[Meurtre à l'hôtel du Bosphore | Esmahan Aykol, Alfred Depeyrat (Traducteur)]
Semel in anno (licet insanire) me voici à annoter un policier turc... Dans le cas d'espèce, il s'agirait plutôt d'une enquête turco-allemande menée par une libraire spécialisée en polars. Une synthèse littéraire issue de la célèbre migration turque outre-Rhin, avais-je pensé à tort au départ - alors qu'en réalité les rapports de son auteure avec le pays de Goethe, outre que linguistiques et culturels, ne dérivent pas de la migration et ils me demeurent plutôt inconnus.
J'insiste sur cet aspect, car le principal mérite de ce premier ouvrage (paru en turc en 2001 et auquel ont suivi deux autres enquêtes de l'héroïne-libraire Kathy Hirschel, non traduites en français mais auto-traduites en allemand) est pour moi la mise en exergue d'un nombre remarquable de préjugés, stéréotypes et autres a priori réciproques des Allemands et des Turcs. Une véritable collection de minuscules infamies circonstanciées (on n'en est pas bien sûr à la xénophobie la plus primaire...) ! Sachant quelle est la familiarité (pas seulement récente) de ces deux nations, l'on pourrait clamer haut et fort la maxime : "Si les peuples se connaissaient mieux, ils se haïraient davantage". D'autres caractéristiques agréables du roman : le style léger, dialogique avec le lecteur et humoristique de la narratrice, la précision des détails urbains, sociologiques, ethnologiques, etc. concernant la cité du Bosphore et ses étrangers de passage...
Caractéristiques m'ayant déçu : la traduction que je n'irai pas jusqu'à qualifier de laide, mais je dirais "rugueuse"; la trame proprement policière, dont les rebondissements m'ont paru claudicants, la progression lente et pas vraiment structurée, la quasi révélation (de la solution de l'énigme, s'entend) brutalement assenée 30 p. avant la fin, de façon totalement fortuite et invraisemblable, un tout dernier sursaut d'intelligence de la conclusion apparaissant comme un hoquet à la dernière minute. Un petit hoquet qui fait dire : "Ah! quand même... Plus complexe qu'il ne paraît... Tant mieux" et qui, personnellement, a provoqué instantanément mais in extremis l'ajout d'une petite demi-étoile à ma notation agorienne.
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