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Notes de lecture pour Nancy Huston

Il y a actuellement 95 notes de lecture correspondant aux livres de Nancy Huston (voir ci-dessous).

[Ames et corps | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 20 Sep 2005
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Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France

Posté: Dim 04 Juin 2006 18:00
MessageSujet du message: [Ames et corps | Nancy Huston]
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Après "Désirs et réalités", c'est le deuxième recueil de textes, d'articles et de conférences que publie Nancy Huston. Un livre indispensable et délicieux pour ceux qui aiment la douce et impitoyable lucidité de la romancière et essayiste.
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[Arbre de l'oubli | Nancy Huston]
Auteur    Message
apo



Sexe: Sexe: Masculin
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Localisation: Ile-de-France

Posté: Dim 10 Sep 2023 21:10
MessageSujet du message: [Arbre de l'oubli | Nancy Huston]
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Dans ce roman, le narrateur s'adresse à la deuxième personne du singulier à une jeune femme dénommée Shayna, qui se trouve à Ouagadougou en 2016. Bien que ce tutoiement désigne Shayna comme le personnage principal, les deux premiers tiers du livre sont constitués par la narration de la vie de deux autres personnages, Joel Rabenstein et Lili Rose Darrington, que l'on finira par connaître le mieux, depuis leur petite enfance et immergés dans leur environnement familial. Shayna tient un journal du Burkina Faso composé de fragments écrits en capitales d'imprimerie, auxquels s'alternent des chap. intitulés par une indication de lieu et une date, depuis les années 40-50 jusqu'à 2016, qui permettent de suivre l'histoire de ces deux familles installées aux États-Unis, l'une juive tchèque, l'autre protestante et très conservatrice, avec leurs dysfonctionnements névrotiques qui se répercutent douloureusement sur Joel et Lili Rose, dont on devine progressivement qu'ils se rencontreront et seront les parents de Shayna.
Mais cette dernière, à partir de son adolescence, prend conscience qu'elle ne leur ressemble pas par la couleur de sa peau : se découvrir métisse issue d'une gestation pour autrui la conduit à une interrogation tourmentée sur ses origines, sur fond de discriminations racistes persistantes. Émergent ainsi dans son identité inquiète plusieurs problématiques sociales irrésolues dans la conscience collective américaine depuis l'après-guerre : l'héritage de la Shoah avec la question de la laïcité juive y compris dans le genre, le problème du puritanisme protestant dans l'éducation genrée des jeunes filles surtout par rapport à la sexualité, l'héritage de l'esclavage et des inégalités raciales, la problématique de la quête identitaire et des rapports de filiation dans le contexte de la GPA, et même la question du spécisme et du sacrifice animal.
Ces prémisses étant posées, il est clair que cet ouvrage peut être lu principalement de deux façons : comme roman philosophique, et comme narration familiale. Dans la première lecture, les personnages sont les objets des problématiques évoquées mais aussi les sujets de la réflexion théorique proposée par l'autrice, car Joel est anthropologue et Lili Rose chercheuse en études de genre. Dans ce genre littéraire difficile, il est parfois malaisé de garder vif l'intérêt du lecteur, par un dosage compliqué entre la dynamique de l'action narrative et la réflexion qui se développe en dehors de la forme de l'essai ; l'on risque de trouver que le texte est un fourre-tout... Quant à la seconde lecture, on peut probablement reprocher au roman de tarder à décoller, surtout tant que les personnages n'ont pas d'histoire commune et que celui qui est désigné comme le principal n'accède pas à sa propre individualité narrative.
Du point de vue stylistique, nous trouvons une variété de registres et de styles, allant de l'ironie jusqu'au tragique, conformément au canon du roman contemporain.



