[Sam Bot. T. 1, Ca me botte ! ; Non, ça me suffit ! ; La famille Trucidos | Raoul Buzzelli]
Retrouver Sam Bot après des décennies de silence, moi, ça me va ! Les éditions Delcourt reprennent le flambeau du porno de gare des années soixante-dix, soft, of course ! Des fesses et des nibards, « Bordel de bordel ! » et rien de plus ! On devine que Sam est membré divinement, presque priapique malgré la faim lancinante et l’esprit toujours ailleurs. Maigre comme un clou, il fait tapisserie pendant que les femmes brodent leurs fantasmes sur son corps malingre. Jamais de jouissance exacerbée mais un coït verbal à tous les coups. Les jeux de mots sont d’une lourdeur incomparable mais ils en deviennent cul-cultes. Pourtant, on s’esclaffe dans le 1er recueil et la toute première aventure du binoclard pathétique intitulée fort justement : « Ca me botte ! ». Chérubin Love assassine sans état d’âme les très vieilles filles à qui il a donné rendez-vous par petites annonces du cœur. La strangulation des sœurs Rimsy est à mourir : « Oh ! « Amour Brisé » ! Vous allez me faire rougir comme une pivoine ! – P’tite vicieuse, va ! Comment qu’t’as deviné ? » dit-il tout en serrant une corde autour de son cou malingre. Sam Bot est employé des pompes funèbres Mortibus Ratibus mais sa première livraison de cercueils est un fiasco. Viré illico ! Chérubin Love est retrouvé dessoudé dans le placard de Sam. On fait connaissance avec Orchidée, la voisine du dessus et future saute au paf du gars Bot. Arrivent le commissaire Cornard de Scotland Yard, Pear Odor, le majordome puant de l’oncle de Sam, le richissime radin Sir Archibald Bot, collectionneur des reliques d’assassins. La 2e histoire est du même tonneau. Il en sera de même avec les suivantes. La trame est identique. L’ennui ne s’installe jamais et c’est paradoxal. Tout est convenu, caricatural, au ras des pâquerettes mais la loufoquerie de l’ensemble, le burlesque de certaines situations, l’absurdité des réparties soudent un univers délabré mais attachant. Raoul Buzzelli soigne parfois ses dessins, ses cadrages, ses jeux d’ombre et l’œil se délecte au passage. Les corps sont beaux. Orchidée est une belle plante goulue, volubile et attachante. La vie triomphe du mâle d’un simple coup de mamelles balancées en pleine vilaine tronche : « Slomp ! ». « Bordel de bordel, Orchidée ! On peut dire que tu as une tétine qui ne pardonne pas ! » Même Archibald Bot est sous le charme. Avec son gardon qui frétille, il lui ferait bien « le coup du satyre de Mézidon ». Mais de Mézidon, bernique ! Le satyre était impuissant. Sam, lui, est tout puissant pour le grand bonheur des femmes et des bidasses. Une seule question demeure. Pourquoi les éditions Delcout n’ont-elles pas fait une nouvelle traduction du torchon verbeux et incompréhensible du sieur Biélec, trop fier de ce qui aura pu émaner du tout de son cru ? Un exemple parmi tant d’autres extrait du 3e épisode, La famille Trucidos : « Plus véloces qu’à vélos les autos très mobiles à décornardier l’Trucidos forment un anneau pas cipale pour circonvenir la case de l’oncle Archibald… » ; une autre pour la route : « L’automoguide à branques notes sans intérêt d’Archibald conduit l’Cornard d’Archibald à ressort, enfin, la police rejoint un point de la voie ferrée… ». On n’y entrave que pouic et franchement, cette parlature foirée me hérisse les poils du blase.
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