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[Les enfants de Jocaste | Christiane Olivier]
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Posté: Ven 07 Juin 2024 18:55
MessageSujet du message: [Les enfants de Jocaste | Christiane Olivier]
Répondre en citant

« [Jocaste] peut-elle être laissée dans l'ombre ? C'est pourtant là que Sophocle (et à sa suite Freud) l'avait laissée ; pas totalement, cependant, car si dans la tragédie antique son apparition est brève, le peu de mots qu'elle prononce a pour effet de plonger Œdipe et les spectateurs dans la stupeur :
"Ah ! Puisses-tu jamais n'apprendre qui tu es !"
Jocaste savait-elle donc quelque chose de l'origine d'Œdipe, de la mort de son père, et du crime qu'elle continuait de perpétrer avec son fils ? Jocaste plus coupable qu'Œdipe ? Œdipe, jouet de Jocaste et de son désir ?
La race des Jocastes est-elle éteinte ? Freud n'en dit pas un mot. Pourquoi ce silence à propos de Jocaste ? Silence qui a pu faire croire à l'innocence des mères, mais les mères peuvent-elles échapper à un destin que ne peuvent éviter leurs enfants ?
Histoires qui nous sont contées à nous, psychanalystes, et dont la mère ne paraît jamais absente, ni innocente : éloignement des pères d'auprès de leurs enfants, prôné par les hommes et exécuté par les femmes, seules détentrices du pouvoir éducatif auprès de l'enfant. Laïos absent, Jocaste seule ayant pris toute la place auprès d'Œdipe. N'est-ce pas le tableau classique ? Et ce tableau n'appartient-il pas autant au drame moderne qu'à la tragédie antique ?
Jocaste a-t-elle voulu vivre l'inceste avec son fils ? Les femmes d'aujourd'hui veulent-elles et savent-elles ce qu'elles font en prenant la première place auprès de l'enfant ? Ont-elles connaissance de ce qu'elles déclenchent ainsi chez leurs fils, chez leurs filles ? Ces femmes qui disent le plus naturellement du monde, en parlant de leur fils, "il fait son Œdipe", pensent-elles une minute "et moi, je fais ma Jocaste" ? Si Œdipe est considéré comme le modèle universel de l'homme, Jocaste ne peut-elle pas être tenue pour le mythe éternel de la femme-mère ? » (pp. 11-12)

