Déchirer l’anonymat d’un homme hanté d’élans et de gouffres, même vu de dos, c’est prendre le pouls de la démesure, c’est tâter la grandeur dans la décadence. Stéphane Eugerval-Edo est un Polonais réfugié en France en 1942, dans un ancien palace ardéchois, la Cour des Miracles, devenu asile. Il rencontre Andrée, jeune et jolie veuve esseulée, mère d’un petit garçon, Simon. Le récit part dans le vif du père défunt, sur les chapeaux de roue d’une vieille Hotchkiss. Le narrateur n’est autre que son fils cadet, Mietta, qui tente de reconstituer le puzzle d’une existence chahutée restant à inventer. Eugerwicz, avant d’épouser Dédée et la nationalité française, fait du marché noir avec les Allemands, les maquisards, sans vergogne, avec à la clé l’enrichissement sans aucun état d’âme. Le petit Polonais est aussi un flambeur, amoureux d’Andrée, soucieux de sa liberté de mouvement. Il invente sa vie parfois dans l’instant, opportuniste en diable, emporté et généreux. La Libération, les années cinquante entraînent le clan Eugerwicz du faste au déclin, des bibis aux bobos, de la vie à la mort.
Le lecteur aimerait bien s’arrêter pour reprendre haleine mais le récit défile comme la vie se délite. Un petit homme de dos peut être grand de face quand il affronte les revers de la vie. Stéphane Eugerval-Edo n’en sera pas privé, des revers et des claques. Jusqu’où acceptera-t-il de descendre dans son estime avant la chute finale ? Qui vivra verra dirait le petit Polonais.
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