en relation le thème du « temps choisi » avec Jacques Delors et le club « Échange et Projets » qui eut un grand impact dans le débat français sur la « loi des 35 heures » ;
Philippe Van Parijs parle de ses échanges avec Gorz sur le thème de « l'allocation universelle ».
S'ensuivent trois textes inédits du philosophe : un entretien très intéressant sur l'aliénation, qui constitue peut-être le fil rouge de toute son œuvre, un texte de jeunesse sur Kafka et un dernier, qui fait opportunément office de conclusion, intitulé « Nous sommes moins vieux qu'il y a vingt ans ».


Cit. :

« Je ne comprends donc pas la philosophie à la manière des créateurs de grands systèmes philosophiques mais comme la tentative de se comprendre, de se découvrir, de se libérer, de se créer. La vie, et la vie humaine en particulier, est autocréation, "autopoïèse" […], un être ne peut se comprendre, se libérer, répondre de soi que dans la mesure où il a conscience de se produire soi-même, où il se vit comme sujet de son existence. » (p. 32)

« Et cette aliénation-là n'est pas le seul fait du capitalisme. La fétichisation peut prendre d'autres formes que la marchandisation. Ce peut être la fétichisation du pouvoir comme dans le dérapage totalitaire de révolutions, ou la fétichisation du sens comme dans ce qu'un sage a nommé de façon suggestive le "matérialisme religieux", tentative de chosification et de captation du mystère de l'univers au profit d'une caste sacerdotale. Dans tous les cas, il s'agit de mettre en place un formidable appareil compensatoire pour faire supporter malgré tout le renoncement au bonheur. Le renoncement à l'art de "vivre à la bonne heure", à cette qualité de présence à autrui, à soi, à l'univers est en effet au cœur de cette aliénation. » (p. 53)

« Dès lors, le but, c'est la société de multiactivité où "tous attendent de tous qu'ils cumulent une pluralité d'activités et de modes d'appartenance", où le but n'est pas "de sélectionner, d'éliminer, de hiérarchiser, mais d'encourager chaque membre à se renouveler et à se surpasser perpétuellement dans la coopération compétitive avec les autres". Une société où le travail a perdu sa centralité, où l'activité que l'on exerce importe plus que l'emploi que l'on a eu ou que l'on n'a pas. En un mot, une société au sein de laquelle "chacun puisse faire au travail sa place au lieu que la vie ait à se contenter de la place que lui laissent les contraintes de travail". » (p. 148)

« Éliminer l'aliénation, c'est créer des situations où chacun pourrait reconnaître les résultats de sa collaboration sociale et son travail même comme effectués et voulus par lui. Donc, autodétermination de la collaboration dans ses objectifs, ses résultats et son déroulement. L'économie de marché de même que la planification économique autoritaire procèdent à l'inverse : les individus et leur mode de collaboration sont hétérodéterminés par avance selon les exigences de la production, du profit, du capital ; les résultats et le processus de leur collaboration sont a priori aliénés, incontrôlables. Cela va si loin que la production de marchandises n'est plus fonction des besoins humains, mais que les besoins sont adaptés à la marchandise qui, en tant que sujet apparent, exige d'être achetée et subordonne les besoins. » (p. 191)

« Vous commencez à vieillir, pense-t-il, quand vous acceptez que votre vie se confonde avec un parcours socialement prédéfini et "traîne dehors, dans les choses", soumise aux impératifs de la machinerie sociale. Alors "elle vous fait plus que vous ne la faites". Elle vous attend dans l'avenir. Votre passé pèse de plus en plus lourd et vous interdit socialement de changer de cap : "vous avez passé l'âge" où on s'invente. Pis : vous avez intérêt à persévérer dans la même voie, car si vous changez, vous perdez "le bénéfice de vos acquis". Et vous mesurez du même coup ce que signifie être jeune : c'est n'avoir rien à perdre, n'avoir ni propriété, ni acquis, ni intérêt à défendre... » (p. 231)

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