A sept ans, il avait décidé qu'il serait écrivain. A son retour de Buchenwald, il a donc voulu écrire la terrible expérience qu'il venait de vivre pendant 18 mois. Mais il ne souhaitait pas que ce soit un témoignage, un simple catalogue d'horreurs. Longtemps, ses tentatives n'ont pas abouti Se replonger " dans l'expérience de la mort" était trop lourd d'angoisse et risquait de le mener au suicide. Il a choisi la vie, l'oubli.
C'est seulement 17 ans plus tard que les premières pages du livre ont jailli presque spontanément. Ce livre, c'est le récit de son retour à la vie, une autobiographie vagabonde avec de constants va- et- vient temporels, des digressions; on s'y perd un peu. Les livres y tiennent une grande place et surtout la poésie. C'est un document très vivant, très original, qui force le respect et qu'on n'oublie pas.

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Je l'ai lu ...il y a pas mal de temps... J'avais beaucoup aimé ce ressassement de souvenirs.Semprun était un personnage hors du commun ; quelle vie ! ministre de la culture de F. Gonsalez ! maitrisant parfaitement notre langue,francophile... Il y avait un point sur lequel je ne pouvais pas le suivre : son amour de la corrida ; mais nul n'est parfait !

Dans le petit livre de réflexions sur la mémoire traumatique de Boris Cyrulnik " Je me souviens" j'ai trouvé ce passage qui éclaire bien les difficultés qu'a éprouvées Semprun pour écrire sur son expérience de déporté:
" C'est difficile de s'adresser à quelqu'un pour expliquer ce que l'on a vécu. Mais si on passe par le biais de l'oeuvre d'art, par le détour du film, de la pièce de théâtre, de l'essai philosophique ou du travail psychologique, vous devenez le tiers dont vous pouvez parler; vous donnez des indications à ce comédien qui joue ce qui vous est arrivé. Vous avez ainsi résolu l'équation impossible; "Je ne peux pas dire ce qui m'est arrivé, parce qu'émotionnellement c'est trop dur et que vous n'allez rien comprendre." En revanche, si je fais le détour par l'oeuvre, si j'éloigne l'information, je communique mieux avec vous parce que je ne suis plus seul au monde avec mon fracas intérieur, avec ma blessure invraisemblable. Parce que j'ai réussi à en faire une représentation que l'on peut maintenant partager. On habite enfin le même monde."

Merci Amiread1, moi non plus je ne suis pas d'accord avec la corrida.