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[Entre accueil et rejet : ce que les villes font aux mig...]
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Posté: Jeu 12 Juil 2018 18:09
MessageSujet du message: [Entre accueil et rejet : ce que les villes font aux mig...]
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[Entre accueil et rejet : ce que les villes font aux migrants | Babels (sous dir. Michel Agier)]

Partant du constat que « le tournant des dernières années n'est pas tant une "crise migratoire" qu'une crise des politiques migratoires européennes » (p. 12), ce recueil d'études issues principalement du milieu universitaire explore les possibilités qu'offre le niveau urbain des politiques et des expériences (notamment associatives), dans sa dialectique avec les politiques nationales et supranationales, selon une perspective comparatiste : Paris, Berlin, quartiers danois, quartier de Sultanbeyli à Istanbul, Barcelone, CAS (Centri di accoglienza straordinaria) vs. SPRAR (Sistema di Protezione Richiedenti Asilo e Rifugiati) en Italie.
Si le choix du niveau local et des métropoles se justifie d'un point de vue théorique et démocratique, ne serait-ce qu'à cause des tendances évolutives de l'urbanisme mondial, si l'Union Européenne, en particulier la Commission Européenne, semble aussi s'orienter vers l'implication des villes dans les questions de migrations (cf. cit. infra), force est de constater – à regret, peut-être – que la dimension la plus significative des politiques migratoires demeure nationale (et européenne) ; d'autre part, dans la balance entre accueil et rejet, il est actuellement impossible d'identifier les politiques de la ville à celui-là et les politiques nationales à celui-ci. De même, parfois la dialectique local-national tend plutôt à la confrontation (cf. Barcelone, les Veligboerne (« habitants bienveillants » danois), et c'est là que la balance penche vers l'accueil ; ailleurs, cette dialectique est plus complexe, et les résultats plus ambivalents, comme c'est le cas notamment de Paris, entre son « centre humanitaire » - côté accueil, très relatif - et ses évacuations de camps – côté rejet, absolu. Le cas de Sultanbeyli (Istanbul) est encore différent, car le niveau local représente un cas de « phagocytation » du champ associatif – et hélas de la question des réfugiés syriens tout entière, à grand renfort de rhétorique néo-ottomane et de fraternité islamique... – par le parti politique AKP qui gouverne la Turquie depuis 2002. Ce qui paraît constant, par contre, c'est d'une part l'instrumentalisation de la question migratoire à des fins électoralistes, ce qui peut aussi contribuer à une légère oscillation du balancier accueil-rejet, comme en Allemagne, en Espagne (question catalane) et sans doute en Italie, etc., et d'autre part une détérioration progressive des politiques d'accueil, à mesure de la montée des extrêmes droites et des crispations sécuritaires en Europe et dans le monde.
Ce livre ne se lit pas aisément. Outre l'hétérogénéité des textes – même simplement par rapport au thème principal c-à-d. la prégnance du niveau urbain –, problème typique de ce genre de recueils, hétérogénéité renforcée par l'introduction d'intermèdes disparates entre chaque chapitre – dont un « prélude » : le témoignage du parcours d'une famille syrienne de Damas à Dortmund, et un poème : « La malédiction » - le plan est vraiment confus, en particulier concernant la France et Paris, dont il est question dans trois chapitres non consécutifs. Je ne comprends pas non plus pourquoi les textes sur la Belgique, l'Espagne et l'Italie sont traités typographiquement de manière différente des autres chapitres. La profondeur de la réflexion, parfois énoncée sans être développée, ainsi que sa mise à jour jusqu'à janvier 2018, constituent cependant les atouts de l'ouvrage.



Cit. :


« Cette politique européenne "prohibitionniste" – comme tout gouvernement par l'interdit et l'illégalité, à l'exemple des politiques antidrogue ou antiprostitution – a pour effet de construire la mobilité comme un bien monopolisé par des circuits criminels. […] la lutte contre les passeurs justifie des politiques toujours plus restrictives, qui ont pour effets concrets d'entraver les migrants et de gouverner leur mobilité, faisant ainsi prospérer la criminalité organisée. Cette logique est à l’œuvre, par exemple, quand les actions de solidarité envers les migrants en France sont pénalisées et requalifiées d' "aide au passage ou au séjour irrégulier", ou que les actions de sauvetage en mer des ONG sont interdites en Italie au prétexte qu'elles favoriseraient le travail des passeurs. » (p. 13)

« La crise des politiques d'accueil que révèle l'été 2015 constitue dès lors un véritable accélérateur pour que les villes, notamment par l'intermédiaire de leurs réseaux (tels qu'Eurocities ou encore le programme Urbact), deviennent des interlocutrices de la Commission européenne […]. Des signes de soutien, notamment financiers, sont adressés par la Commission européenne avec l'octroi de financements spécifiques dans le cadre de l'agenda urbain européen, et l'ajout dans le Fonds européen Asile, Migration et Intégration (Fami – 2015-2020) d'un objectif de soutien aux initiatives pour "l'intégration au niveau local, régional" – et non uniquement national – des réfugiés. » (p. 32)

« Les dispositifs de prévention situationnelle dont relèvent ces grilles et ces pierres [placées par la Mairie de Paris pour empêcher les campements des migrants] s'inscrivent dans un même continuum que les caméras de surveillance dans les espaces publics, les vitres de sécurité dans les bus, etc. […] La théorie criminologique qui inspire ces dispositifs se fonde sur l'idée que le délit n'a pas de cause structurelle, mais est plutôt le fruit d'une occasion favorable : on commet un délit parce qu'on peut passer à l'acte sans que cela nous coûte. […] Supprimer l'occasion ce serait supprimer la cause du désordre. L'application de cette technique pour gérer le fait que des milliers de migrants dorment dans la rue pose beaucoup de questions, notamment parce que cette modalité de gestion revient à tenir pour inexistants les facteurs structurels, comme l'absence pure et simple d'hébergement, au-delà des simples raisons de la migration (guerre, dictature, insécurité, absence de perspectives). […] À cet égard, ce qu'il s'agit d'analyser, c'est un processus qui confronte dans un même espace, un même lieu, des deux côtés d'un boulevard, un centre humanitaire qui ouvre la voie du camp [centres de rétention] dans les villes européennes [par application des règlements de Dublin] et le déni institutionnalisé de la réalité même qui justifie ce camp. » (p. 55)

« […] la mise en commun et en circulation de savoirs et de pratiques ainsi que l'action collective permettent de déjouer l'assignation au statut d'obligé que produisent parfois l'hospitalité et les formes compassionnelles de soutien – même si ces attitudes restent à l’œuvre sur le plan individuel. Toutefois, ce type d'action est d'autant plus susceptible de réussir et de se pérenniser quand la position des autorités n'induit pas des confrontations systématiques et violentes. » (p. 145)

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