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[Notre paresse - Vice et vertu | Camille Saint-Jacques]
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apo



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Posté: Lun 11 Oct 2010 13:45
MessageSujet du message: [Notre paresse - Vice et vertu | Camille Saint-Jacques]
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Cette monographie récente sur la paresse n'est ni anathème ni apologie. Par une véritable explosion sémantique du terme qui nous mène dans des régions parfois plutôt inconnues - de la malaria en paléoanthropologie à l'inachevé (non finito) chez Michel-Ange (ou à la maladie chez Proust) - le jugement de valeur sur les infinies variantes de la paresse est pourtant bien là, et s'y alternent constamment "vice" et "vertu". Les sauts continuels entre siècles, continents et significations mettent à dure épreuve jusque la plus entraînée des facultés de synthèse, et la lecture en ressent... lourdement. Cela jusqu'à la conclusion, extrêmement synthétique et qui reprend tout l'appareil de démonstration.
Je cède donc à la paresse (c'est le cas de le dire) et, plutôt que de tenter de le reproduire moi-même, citations à l'appui, je vais simplement transcrire intégralement cette brève conclusion en 6 points :

"A - La paresse est partout, dans notre mauvaise conscience comme dans nos désirs, dans la publicité comme dans la démagogie politique. Pourtant, notre époque s'interdit de la penser sérieusement, occultant des siècles de réflexion à son sujet. En fait, nous alternons entre une réprobation pure et simple, reprenant de manière atténuée le discours biblique, et un enthousiasme naïf et bon enfant (Lafargue) qui confond repos et paresse.

B - Eradiquer la paresse est un projet vain. Sans sombrer dans le workaholism, l'activité laborieuse fait partie de l'accomplissement normal de l'individu et a permis un développement fantastique du capitalisme anglo-saxon. Cependant, les gains de productivité obligent la société postindustrielle à travailler moins pour consommer plus. L'heure est à la délocalisation plutôt qu'à l'intensification du travail. C'est cette situation inédite qui renouvelle l'actualité de la paresse.

C - Vivre la paresse est psychologiquement intenable dans une société fondée sur le travail et sur l'anticipation à long terme de nos besoins. En dehors d'un dandysme asocial, la réalité de la paresse au quotidien, c'est la dépression et l'anxiété.

D - La vie de bohème est le seul compromis possible entre travail et paresse. Mais ce choix esthétique, outre qu'il est réservé à une jeunesse cultivée et finalement assez aisée, est un statut transitoire.

E - Contrairement à la fatigue, au besoin de repos ou à l'impuissance, la paresse est un penchant, une façon d'être. Elle ne peut être un projet de vie (on ne devient pas paresseux, on se surprend à l'être plus ou moins), mais gagne à être pensée comme un contraire coopératif plutôt que comme une négativité pure.

F - Il ne faut donc abandonner la paresse ni aux moralisateurs ni aux publicités pour voyagistes. Sa force tient dans ce qu'elle est notre part d'ombre, à la fois intime et universelle, dans ce qu'elle nous rappelle la vanité de notre agitation et invite au recul et à la pondération. Nostalgie d'un paradis perdu mythique qui offrait à l'homme une jouissance sans effort, il nous faut cultiver cette paresse, sans prétendre l'anéantir ou l'idéaliser. A la manière des vanités, c'est une invitation permanente à freiner nos tendances productivistes, notre goût de la performance."

Les vanités (en peinture) ? Tiens, elles étaient absentes, et pourtant combien auraient-elles été à propos... (cf. une de mes lectures précédentes sur le même sujet.)
Voyez. Des thèses pas très hardies, même assez attendues... Beaucoup d'information disparate (parfois un petit peu érudite) qui ne m'aurait certes pas déplu sur un autre sujet, mise dans une structure plus rigoureuse, sans forcément de souci d'éthique, et donc au service de plus d'audace.

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apo



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Posté: Lun 11 Oct 2010 13:50
MessageSujet du message:
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PS: Je sais que ceci ne fait pas du tout "sérieux", mais je suis parfois très influencé, en bien ou en mal, par les couvertures des livres. Celle-ci, et notamment la photo de nu par le célèbre Ferdinando Scianna, me paraît tout simplement MERVEILLEUSE.

(Ainsi, je vous ai révélé mes basses préférences instinctuelles de mâle Cool ) Laughing Laughing
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