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[Pastorale américaine | Philip Roth]
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ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
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Localisation: Mérignac


Posté: Jeu 04 Nov 2010 13:03
MessageSujet du message: [Pastorale américaine | Philip Roth]
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« Pastorale américaine » est le premier des trois romans qui composent La trilogie américaine de Philip Roth… et c’est celui que j’ai lu en dernier !
J’ai en effet découvert cet auteur avec « La tache » il y a quelques années, lecture qui m’avait laissée quelque peu perplexe, dans la mesure où cette œuvre, que j’aurais volontiers qualifiée de géniale, m’avait parfois semblée inutilement trop complexe.
Je fus en revanche absolument conquise par « J’ai épousé un communiste », et cette « Pastorale américaine » m’a définitivement convaincue que Philip Roth est bien un auteur incontournable.

Dans ces trois romans, il explore les failles du rêve américain, en mêlant intelligemment l’histoire aux destinées individuelles.

C’est en l’occurrence sur celle de Seymour Levov qu’il s’attarde ici. Petit-fils d’immigrés juifs installés à Newark, New Jersey, Seymour a toujours suscité l'admiration de ceux qui l'ont côtoyé. Sportif doué, individu charismatique, son physique de scandinave lui a valu d'être surnommé "Le suédois" par ses camarades d'études.
Et tout semble lui réussir : marié à une femme belle, aimante et intelligente, père comblé d’une petite Merry, il a repris et développé avec succès l’affaire de son père, spécialisé dans le commerce du gant et vit avec sa petite famille dans la maison de ses rêves.
Et puis un jour, un grain de sable vient enrayer la belle mécanique : devenue une adolescente obèse et contestataire, révoltée par la guerre du Vietnam, Merry se mue en terroriste, provoquant la mort d'un homme, et disparaît…
La vie de Seymour bascule.
En plus de la douleur et de l'angoisse d'un père, il y a l’incompréhension d'un homme face à la terrifiante prise de conscience qu'en dépit de tous les efforts déployés pour se protéger d’un monde dont il avait jusqu'à présent feint de ne pas voir la laideur, personne n'est à l'abri du malheur.

L'acte de Merry symbolise en quelque sorte le tournant que subit la société américaine de cette fin des trente glorieuses. Après les générations qui embrassèrent sans retenue l'idéal de l'"American way of life", participant ainsi à l'élaboration du melting pot, est arrivée celle qui, ne doutant plus de son appartenance à la nation américaine, peuvent se permettre d'en renier les valeurs, et de remettre en cause son hégémonie.
Il faut avouer que l’époque donne du grain à moudre aux flambées contestataires, avec bien sûr la guerre du Vietnam, mais aussi les émeutes raciales (dont Newark, notamment, fut le théâtre) liées à l'apparition du mouvement des droits civiques américains, ou encore, quelques années plus tard, l'affaire du Watergate.
Et pourtant... malgré tous ces événements qui mettent en lumière la vacuité de ses aspirations à vivre comme un "américain modèle", en dépit de la prise de conscience de sa solitude et de sa vulnérabilité, jamais Seymour ne se défera de sa façade d'homme toujours conciliant et égal à lui-même, de mari fiable et de patron exemplaire. Sans doute parce qu'il s'agit là de la seule façon pour lui de survivre ?

Avec l'histoire du suédois, Philip Roth aborde des problématiques à la fois individuelles et universelles telles que la solitude inhérente à la condition humaine, la peur de la mort, de la vieillesse et de la maladie, tout en ne perdant jamais de vue l'influence que les mutations sociétales et les soubresauts de l'histoire peuvent avoir sur la trajectoire des destins personnels.

http://bookin-ingannmic.blogspot.com/


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Mariecesttout



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Messages: 149


Posté: Mar 15 Oct 2013 22:34
MessageSujet du message:
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Lecture trop ancienne pour écrire un vrai commentaire, mais en tous points d'accord avec vous..
C'est , pour ma part , dans cette trilogie américaine, le roman que j'ai préféré . Peut être parce qu'il aborde un sujet tellement complexe, le devenir de nos enfants, quel que soit notre bon vouloir à leur sujet. Cette sensation d'impuissance..

Il me reste cet extrait, recopié, que j'aime beaucoup:


On lutte contre sa propre superficialité, son manque de profondeur, pour essayer d’arriver devant autrui sans attente irréaliste, sans cargaison de préjugés, d’espoirs, d’arrogance; on ne veut pas faire le tank, on laisse son canon, ses mitrailleuses et son blindage; on arrive devant autrui sans le menacer, on marche pieds nus sur ses dix orteils au lieu d’écraser la pelouse sous ses chenilles; on arrive l’esprit ouvert, pour l’aborder d’égal à égal, d’homme à homme comme on disait jadis. Et, avec tout ça, on se trompe à tous les coups. Comme si on n’avait pas plus de cervelle qu’un tank. On se trompe avant même avant même de rencontrer les gens, quand on imagine la rencontre avec eux; on se trompe quand on est avec eux; et puis quand on rentre chez soi, et qu’on raconte la rencontre à quelque un d’autre, on se trompe de nouveau. Or, comme la réciproque est généralement vraie, personne n’y voit que du feu, ce n’est qu’illusion, malentendu qui confine à la farce. Pourtant, comment s’y prendre dans cette affaire si importante- les autres- qui se vide de toute la signification que nous lui supposons et sombre dans le ridicule, tant nous sommes mal équipés pour nous représenter le fonctionnement intérieur d’autrui et ses mobiles cachés? Est-ce qu’il faut pour autant que chacun s’en aille de son côté ,s’enferme dans sa tour d’ivoire , isolée de tout bruit, comme les écrivains solitaires, et fasse naître les gens à partir de mots, pour postuler ensuite que ces êtres de mots sont plus vrais que les vrais, que nous massacrons tous les jours par notre ignorance? Le fait est que comprendre les autres n’est pas la règle, dans la vie. L’histoire de la vie, c’est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C’est même comme ça qu’on sait qu’on est vivant: on se trompe. Peut être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et continuer, rien que pour la balade. Mais si vous y arrivez, vous..alors vous avez de la chance.
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