Durant ma dernière lecture, le soupçon m'était venu que Christiane Olivier eût réservé sa démonstration de la causalité entre la misogynie et la prépondérance du rôle maternel sur le rôle paternel à un ouvrage précédent. Eh bien, cet ouvrage, le voici ! Ce texte fondamental et fondateur, datant de 1980, précise également la position de l'autrice entre la théorie psychanalytique et le féminisme, se révélant paradoxalement beaucoup plus proche autant de l'une que de l'autre qu'elle ne le sera dans _Les fils d'Oreste_. La figure de Jocaste, comme on le voit de cette cit. d'ouverture, est hissée à la fois en mythe ayant la stature d'Œdipe en psychanalyse, et en emblème de la « femme-mère » dans le système viriliste et misogyne. Ce système est défendu également par des erreurs ponctuelles de Freud qu'il n'était pas très loin de vouloir corriger lui-même, dont l'autrice s'efforce enfin de s'affranchir, selon l'ambition de la lutte féministe. Cet ouvrage constitue donc la tentative, d'une très grande ambition, mais d'aussi grande valeur, de reprendre point par point les erreurs de Freud – à commencer par la douteuse « envie du pénis » qui semble beaucoup plus vraisemblable sous forme d'« envie d'utérus »... – afin de créer une théorie du développement de la sexualité différenciée entre garçon et fille, mais sous l'empreinte commune de la prépondérance d'une éducation par la mère réduite à la solitude, dans une spirale entre cause et effet, qui ne semble pourtant pas irrémédiable. En tant qu'analyse du développement de la sexualité différenciée, elle possède tout au long de l'ouvrage un côté critique du corpus psychanalytique mais aussi sa propre théorisation qui, se fondant sur la clinique ainsi que sur sa propre expérience de femme-épouse-mère, parvient brillamment à retracer les étapes d'un tel développement de façon chronologique, depuis la naissance jusqu'à la parentalité. Si la misogynie est démasquée et dénoncée partout – dans le développement de l'homme et de la femme, dans la structure familiale, dans l'organisation sociale comme dans la psychanalyse – le côté sociologique de la critique de la famille viriliste n'occupe dans ce livre que le dernier chapitre, et là encore, uniquement sous l'angle de l'actualité du mythe antique par rapport à la famille moderne caractérisée par l'absence du... père-Laïos.
Dans le long exposé des dégâts provoqués par l'éducation du petit garçon et de la petite fille par la mère-Jocaste, on peut avoir l'impression que c'est la maternité elle-même qui est visée, et que toute femme un tant soit peu conscientisée, à l'instar de ce que soutenaient les féministes radicales de l'époque, devrait a minima refuser la maternité, mais sans doute aussi considérer sérieusement l'abandon de l'amour hétérosexuel... Pourtant son propre témoignage ne va pas du tout dans ce sens. C'est dire néanmoins que le curseur est beaucoup plus orienté vers le féminisme dans cet ouvrage que dans celui que j'ai lu auparavant et qui lui est postérieur d'environ 15 ans. Et les raisons de cette radicalité, je le répète, en sont purement psychanalytiques, malgré les erreurs de Freud et le silence de ses disciples... Mais justement le chap. conclusif est là pour nous rappeler que non, ce n'est qu'un type de maternité qui est visé, non la maternité, que le modèle psychanalytique, aussi éternel que puisse paraître la construction fondée sur la tragédie de Sophocle et donc aussi gravée dans le marbre que soit la misogynie, sert d'explication à une réalité qui est malgré tout dépendante d'un contexte historique et sociologique susceptible d'évolution. Pas de déterminisme donc, ni dans le progressisme ni dans le conservatisme. Les ouvrages postérieurs auront eu au moins le mérite de le rappeler.



Cit. :


1. « Si Sophocle avait marqué une différence, Freud s'était révélé impuissant à l'expliquer correctement, et finalement il en conclut : "Dans l'ensemble, on doit avouer que notre intelligence des processus de développement chez la fille est peu satisfaisante, pleine de lacunes et d'ombre."
Notre surprise est grande : est-ce le même homme qui parle, celui qui a tant voulu établir la symétrie de départ entre fille et garçon ? Il reconnaît donc, d'une part, que de symétrie il n'y a pas d'un sexe à l'autre et, ensuite, que de l'évolution de la fille il ne sait rien. À partir de ces deux constatations, il va se poser des questions :
"Nous avons une autre question : que réclame la petite fille de sa mère ? De quelle nature sont ses buts sexuels à l'époque du lien exclusif à la mère ?"
"La phase de lien exclusif à la mère, qui peut être nommée pré-œdipienne, revendique ainsi chez la femme une importance bien plus grande que celle qui lui revient chez l'homme."
"Le complexe d'Œdipe de la petite fille recèle un problème de plus que celui du garçon. Au début, la mère était, pour l'un comme pour l'autre, le premier objet et nous n'avons pas à nous étonner du fait que le garçon le conserve pour son complexe d'Œdipe. Mais qu'est-ce qui amène la petite fille à y renoncer, et à prendre pour cela le père comme objet ?"
"Il en va tout autrement pour la petite fille. Elle avait pour objet premier sa mère : comment trouve-t-elle son chemin jusqu'au père ? Comment, quand et pourquoi s'est-elle détachée de sa mère ?"
En voilà brusquement des questions, en voilà des pistes ouvertes pour vos successeurs à venir ! » (pp. 42-43)