Cit. :


1. « Dans toute l'Europe, lit-elle un jour, les sourcils froncés, on a fait monter les juifs dans les wagons à bestiaux pour les amener à l'abattage. Mais avant de traiter les juifs comme du bétail, on avait traité les bêtes comme du bétail. De quel droit opprimons-nous les animaux ? Après les avoir capturés et soumis, on a forcé les Africains à travailler du matin au soir. Mais avant de réduire les Africains en esclavage, on avait réduit les vaches en esclavage. De quel droit opprimons-nous les animaux ? Abraham était prêt à sacrifier Isaac. En revanche, il est peu probable que le père du bélier eût été prêt à sacrifier le bélier. » (p. 67)

2. « Le suicide, écrit Lilli Rose, est toujours le meurtre d'un soi par un autre. Bien avant son mariage avec Leonard Woolf, Virginia était torturée par des voix dans sa tête ; ces voix commencèrent à la fustiger peu après que ses deux grands demi-frères l'eussent posée, petite, sur le rebord d'une fenêtre pour glisser leurs mains sous sa jupe et la tripoter. Elle se noya à cinquante-neuf ans lorsque les voix, devenues assourdissantes, l'empêchaient d'entendre le vrai monde, et qu'elle eut peur de ne plus pouvoir s'en libérer. » (pp. 180-181)

3. « Quand ils commencent à s'embrasser, il leur semble que l'interaction enivrante entre nature et culture dans leur cerveau les poussera à arracher leurs vêtements en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, mais ce n'est pas ce qui arrive. Vu qu'elle a une biopsie prévue pour le lendemain, et que ce serait sans doute compliqué de réaliser cet examen sur un col noyé de sperme, Lili Rose doit mettre Joel au courant de son état de santé. Consciente du fait que 'dysplasie cervicale' n'est pas l'expression la plus poétique que l'on puisse murmurer à un amant en puissance, elle opte pour la facétie. Joel l'écoute en hochant gravement la tête. Ensuite, comme ils ne vont pas pouvoir faire l'amour, Lili Rose décide de râler. Assise en tailleur sur le canapé en cuir de Joel, toujours vêtue de sa robe rouge, elle déblatère contre les médecins qui, à l'en croire, ne cherchent qu'à culpabiliser les femmes, à mutiler leur liberté et à les transformer en épouses vertueuses et monogames destinées à la seule maternité. » (pp. 209-210)

4. « CETTE FOIS QUANQ LES PROJECTEURS SE RALLUMENT LEUR LUMIÈRE EST ROUGE, D'UN ROUGE QUI FAIT PENSER AU SANG. ON DIRAIT QUE LA SCÈNE EST INONDÉE DE SANG. IMMERGÉES DANS CETTE LUMINOSITÉ SANGLANTE, LE CORPS ARQUÉ OU TORDU, SOULEVÉ, CONVULSÉ, ÉCARTELÉ, UNE CENTAINE DE FEMMES À PEAU MARRON ACCOUCHENT PAR TERRE, ELLES GÉMISSENT ET GEIGNENT, POUSSENT ET TIRENT, RIENT ET PLEURENT, FONT DE LEUR MIEUX POUR S'ENTRAIDER. ON VOIT GICLER D'ENTRE LEURS CUISSES DES GOUTTES DE SANG, DES BÉBÉS, ENCORE DU SANG, DES PLACENTAS.
NOIR.
LUMIÈRE. SERRANT DANS LEURS BRAS LEURS NOUVEAU-NÉS EMMAILLOTÉS, LES FEMMES LEUR PARLENT À VOIX BASSE, LEUR FREDONNENT DES BERCEUSES, LES EMBRASSENT. LA LUMIÈRE EST TRÈS DOUCE.
NOIR.
DANS LE NOIR, LES ENFANTS SONT ARRACHÉS AUX BRAS DE LEUR MÈRE. » (p. 295)
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[Bad Girl | Nancy Huston]
Auteur    Message
BlueSyrinx



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Posté: Mer 28 Jan 2015 20:55
MessageSujet du message: [Bad Girl | Nancy Huston]
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Bad Girl est le récit que la narratrice s'adresse à elle-même, Dorrit, et dans lequel elle retrace ses origines, l'histoire de ses aïeuls, la genèse de ses craintes, de ses passions, de sa vocation d'écrivain.
On y croise des féministes avant l'heure, un couple d'ancêtres sourd-muet et aveugle, des figures bienveillantes et une relation ambivalente avec sa mère Allison, qui confie ses trois enfants à leur père alors que Dorrit n'a que six ans, à la suite de l'adultère de ce dernier et de leur divorce.

