[Donne-moi le monde | Lloyd Jones, Nathalie Bru (Traducteur)]
La lecture de "Mister Pip", roman de l'écrivain néo-zélandais Lloyd Jones, m'avait laissé un sentiment mitigé : j'avais apprécié l'histoire et l'angle sous lequel elle était abordée, mais j'avais été parfois gênée par la faiblesse du style.
Ceci dit, n'étant pas spécialement obtuse, et les romans de Lloyd Jones bénéficiant de couvertures fort attrayantes (c'est stupide, comme critère pour choisir un livre, mais j'aime bien, parfois, faire ma stupide), j'ai eu envie de retenter l'expérience. Il est probable que cette tentative sera la dernière...
Et pourtant, comme avec Mister Pip, l'histoire telle qu'elle nous est présentée au départ m'avait mise dans des dispositions plutôt favorables, et donné envie d'en connaître la suite. Une jeune africaine part en quête de son tout jeune enfant, enlevé par son père qui l'a emmené en Allemagne. Au cours du difficile et long périple qui va la mener de Tunisie, où elle travaille comme femme de ménage dans un hôtel, à Berlin, elle croise toutes sortes d'individus, dont le témoignage alimente le récit. Certains l'ont croisée brièvement, d'autres ont eu l'occasion de nouer des rapports plus durables avec cette discrète et énigmatique héroïne.
Ces témoignages sont pour l'auteur prétexte à démontrer la diversité des comportements humains. Il y a ceux qui abusent de la situation, ceux qui secourent spontanément, il y a les curieux, les intolérants, les cruels, et ceux, nombreux, qui ne veulent rien voir, rien entendre. La misère n'est pas leur problème, et ils préféreraient qu'elle ne s'immisce pas chez eux, même sous la forme de cette jeune femme à l'allure digne et inoffensive...
Pendant une grande partie du roman, Ines (car c'est ainsi qu'elle se fait appeler) n'est donc que le catalyseur qui révèle, par l'intermédiaire de la vision que nous donne d'elle les individus qui l'ont rencontrée, ces divers aspects de l'humanité.
Là où le bât blesse, c'est que le ton de l'ensemble est uniforme. Le changement d'interlocuteur n'induit pas de changement de style. Le chauffeur routier, l'assistante du réalisateur, le professeur à la retraite, le chasseur, l'héroïne elle-même (puisque dans la dernière partie du roman, c'est elle qui prend la parole), et j'en passe... : tous s'exprime de la même manière, déroulant des faits avec une sorte de froideur analytique, qui dans un premier temps surprend, puis qui finit par lasser. Je trouve de plus que cette monotonie nuit à la crédibilité du récit.
Je suis tout de même allée jusqu'au bout de "Donne-moi le monde", car heureusement, c'est un roman qui se lit rapidement, mais mon intérêt m'a quant à lui abandonné bien avant la dernière page !
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