Gens de Belfast
Gerry Adams est un homme politique connu, ce recueil, victime d’une censure déguisée de la Haute Cour de Dublin est paru, grâce à une maison d’édition basque, qu’il en soit remercié. Ce livre n’est pas une œuvre à proprement parlé politique, mais il ne peut pas non plus être apolitique vu le parcours de l’auteur.
Nouvelles tristes, pleines de vie, d’humour ou d’espoir. Le petit monde catholique de Belfast vu par un des leurs. A noter une photo marquante page 30, une femme aux cheveux gris, sécateur en main taille la haie de son jardin, au pied de cette clôture, un soldat britannique, qui pourrait être son petit-fils, est assis fusil au poing, pas spécialement rassuré.
Petites médisances entre amies pour «Voici ce qu’elle me dit », problèmes administratifs dans «Lundi matin» où un homme se voit priver de ses droits car son fils de 16 mois en a maintenant subitement 16 ans. « La rue » raconte l’espèce de jeux qui oppose un clochard au vigile d’une banque, qui ne veut pas que son directeur le voit là.
Textes très courts, rarement plus de 10 pages, les problèmes de l’Irlande du Nord ne sont jamais bien loin comme dans «Guerre civile» qui décrit le combat larvé entre un frère et une sœur, vieux célibataires vivant ensemble qui se déchirent au sujet des Troubles, ou «La rebelle» et «Grand-mère Harbison»
La prison sert de toile de fond dans «Des souris et des hommes », «La révolte» et «Shaune» très beau texte sur l’amour entre un homme (Gerry Adams lui-même ?) et son chien. La famille, le chômage, le jeu, la religion, l’alcool et l’IRA évidemment, ces choses qui font le Belfast au quotidien, sont également évoqués avec beaucoup de pudeur
«Les montagnes de Mourne» est un chant d’espoir : deux hommes, un militant des droits civiques et un Orangiste vont vivre une semaine dans le même camion ; livrant de la bière et de l’alcool, à Belfast ou dans les campagnes, dans les quartiers protestants ou dans les villages catholiques. Une livraison un soir de Noël, un peu trop de whiskey et une amitié naîtra, car comme le dit la dernière ligne du texte :
-Ce n’était pas un mauvais type pour un Orangiste !.
Une écriture classique, un peu de la vieille école, mais une lecture facile et des nouvelles de bonne qualité, toutes intéressantes. A découvrir.
Éditions : Gatuzain.
Titre original : The Street & other stories.
http://eireann561.canalblog.com/
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