La prose de l'auteur m'a plu immédiatement, elle est empreinte de poésie, rythmée, et nous dévoile l'intime de ses protagonistes avec finesse.
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[Bad girl | Nancy Huston]
Auteur    Message
Tchoutora



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Posté: Dim 23 Aoû 2015 18:38
MessageSujet du message: [Bad girl | Nancy Huston]
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"Quels sont les facteurs improbables qui transforment une enfant née dans l'Ouest du Canada au milieu du XXe siècle en une romancière et essayiste bilingue et parisienne?
Connaissant les écueils et les illusions du discours sur soi, Nancy Huston tutoie tout au long de ce récit le foetus qu'elle fut et qu'elle nomme Dorrit, afin de lui raconter sur le mode inédit d'une "autobiographie intra-utérine" le roman de sa vie." (4e de couverture)

J'ai adoré ce récit tout en sensibilité et pudeur, qui fait la part belle aux références littéraires, philosophiques et musicales de l'auteur. Je recommande vivement sa lecture !
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[Bad girl | Nancy Huston]
Auteur    Message
sabine bordon



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Localisation: Belgique

Posté: Mar 10 Mai 2016 9:33
MessageSujet du message: [Bad girl | Nancy Huston]
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"Le viol est traumatisme et non simple violence aggravée, en raison de son sens premier et dernier : lorsque contre le gré d'une femme, un homme dépose son sperme dans son ventre, il fait irruption au moins symboliquement dans sa généalogie, c'est-à-dire dans les histoires qui la relient, à travers sa famille et son peuple, au passé et à l'avenir." (p.38-39)

"La destruction des Juifs est un phénomène si horrifiant, si monstrueux et disproportionné, qu'il a dû t'aider à oublier le projet de ta destruction à toi. Tout se passe comme si, une fois ton cerveau suffisamment développé pour réfléchir, il s'était mis à chercher des analogies et avait fini par choisir celle-là. Ne parlons pas de moi, insiste-t-il. Regarde ce qui leur est arrivé, à eux! "(p.31-32)

"D'où vient le thème juif dans votre travail? te demanderont, plus tard, lecteurs et journalistes.[...], les écrivains n'étant pas responsables de leurs obsessions, ne pouvant à la fois écrire leurs livres et les analyser ; [...]."(p.31-32)

À lire absolument, de nombreux thèmes abordés qui font écho à l'histoire de l'humanité actuelle et passée (Je pense au viol comme arme génocidaire et de colonisation, les Lebensborn) mais aussi à la condition de l'écrivain;
Nancy Huston égale à elle-même délivrant une écriture limpide, honnête et empreinte de justesse.
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[Bad Girl - Classes de littérature | Nancy Huston]
Auteur    Message
Automnale



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Localisation: Montigny le bretonneux

Posté: Dim 22 Fév 2015 8:55
MessageSujet du message: [Bad Girl - Classes de littérature | Nancy Huston]
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Lu d'une traite, ce roman très autobiographique éclaire la personnalité de l'auteur et ses choix d'écriture.
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[Bad Girl - Classes de littérature | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



