Un album de facture extrèmement classique, c'est le style d'André Juillard. J'aime bien son trait clair, ses ambiances aux couleurs subtiles, jamais mornes, ses décors précis, les éclairages et les lieux représentés. Les corps des hommes et des femmes sont impeccablement dessinés, mis à part ses visages qui sont trop durs, carrés. Ils sont peu variés, mais on ne les confond pas car les costumes et les coiffures les distinguent bien au final. Voir par exemple la ressemblance entre Louise et Léna dans "Le long voyage de Léna".
Côté histoire, le scénario est sympa à suivre : les informations ne sont pas apportées de manière linéaire, mais on suit les regards des différents protagonistes. L'auteur procède alors par ellipses, ce qui peut être déroutant au premier abord, mais on comprend rapidement (voir par exemple les techniques scénaristiques de Quentin Tarantino). Pourtant cela ne suffit pas. L'histoire est somme toute assez banale, et surtout la thématique sentimentale la destine à un public bien particulier : pas masculin c'est sûr, et plutôt adulte quoiqu'elle conviendrait à des adolescentes romantiques.
C'est le genre d'album en bibliothèque qui peut être proposé aux lectrices qui lisent rarement de la BD ou qui veulent découvrir progressivement ce mode d'expression. Ce peut être aussi une idée de cadeau pour des personnes cultivées dont on connaît finalement peu les goûts.

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