2. « … Ainsi Freud dit que la petite fille se heurte à la difficulté "de changer d'objet sexuel, en passant de la mère au père, mais nous pouvons penser que la petite fille n'a pas à changer d'objet, parce que pour commencer elle n'en a pas."
Je ne suis pas la seule à penser qu'à aucun moment le sexe du bébé ne saurait être indifférent au regard du désir de l'adulte éducateur et que de cette confrontation entre une libido infantile dirigée vers la satisfaction auto-érotique de la part du bébé et une libido parentale fortement génitalisée, va s'établir la constitution mâle ou femelle de l'individu.
Le fait que la même mère, de sexe féminin, s'occupe du garçon et de la fille suffit à donner naissance à une dissymétrie fondamentale entre les sexes ; l'un, le sexe mâle, ayant un objet sexuel adéquat dès sa naissance, l'autre, le sexe femelle, n'en ayant pas et devant attendre la rencontre avec l'homme pour découvrir la satisfaction ; et il est hors de doute que l'insatisfaction marque profondément le caractère de la femme. La symétrie entre sexes s'avère impossible dès l'origine, face à la mère, et cette différence engendrée au berceau deviendra divergence difficile à assumer entre hommes et femmes à l'âge adulte.
[…]
Par rapport à la théorie freudienne de l'Œdipe structurant de la personne, la petite fille ne peut pas se structurer, elle ne peut le faire que d'une autre manière et sans recours à la fixation au sexe opposé. Dans un premier temps le corps, le sexe de la fillette n'est désiré par personne.
Freud a-t-il eu peur de sa propre découverte ? Car c'est en reprenant ses propres argumentations, c'est en suivant sa logique que nous aboutissons à l'évidence que la fille n'a pas de premier objet d'amour, car rares sont les pères qui vivent à la maison pouponnant leur fille. Disons donc que de femmes œdipiennes qui auraient eu pour objet d'amour premier le père, nous n'en connaissons pas, ou pas encore. Nous ne connaissons que des filles ayant vécu avec la mère une relation dépourvue de désir et ayant bifurqué plus ou moins tardivement vers le père.
Le "nouvel homme" réclamé par les féministes, celui qui ne refusera plus de paterner son enfant, engendrera sans doute un "nouveau fils", mais surtout une "nouvelle fille" qui trouvera dès sa naissance un "objet sexuel" adéquat et ne sera plus poursuivie par les démons de l'insatisfaction, pour n'être rassurée qu'à coup de perfectionnisme. » (pp. 58-59)

3. « Et si les premiers mois de dépendance et de symbiose mère-enfant paraissent receler mois de problèmes pour le garçon que pour la fille, il n'en sera pas de même pour la période suivante d'opposition anale et d'affirmation de soi. Les difficultés seront alors du côté du garçon qui devra se défendre là du fantasme maternel de complétude pour acquérir son indépendance, indépendance que le mère elle-même ne souhaite qu'à demi.
La femme a inconsciemment du mal à renoncer au seul mâle qu'elle ait jamais eu avec elle : son père lui ayant fait défaut et son mari étant le plus souvent absent.
Le petit garçon doit surmonter là une difficulté supplémentaire (non décrite par Freud), car il doit s'échapper de l'Œdipe contre sa mère qui ne veut ni qu'il s'éloigne ni qu'il la quitte. C'est là que commence la plus longue et la plus subtile des guerres contre le désir féminin, c'est là que le garçon entre dans la guerre œdipienne des sexes. Avec sa mère.
[…]
N'est-ce pas à cause de ce désir venant de la mère que le garçon reste "petit" si longtemps par rapport à la fille du même âge, et ne voit-on pas à travers les tests un écart de maturité considérable entre les sexes jusqu'à la puberté et même au-delà ?
[…] L'enfant mâle traverse là un moment difficile dont il gardera toujours la trace sous forme de terreur de la domination féminine.
Il semble que le fameux "piège" évoqué si souvent par l'homme sera celui de la symbiose avec la mère vue comme "emprisonnante". Symbiose, psychose ? En tout cas "prison" qui déclenchera chez l'homme la panique devant toute symbiose avec toute autre femme. Ne plus jamais se retrouver confondu au même lieu, dans le même désir que celui de la femme : tel sera le principal moteur de la misogynie de l'homme.
Tenir la femme loin de lui, la maintenir dans des lieux uniquement prévus pour elle (famille, éducation, maison) sera l'objet premier de la guerre masculine. Interposer toujours entre elle et lui une barrière ou physique ou sociale, s'opposer à son désir de n'importe quelle façon, garder la distance par tous les moyens sera l'obsession principale de l'homme. Même son comportement sexuel s'en trouvera inflencé : il en raccourcira d'autant les gestes et les mots qui peuvent lui rappeler quelque chose de la tendresse symbiotique avec la Mère. » (pp. 61-62)