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Posté: Dim 14 Déc 2014 20:42
MessageSujet du message: [Bad Girl - Classes de littérature | Nancy Huston]
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Nancy Huston raconte son enfance jusqu'à l'époque où elle entre à l'Université aux Etats-Unis. Elle prend le parti de le faire en s'adressant au bébé qu'elle était dans le ventre de sa mère, de la conception jusqu'à l'accouchement, et en l'appelant "Dorrit", sans doute en référence au roman de Dickens mais elle ne s'explique pas sur le choix de ce prénom. A vrai dire, je n'ai pas bien compris pourquoi cette "mise en scène" ; peut-être veut-elle dire ainsi que tout est joué dès cette étape là ? Que le reste n'est que l'accomplissement d'un "destin" qui était déjà tracé ? On voit que l'enfance de Nancy fut mouvementée et que les fréquents déménagements de ses parents l'ont perturbée. Mais tout cela on le savait si on avait lu les recueils de textes de NH (Désirs et réalités, Âmes et corps). J'ai le sentiment que NH remet le couvert en cherchant de nouveaux effets de décor mais pour moi la magie n'opère plus. Je veux rester sur l'effet magique qu'avaient produit sur moi ses premiers romans : la Virevolte, L'empreinte de l'ange, Instruments de ténèbres, Cantique des Plaines, Prodige, Une adoration ... et les 2 recueils déjà cités. En dépit de ses deniers livres moins prenants, Nancy Huston reste pour moi un grand écrivain.
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Auteur    Message
mamoune



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Posté: Dim 27 Nov 2016 14:45
MessageSujet du message:
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Dorrit, le personnage du livre, c'est l'auteur elle-même. Dorrit ne se remettra jamais du traumatisme de l'abandon de sa mère, lui donnant la sensation d'être nulle puisque quittée. Elle se remettra mal aussi des incessants déménagements de son enfance, lui donnant l'impression de n'être de nulle part. Nancy Huston se livre, se raconte mais transpose également ses ressentis avec une analyse sur la question de la famille en général.
Une lecture intéressante.
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[Cantique des plaines | Nancy Huston]
Auteur    Message
kalistina



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Localisation: marseille

Posté: Lun 02 Juil 2007 17:35
MessageSujet du message: [Cantique des plaines | Nancy Huston]
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Ce dont dispose Paula pour retracer la vie de Paddon, qui vient de mourir, ce sont des bribes de souvenirs. Quelques notes presque illisibles. Et un amour sans faille pour ce grand-père qu'elle a pourtant peu connu.

Dès les premières pages, j’ai été frappée par l’écriture de Nancy Huston : elle a vraiment un style à part ! Généralement, les auteurs un peu trop créatifs du point de vue de la forme me dérangent, je n’aime pas les trop grandes libertés avec la langue (petite digression : j’appréhende à ce sujet de lire « verre cassé » d’Alain Mabanckou !).
Mais là, c’est une écriture vraiment très agréable ; elle sort des sentiers battus tout en n’étant pas totalement loufoque, et je trouve que ça contribue à toucher vraiment le lecteur.
L’histoire elle-même est assez prenante. C’est curieux de voir que la narration se fait à la première personne du singulier, et pourtant on ne sait rien de cette Paula. On est, comme elle, obnubilé par Paddon.
C’est drôle comme on s’intéresse à la vie de ce type qui a finalement plein de petites et grandes bassesses. J’ai trouvé ça finalement assez fouillé, en tout cas j’ai apprécié. Je ne suis pas devenue une super méga fan de Huston, mais je la relirai avec plaisir.
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[Cantique des plaines | HUSTON Nancy]
Auteur    Message
mamoune



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Localisation: Ste Foy les Lyon (69)

Posté: Ven 03 Mar 2006 13:32
MessageSujet du message: [Cantique des plaines | HUSTON Nancy]
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Un livre dans le quel on "avance" doucement, Nancy Huston raconte à merveille et on se laisse emporté, captivé par ce récit d'une vie et d'une époque passé : quatre générations d'une famille d'immigrants qui sont venus s'installer dans les plaines de l'Alberta (Canada), entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXè.
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[Cantique des plaines | Nancy Huston]
Auteur    Message
tofdesbois



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Messages: 315
Localisation: Creuse (23)

