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[La Voleuse de livres | Markus Zusak]
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Max





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Posté: Mer 23 Jan 2008 15:03
MessageSujet du message: [La Voleuse de livres | Markus Zusak]
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Interpellée par le titre de ce livre tombé entre mes mains grâce à Flo, je fus encore plus intriguée par sa quatrième de couverture où je découvris qu'il était question «d'une fillette, de mots, d'un accordéoniste, d'allemands fanatiques, d'un boxeur juif, et d'un certain nombre de vols», le tout conté par La Mort en personne ! Une mort pince-sans-rire («Je n'ai pas de faux, ni de faucille. Je ne porte une robe noire à capuche que lorsqu'il fait froid. Et je n'ai pas cette tête de squelette que vous semblez prendre plaisir à m'attribuer.»), omniprésente et omnisciente, qui n'hésite pas à révéler dès le début du livre son dénouement : «Evidemment, c'est très impoli de ma part. Je suis en train de gâcher non seulement le dénouement du livre, mais la fin de ce passage particulier. Je vous ai annoncé deux événements, parce que mon but n'est pas de créer un suspense. Le mystère m'ennuie. Il m'assomme. Je sais ce qui se passe, et du coup vous aussi. Non, ce qui m'agace, me trouble, m'intéresse et me stupéfie, ce sont les intrigues qui nous y conduisent.» La Mort en fait d'ailleurs parfois un peu trop, notamment dans le prologue, inutilement grandiloquent et qui pourrait rebuter certains lecteurs. Je la préfère plus sobre, quand en quelques phrases dites en aparté, elle recontextualise son histoire et assène ainsi, l'air faussement détachée, une baffe au lecteur qui se laissait gentiment bercé par l'apparente indolence du récit :
«ETAT NOMINATIF ABREGE DE 1942
1. Les juifs désespérés – leur âme dans mon giron, tandis que nous nous tenions sur le toit, près des cheminés fumantes.
2. Les soldats russes – n’emportant que peu de munitions et comptant sur celles des morts et des blessés.
3. Les cadavres détrempés échoués sur le sable et les galets d’une côte française.
La liste est encore longue, mais j’estime pour le moment que trois exemples suffisent. Avec ces trois exemples, vous avez déjà dans la bouche le goût de cendres qui définissait mon existence cette année-là.»
La Mort parsème ainsi le récit de courtes incises, un peu comme des commentaires que l'on griffonnerait dans les marges d'un livre, les marges dune vie, donnant ainsi tout à coup une autre dimension au récit.

Mais que la narratrice soit La Mort elle-même n'est pas la seule incongruité de ce livre. En effet ce récit tire l'essentiel de sa force de la confrontation de deux regards sur l'Histoire (avec un grand H) lors dd l'une de ses périodes la plus trouble (l'Allemagne en 1939) : le regard d'une petite fille de 10 ans, Liesel, qui ne sait rien, et celui de La Mort, par définition omnisciente. Pas de faux suspense : La Mort annonce d'entrée de jeu que, malgré leurs trois rencontres, Liesel survivra à la guerre, et qu'elle a rarement rencontré âme aussi belle. Et c'est de cela qu'elle témoigne.

Les 530 pages du livre ont donc pour fil rouge l'histoire de Liesel. Après que La Mort eut emporté son petit frère et que sa mère l'eut abandonnée, Liesel est placée au sein d'une famille d'adoption, entre une mère (Rosa) autoritaire et un père (Hans) accordéoniste. Liesel grandit donc rue Himmel, le quartier le plus pauvre de Molching, petite bourgade près de Munich. Sa vie est rythmée par l'école, les engueulades de Rosa, les parties de foot, les rapines pour combler le creux des ventres, la camaraderie amoureuse du petit voisin, la tendresse de Hans, l'apprentissage de la lecture grâce au manuel du parfait fossoyeur, les jeunesses hitlériennes, le défilé des juifs en partance vers Dachau, les bombardements... C'est une histoire simple et limpide, c'est la petite histoire de petites gens pendant des années de guerre et d'horreur. Mais surtout, ce roman est un hymne à la vie qui nous offre une autre vision de cette période de chaos. Car au delà des drames, de la perte et de la destruction, la petite Liesel, à la fois forte et fragile, n'aura de cesse de se construire et d'apprendre.

La Voleuse de livres est un beau récit, habité par le talent narratif de l'auteur : la structure du récit est inattendue, la narration fluide, les rebondissements nombreux, les personnages formidables, le ton, parfois ironique ou faussement naïf, n'est jamais trouble, choquant ou morose malgré les thèmes abordés (le nazisme, la mort...). Seul bémol, le style un peu “léger”. Toutefois Markus Zusak a réalisé une fable singulière qui envoûte par son originalité. La Voleuse de livres célèbre l'amour de la lecture, les liens familiaux, la solidarité. Cette histoire de douleur et de fureur est avant tout un récit lumineux, une histoire universelle et humaniste où il est question d'amour, de résistance, de reconstruction et de résilience.


le cri du lézard


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