4. « Tout le monde sait qu'il ne suffit pas d'être une fille pour être reconnue telle, il faut sans arrêt rajouter des preuves de féminité qui n'ont souvent rien à voir avec le sexe : "Le garçon est désiré pour lui-même (…). La fille est désirée – si elle l'est – selon une échelle de valeurs (…) :
- les filles sont plus affectueuses (…),
- elles sont plus reconnaissantes (…),
- elles sont mignonnes et coquettes (…),
- elles aident aux tâches domestiques (…)" [E. Gianini Belotti]
Somme toute, la petite fille est acceptée "fille" pour mille raisons qui ne tiennent jamais compte de son sexe réel, elle est reconnue "fille" sous condition, alors que le garçon est reconnu garçon uniquement à cause de son sexe. La fille a toujours des preuves à fournir de sa féminité ; comment, à la suite de cela, les femmes ne seraient-elles pas hantées par la nécessité d'afficher les signes de cette féminité ? Dure existence de celle qui se croira obligée de prouver à vie qu'elle est bien une Femme ! Femme qu'elle-même n'est jamais vraiment sûre d'être puisque son identité sociale n'a jamais paru tenir à son sexe physique.
Douloureux dilemme où « l'identification » (l'être-comme) prend le pas sur « l'identité » (l'être-soi) et où le « faire-semblant » prend la place de « l'authentique ». Identité mise en difficulté par l'absence de désir venant de l'autre sexe, identification mise en péril par la difficulté de percevoir son corps comme semblable à celui de la Mère, tels sont les deux écueils que rencontre la petite fille sur sa route.
Le drame de la fillette est que son corps n'est 'comme celui de personne'. Elle n'a ni le sexe du père, ni les formes de la mère (qui a des seins, une taille fine, des hanches, une toison pubienne). La petite fille se voit nue, plate et fendue, ressemblant à ces poupons asexués que l'on vend dans les magasins. Ce qui est « comme » existe pourtant bien chez la petite fille, mais se trouve caché à son regard, tout au fond de sa fente. Et nul ne lui en parle jamais de ce clitoris, seul repère sexuel comparable à celui de la mère. Ce clitoris si revendiqué par les féministes, si décrié par les machistes [...] » (p. 67)

5. « Dans un premier temps, on l'empêche de vivre sa sexualité de petite fille, pour qu'elle soit un "petit ange". Que fait un ange ? Il vit là-haut, très haut, dans le ciel, seulement en esprit, et nous retrouvons la petite fille du côté de la Sublimation, cette Sublimation dite si absente chez les femmes est incroyablement présente dans la vie de la petite fille : les petites filles dessinent beaucoup mieux que les garçons, écrivent des poésies beaucoup plus belles, inventent des pièces de théâtre beaucoup plus vivantes que ne le font les garçons...
Seulement, dans un deuxième temps, on va leur inculquer (lors de la puberté surtout) le culte du corps-objet-pour-plaire, de la maternité à prendre comme but et les petites filles devenues femmes changeront de but et perdront le goût de la sublimation.
Que voulez-vous, l'homme n'attend pas de la femme qu'elle lui parle (sa mère lui en a assez dit...), mais qu'elle jouisse "grâce à lui", et qu'elle enfante par son "intermédiaire". Il n'a rien à faire des sublimations de sa femme ; la seule admise, la seule recommandée, est celle qui a trait aux sciences de l'éducation, de la psychologie […]. Finalement la Sublimation, inexistante aux yeux de Freud en ce qui concerne la femme, ne m'apparaît pas comme incapacité féminine, mais comme interdiction masculine. La Sublimation, c'est l'homme qui l'arrache à la femme en lui imposant l'enfant. » (p. 104)