Posté: Mar 23 Mai 2006 13:49
MessageSujet du message: [Cantique des plaines | Nancy Huston]
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J'ai eu beaucoup de mal à finir ce livre. Avec ses phrases qui n'en finissent pas, ses chapitres tout mélangés. Et puis finalement on finit par accrocher, à aprécier le style, à trouver les personnages attachants, même le héros, qui bat ses enfants, qui trompe sa femme, sous prétexte que lui-même n'a pas atteint ses objectifs et trouve sa vie vide de sens. Sur fond de morale post-coloniale, le lecteur visite de façon désordonnée la vie d'une famille d'immigrants irlandais sur 4 générations.
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[Cantique des plaines | Nancy Huston]
Auteur    Message
brunlours



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Localisation: Thorigné-Fouillard

Posté: Jeu 06 Juil 2006 10:58
MessageSujet du message: [Cantique des plaines | Nancy Huston]
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J'ai bien aimé, mais à force de digrétions et de voyages dans le temps, j'ai un peu perdu le fil du livre; ce qui m'a donné l'impression qu'il tournait un peu en rond. De toute façons, le syle de Nancy Huston suffit à lui seul à surmonter ces quelques problème.
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[Cantique des plaines | Nancy Huston]
Auteur    Message
Ginaluna




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Messages: 283

Posté: Mar 04 Juil 2006 9:32
MessageSujet du message: [Cantique des plaines | Nancy Huston]
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Si j'ai apprécié (et reconnu avec plaisir) cette jeune femme qui écrit sur son aïlleul en le tutoyant, je n'ai pas su pour autant apprécier la vie de cet homme, ce qui m'a conduit, un peu lassée, à abandonner ma lecture aux trois quarts du livre.

Pourtant j'aime la façon d'écrire de Nancy Houston.
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[Danse noire | Nancy Huston]
Auteur    Message
Mes Instants Lecture



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Localisation: Annecy

Posté: Mer 27 Nov 2013 19:32
MessageSujet du message: [Danse noire | Nancy Huston]
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Danse noire... LE livre dont tout le monde parle depuis sa sortie en septembre dernier. De l'Irlande au Canada, guidés par les rythmes obsédants de la capoeira brésilienne, l'auteure nous conduit à travers le destin tourmenté de Milo. Une plume multilingue et polyphonique qui ne manque pas d'originalité et de richesse. Ainsi, vous parlerez québécois, français, anglais et crie mais pas de panique, tout est traduit ! Toutefois, si vous êtes allergique à l'anglais, je vous déconseille ce livre dont la lecture reste, à mon avis, fluide et agréable dès lors que l'on comprend un tantinet la langue de Shakespaere. Parfois écrit à la manière d'un script de cinéma, ce roman m'a néanmoins laissée perplexe et n'a pas toujours su retenir toute mon attention...

Retrouvez mon avis complet ici >>> http://instants-lecture.blogspot.fr/2013/11/danse-noire-attention-deroutant.html

A bientôt
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[Danse noire | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



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Posté: Dim 16 Fév 2014 18:40
MessageSujet du message: [Danse noire | Nancy Huston]
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Moi qui suis (dois-je dire "étais" ?) un fan de Nancy Huston à qui j'ai d'ailleurs emprunté mon pseudo, j'ai été extrêmement déçu par son dernier roman "Danse noire". Il s'étend sur un siècle d'histoire sur 3 continents (Europe avec l'Irlande, Amérique du Nord avec le Québec, Amérique du Sud avec le Brésil) et sur 3 générations. Il est écrit dans 3 langues : le français, l'anglais et le québécois. Et pour en remettre une couche ce roman est sensé être un scénario de film, chaque séquence étant ponctuée d'un "On coupe". C'est un pari gonflé comme souvent chez NH qui cherche en permanence à bousculer les "canons" du roman et qui le fait généralement merveilleusement bien (La virevolte, Prodige, Instruments des ténèbres, Lignes de faille, Une adoration ...). Cette fois-ci je trouve que c'est franchement raté. Les personnages sont tous très atypiques et sont tous confrontés à des situations qui devraient être romanesques mais NH n'a pas envie d'en faire un roman, elle se contente donc de nous "montrer" quelques scènes en nous expliquant en "voix off" que pour les besoins de la production "on ne peur pas se permettre d'en faire davantage sinon on dépasserait le budget". Il y a quelque chose de cynique et de déplaisant dans cette manière de bâcler son propre sujet. Et pourtant nous avons dans ce livre quelques scènes magnifiques qui nous font regretter tout ce que l'auteur n'aurait pas du sacrifier au montage.
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[Désirs et réalités | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



