C’est comme un douloureux poing à l'estomac que nous donne la bande dessinée Auschwitz., elle est l'œuvre la plus complète et connue du transalpin Pascal Croci. La genèse de ce livre, narrée par l’auteur même, nous parle de minutieuses interviews rassemblées par lui et d'autres auprès des survivants (peu, en vérité) de ce que fut l'enfer d'Auschwitz.
Celui à qui on demande si cela vaut encore la peine de se rappeler, 60 ans après, ce qu’a été l'Holocauste pour les hébreux mais aussi pour le reste du monde soi-disant « civil » nous savons de ne devoir aucune réponse. Cela vaut, pour qui éprouve encore quelque doute, la réplique donnée par Maurice Minkowski (un des survivants interviewés par l'auteur) à la question :

" Et combien de temps êtes vous resté dans le silence?
" Cinquante deux ans. Je vous le dis, avant, on ne s'intéressait pas à tout ça... "

Soixante-huit planches (imprimé dans le format original 23x31 en bichromie). Le noir de la mise en page graphique du volume. Le blanc qu’on trouve seulement comme toile de fond du ballon. Le reste est tout gris. Le gris des vêtements usés et de la tenue des prisonniers. Le gris des corps cadavériques déjà squelettiques jetés dans les fosses communes…

...L'accablant et le fuligineux du ciel d'Auschwitz ; un gris qui ne réussit pas à nous faire comprendre où est l'horizon ; un gris qui se casse seulement sous la lumière des lampes juste à la sortie des baraques des déportés ; un gris que tu sens entrer dans la gorge, qui semble d’empêcher de bien respirer, qui t’entre dans l'estomac. Parce que tu sais que le ciel est gris à cause de la fumée des cheminées des fours des crématoires. Parce que tu sais que cette poussière blanche qui tombe du ciel n'est pas de la neige, mais des cendres… et ce ne sont pas encore les tiennes pour une simple question de temps…

Cet album est admirable, tant sur le fond historique que sur le plan du dessin et nous offre à la fin une interview de l’auteur qui explique sa démarche avec croquis, esquisse, glossaire…

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Je ne vais pas faire avancer ta critique avec ce message, car je suis entièrement d'accord avec toi. Dans le domaine des fictions avec un fond documentaire fort, la BD a beaucoup progressé ces dernières années, sous l'impulsion de Marjane Satrapi ou de Guibert (Le Photographe). Il y a eu aussi en 2007 "Un homme est mort" et celle sur Metaleurop.
Spécialement sur la "solution finale", il y a "Fritz Haber" qui est très fort (biographie de l'inventeur notamment du Zyklon B)

Il est vrai qu’après la minisérie télévisée « Holocauste » et après « La liste de Schindler », la fiction n’hésite plus à revenir sur ce passé douloureux, pour en donner des interprétations qui sont ceux des auteurs, nécessairement différentes de celles des historiens. Dans le domaine de la BD, Art Spiegelman nous a en donné un précédent de qualité avec Maus … merci pour les autres références ..