Tranche de vie.
Aucune expression ne décrit mieux l'œuvre de Raymond Carver. Cet auteur américain précocement disparu a vécu au jour le jour et écrit seulement des nouvelles qu'il vendait aux journaux. Interrogé sur la raison de ce choix, il réplique à son interlocuteur qu'il n'a pas les moyens de cesser toute production littéraire pendant un an pour écrire un roman !

Une nouvelle de Carver, c'est un instant de la vie d'un américain moyen, à qui il arrive quelque chose d'inattendu (de son point de vue). On pourrait comparer l'œuvre littéraire d'un Carver à l'œuvre picturale d'un Norman Rockwell, sauf qu'il y a de l'espoir et de la joie dans les dessins de Rockwell, et pas dans les livres de Carver.

Ce recueil n'est pas le meilleur que j'ai lu mais il contient quelques pépites comme l'histoire d'un chômeur harcelé par un démarcheur qui tient absolument à passer l'aspirateur dans son taudis, le témoignage d'un facteur sur les mœurs étranges d'une famille du voisinage où la lettre de cette mère terrorisée qui cherche à échapper à son fils, un dangereux psychopathe...

Une vingtaine de nouvelles, de 3 à 30 pages, quelques instants de félicité, une plongée au cœur de l'Amérique moyenne.

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Alors peut-être avec les tableaux de E. Hopper ? ta note de lecture sur Carver me fait également penser à Richard Ford, et aussi a un écrivain américain dont j'ai lu quelques nouvelles il y a longtemps et qui s'appelle Scheever (j'ai oublié le prénom...) .

J'ai aussi pensé à Hopper mais il représente souvent des personnes seules ou solitaires, alors que chez Carver, c'est plutôt les contacts humains qui sont étudiés.

J'ai aussi pensé aux peintres hyper-réalistes américains ou a toute cette école qui reproduisait, quasi photographiquement, des tranches de vie américaines banales (c'est un mouvement que j'adore bien qu'aucun nom d'artiste ne me vienne à l'esprit).