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Posté: Ven 02 Fév 2007 23:05
MessageSujet du message: [Désirs et réalités | Nancy Huston]
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Un recueil de textes (articles, conférences, ...) écrits par Nancy Huston entre 1978 et 1994 (la suite sera publiée dans Ames et corps). Un regard à la fois acéré et humain de l'artiste sur son propre travail et sur le monde, dans une langue remarquable de justesse.
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[Dire et interdire : Eléments de jurologie | Nancy Huston]
Auteur    Message
apo



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Posté: Mer 08 Juil 2009 11:35
MessageSujet du message: [Dire et interdire : Eléments de jurologie | Nancy Huston]
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De cet essai issu d'un mémoire dirigé (il y a plus de 30 ans déjà) par Barthes, l'on apprend un très grand nombre de notions diverses et anecdotiques sur le blasphème (surtout), sur les injures sexuelles et sur les gros mots (moins). La curiosité docte en est satisfaite. Le texte est agrémenté d'un glossaire bilingue (anglais et français) plutôt complet bien qu' "idiosyncrastique" (de l'aveu de l'auteure).
Pour un travail universitaire même vulgarisé, je lui trouve cependant des tares de taille qui m'empêcheront de beaucoup retenir de cette lecture:
1) le flou épistémologique: exposé pas systématiquement historique; pas de cadre théorique en linguistique sauf un schéma d'un K. Büler, bâclé dans l'avant-propos de 2002, sans réf. biblio en bas de page, sans explication; surtout des pages et des pages de psychanalyse complètement dépourvues de contexte et de réf. qui vont jusqu'à rendre peu claires voire peu crédibles les hypothèses avancées (ex. la régression anale liée aux injures - et pourquoi ne pas s'arrêter davantage sur l'oralité plutôt? il y aurait de quoi...);
2) des étymologies fantaisistes, au point de ressembler à de simples jeux d'assonance: ex. les deux "monosyllables" célèbres (et surtout leurs rapports) tirés du lat. "cuniculus" = terrier de lapins;
3) les petites pointes féministes récurrentes, dont on sent bien qu'elles sont valorisées mais sans cesse auto-censurées, peut-être par crainte de l'accusation d'idéologie, finissent par être à peine plus qu'épiphénoménologiques: et c'est dommage;
4) la promesse d'un exposé sur le "bilinguisme scatologique" de l'auteure, et en particulier sur l'analyse des raisons de la différenciation des connotations des gros mots dans les deux langues n'est pas tenue;
5) surtout et en général, une tendance très peu scientifique à énoncer au lieu de démontrer.
Je tente une hypothèse au hasard: la très jeune Nancy Huston de ce premier écrit aurait-elle été plus influencée par le style littéraire de son GRAND maître que par sa rigueur scientifique, et aurait-elle voulu s'en inspirer pour façonner sa propre plume narrative (ne pensant sans doute pas trop à une carrière de recherche)?
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[Dire et interdire : Eléments de jurologie | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



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Posté: Sam 25 Fév 2006 12:28
MessageSujet du message: [Dire et interdire : Eléments de jurologie | Nancy Huston]
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Le premier livre de Nancy Huston, qui reprend son travail de thèse avec Roland Barthes consacré aux jurons dans la langue française. Savoureux et intelligent comme on peut s'y attendre avec NH.
Cette édition est une réédition dans la "Petite Bibliothèque Payot" (2002).
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[Dolce agonia | Nancy Huston]
Auteur    Message
amiread1



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Posté: Sam 29 Sep 2007 19:50
MessageSujet du message: [Dolce agonia | Nancy Huston]
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Tout d abord façon remise des "Césars" ou des "Molieres".