6. « Deux attitudes sont possibles lors de la puberté :
D'une part, la fillette se réjouit à l'extrême d'entrer enfin dans le champ du désir (elle a douze ou treize ans) et elle collabore au maximum, elle rattrape le temps perdu, elle en rajoute, elle se met en valeur pour attirer ce fameux regard masculin qui lui apparaît comme la réponse à son éternelle question "suis-je bien une femme ?" […] C'est là qu'éclate de façon visible l'opposition à la mère, car sa fille veut être une femme, mais pas comme sa mère, surtout pas ! Avec celle-ci, elle n'a connu que différence, elle entend continuer.
[…]
D'autre part, la deuxième éventualité possible est l'arrêt brusque, le refus de tout changement, la fillette habituée à la neutralité refuse d'entrer dans le champ coloré des signes sexués et du désir, et elle hésite longuement devant la couleur "femme". […]
Cette femme, elle l'a trop détestée pour souhaiter en devenir une à présent et elle barre tout signe de féminité, elle peut même aller jusqu'à l'anorexie, car en refusant de manger elle empêche pour un temps le corps de continuer sa course, les seins de se développer, les règles d'apparaître... En général, ces jeunes filles font preuve d'une réussite intellectuelle disproportionnée par rapport à leurs compagnes, prouvant bien par là que le transport de la libido sur le corps ne s'étant pas fait, elles sont du côté de la sublimation. » (pp. 107-109)

7. « Par-dessus la grande peur "anale" de l'homme et par-dessus la grande demande "orale" de la femme vient se greffer le rêve de l'Amour. D'un même pas, ils vont à la recherche de la Symbiose perdue. Du même élan, ils vont vers la Rencontre "dangereuse", rappel de celle qui fut autrefois avec Jocaste.
[…]
Si les fantasmes dus au principe de plaisir nous ont facilité la rencontre avec l'objet, le principe de répétition va tendre à rapprocher cet amour-ci du premier choix d'amour qui fut la mère et ce ne sera pas toujours une réussite. […]
Ce qui va créer des difficultés dans la vie à deux, c'est la persistance involontaire de comportements autrefois destinés à "une autre" et qui, par voie du transfert amoureux, viennent ici prendre plce au sein de la relation amoureuse. […] Car comment retrouver la "mère" (nous avons vu que l'homme passe de la mère à la femme, et que la fille passe de la mère à l'homme, pris comme objet de remplacement sexuel) sans que se profile immédiatement l'ombre de Jocaste ? Le piège emprisonnant qu'elle a représenté pour son fils, l'étrange insatiabilité qu'elle a déclenchée chez sa fille ? La crainte d'être à nouveau enfermé (pour l'homme) et la peur de ne pas être suffisamment aimée-désirée (pour la femme) seront les deux constantes présentes dans l'amour, signalant l'immortalité de la marque engendrée par Jocaste au berceau. » (pp. 125-128)

8. « L'existence de la Femme passe par la désacralisation de la Mère, dont le règne a engendré la misogynie de l'homme et la jalousie de la femme. Il peut y avoir une autre famille, une autre éducation, une autre répartition des tâches parentales et sociales, qui permettraient à l'enfant de trouver dès son arrivée au monde un référent de même sexe et un complément de sexe opposé : l'un servant de support à l'identification et l'autre assurant l'Œdipe et l'identité. Tant que la famille restera le lieu des différences entre rôle d'homme et rôle de femme, l'enfant y puisera la graine du sexisme.
Il faut qu'hommes et femmes assument une égalité de rôles dans la différence de sexes, pour que l'enfant puisse concevoir que la différence des corps n'engendre pas la différence des pouvoirs, concept qui sert de base à la guerre actuelle entre hommes et femmes.
[…]
[Excipit :] "Laïos, ne t'en va pas, ne me laisse pas SEULE avec 'lui' face à 'elle', sinon tu le sais bien il ne rêvera que de m'épouser puis de me tuer... Elle ne cessera pas de t'appeler, te chercher pour t'emprisonner, te garder... Laïos, viens, c'est le début d'un autre temps, « l'ailleurs où l'autre n'y sera plus condamné à mort » [H. Cixous] est déjà là et c'est toi et moi qui l'écrivons." » (pp. 191-194)

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