Magalie a les seins gros et lourds. Elle en souffre mais ses parents paysans ne savent à quels saints se vouer car il ne faut pas changer ce que la nature a fait ; ils ne roulent pas non plus sur l’or et une opération chirurgicale coûte cher. Le petit frère Paul fabrique des étais pour soutenir la poitrine pesante de Magalie quand elle va traire à l’étable. Les parents décident tout de même de s’en référer à Daniel, le vétérinaire. Ce dernier s’isole avec Magalie et abuse d’elle. Magalie, totalement ingénue des choses du sexe ne comprend pas ce qui lui arrive. Flairant le bon gros coup facile, Daniel appelle ensuite à la rescousse un spécialiste tout aussi lubrique. Magalie s’exécute. Les larrons enfoirés demandent des examens complémentaires. Le soir, à table, Magalie s’interroge auprès de ses parents sur les pratiques occultes des médecins mais rien ne transpire des pratiques libidineuses des carabins. A l’étable, la jeune fille demande à petit Paul des éclaircissements en faisant vivre à son frère les divers attouchements des spécialistes. Le père surgit. Dans l’imminence d’être découverts, Paul jouit des mains de sa sœur. Heureusement, les enfants se ressaisissent avant l’irruption du pater austère. Entre temps, le maire de la ville a eu vent de l’affaire des melons. Il invite Magalie à l’hôtel de ville. C’est la partouze généralisée. Les notables usent et abusent de la jeune et jolie fermière. Magalie finit par tout dire à ses parents de retour à la ferme, le soir, au-dessus du bol de soupe. Le père renvoie sa fille dans les griffes des édiles et photographie la scène. Il décide de tout balancer sur Internet mais il se heurte à un mur blindé d’incompréhension. Il va prendre le taureau par les c… et ça va saigner !
D’un trait dépouillé, réduit à un fil flottant mais cernant l’essentiel, l’auteur arrive à créer une atmosphère presque irréelle, en apesanteur, hors du temps. L’exploitation agricole et les personnages sont archétypaux. Les agriculteurs coupés du monde moderne, sans télévision ni ordinateur, vivent presque en autarcie et gardent leurs distances avec les gens de la ville. La scénette avec le vendeur en informatique de chez Darty est assez bidonnante avec ses quiproquos : « Quel est votre système d’exploitation ? » ; « Une ferme avec un tracteur » mais elle montre l’étendue du fossé à purin entre les hommes. Bastien Vivès dessine rarement les yeux de ses personnages et quand il le fait, le regard est chargé d’intensité. Les scènes de sexe sont elliptiques mais explicites. Il n’y a jamais rien de graveleux et de gratuit et sous une apparence loufoque, décalée, exagérée, l’histoire est plus torturée qu’elle n’y paraît. Le ton humoristique et le traitement allusif dédramatisent les situations. Pourtant, le malaise demeure comme lorsque le lecteur est face à la relation sexuelle entre frère et sœur ; la taille démesurée du membre de petit Paul est au diapason des seins de sa sœur et du sexe de son père. Les melons de la colère relève aussi d’un combat douteux.
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