Une lecture liée à mes recherches sur le Saint-Amandois Jean Godin des Odonais et l'expédition géodésique française au Pérou du XVIIIe siècle (j'ai découvert récemment que les mesures avaient été refaites dans les premières années du XXe siècle par une mission de l'armée française, toujours sous les auspices de l'Académie des sciences). J'alterne la lecture de textes qui portent sur le sujet lui-même et de textes qui me font faire un « zoom arrière » et replacent ce sujet dans un cadre plus large. Voilà très longtemps, de toute façon, que j'attendais une occasion de m'instruire vraiment sur la manière dont s'étaient déroulés les premiers contacts entre peuples européens et peuples non européens non arabo-musulmans (le contact avec ces derniers étant bien plus ancien).
Je suis toujours en admiration lorsqu'un auteur réussit à faire le tour de façon pertinente d'un sujet vaste et complexe en 125 pages seulement, comme c'est le cas ici. Pendant ma scolarité, les cours d'histoire étaient probablement ceux que je suivais avec le plus d'attention et de plaisir, mais je suis bien forcé de constater qu'ils ne m'ont pas toujours prémuni contre certaines idées simplistes, peut-être même ont-ils contribué à me les faire partager. Sans vouloir opposer une « légende rose » à la « légende noire » des atrocités des conquistadores, Marianne Mahn-Lot fait connaître aussi l'apparition presque immédiate d'un mouvement d'opinion « pro indien » assez influent (cela reste anecdotique, mais on vit même d'anciens conquistadores, pour mettre leur conscience en paix à l'approche de leur mort, dédommager des Indiens en leur partageant des sommes reçues à titre de butin pendant la conquête). Ce qui fait de l'arrivée des Européens en Amérique un événement aussi dramatique, unique dans l'histoire de l'humanité, c'est surtout le choc infectieux qu'il représente pour les habitants d'un continent resté isolé depuis le Paléolithique. Ce choc infectieux ne les a pas « décimés » (décimer son armée, pour un général romain, c'était faire périr un soldat sur dix) mais à l'inverse, dans certains territoires il n'a laissé vivant qu'un Indien sur dix.
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