[Cap Horn. T. 1, La baie tournée vers l'est | Christian Perrissin, Enea Riboldi]
La première planche est muette, l’action galopante, le cadrage cinématographique. Trois chercheurs d’or en fuite cavale dans la pampa, la milice aux trousses. Le vieux Duca est blessé à la jambe. L’un des acolytes, Kruger, profite de la nuit pour assommer Duca lors de son tour de garde et s’enfuir avec les 25 kilos d’or. Johannes, le troisième larron part seul à la poursuite du détrousseur, destination Punta Arenas. A cette histoire de Far West en Terre de Feu, somme toute conventionnelle, viennent se greffer avec succès les paysages vides et mélancoliques des terres australes et surtout une approche ethnologique des Indiens fuégiens via un navire marchand français croisant dans le détroit de Magellan. Les regards et les pensées entrelacées des Fuégiens et des marins sont éloquents. Ils disent l’incompréhension réciproque et tous les maux à venir. L’histoire s’ancre dans le dix-neuvième siècle et un espace encore peu souillé, l’extrême sud de l’Amérique.
« Cap Horn » est une belle découverte. Le dessin académique, précis, expressif est remarquable. Les couleurs sont réussies et restituent l’atmosphère des confins. Le décor planté, les personnages posés, l’histoire est forte des multiples vies qui s’entrecroisent, se cherchent, s’évitent. Peu explorée dans les romans, les films ou la bande dessinée et pourtant fascinante, la Terre de Feu est abordée ici avec finesse ; le scénario intelligent laisse entrevoir un potentiel d’une grande richesse.
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