Je remercie Andras de m avoir incité à lire Nancy Huston, sans lui j aurais toujours considéré Nancy Huston (dont je "connaissais" le nom), comme un épigone de ces écrivaines que le catalogue trimestriel de France Loisirs présente comme le "must" du roman anglo-saxon pour ménagères de moins de 50 ans ( Danielle Steel).
Donc révélation. Ce n est pas un roman facile à lire pour un hypocondriaque ; mort, maladie, souffrance physique et morale, déchéance. Nancy Huston part d un postulat: Dieu existe et il est diablement inventif dans ses oeuvres de destruction...Dolce agonia c est une réunion pour un repas de Thanksgiving de vieux amis liés par des évenements communs (amour,profession,travail), ils sont douze, plutot intellos anti -Busch,Nouvelle Angleterre, Boston pas loin ; nous assistons au déroulement du repas ; préparation, les entrées, le découpage de la dinde (l oiseau mort comme l écrit N. Huston), l alcoolisation générale, le café, les discussions...
Insérés entre cette trame un peu systématique, les chapitres courts et pervers d un dieu manipulateur et obscene qui nie tout libre arbitre à ses créatures . Un dieu qui nous dévoile, à nous lecteur, la fin, l échéance finale des protagonistes du repas de Thanksgiving.
Tout est déjà dit dès la naissance ; incrédules nous assistons au grand vortex de la VIE ; Nancy Huston (donc Dieu !) passe en revue tous les évenements heureux et malheureux, toutes les joies et toutes les faiblesses (surtout les faiblesses ...) qui font un tout cohérent de notre destinée.
Chaque personnage voit exposer ses peurs, ses angoisses, ses secrets indicibles, et NOUS, simples voyeurs-lecteurs, sommes les seuls à connaitre ce que Dieu lui réservera comme épreuve finale ; ou une mort rapide et "indolore" ou les affres d une maladie dégradante. ( et c est là que survient la poussée d adrénaline dans le cerveau du lecteur...).
Certaines pages sont vraiment éprouvantes à lire, presque insoutenables, je conseille la lecture de la page 404 aux amoureux des animaux (dont je suis).... (ds l édition Acte Sud).

Un petit aperçu du monologue de Dieu,intitulé:Prologue au ciel.

Ah mes chers humains...Comme cela m enchante de les voir patiner et patauger! Aveugles, aveugles...toujours là à espérer, à tatonner...Voulant croire à tout prix à ma bonté, comprendre leur destin,deviner quels sont mes projets pour eux...Oui les pauvres ils ne peuvent s empecher de chercher le sens de tout cela ! Il leur suffit que je leur ménage une petite rencontre avec la naissance ou la mort et, aussitot, ils sont convaincus d avoir saisi quelque chose.Bouleversés chaque fois. Secoués jusqu à la moelle.


Tout est dit !


PS. (en catimini...). Comment on fait pour écrire (citer par exemple !) en italique ???!!!
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[Dolce Agonia | Nancy Huston]
Auteur    Message
Astazie



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Inscrit le: 14 Avr 2009
Messages: 391
Localisation: Normandie

Posté: Ven 17 Déc 2010 11:34
MessageSujet du message: [Dolce Agonia | Nancy Huston]
Commentaires : 0 >>

Quatrième de couverture:

Voici une histoire dans laquelle notre guide n'est autre que Dieu lui-même, lequel s'est pris pour un romancier et s'est donné pour tâche de nous faire voir vers quel destin s'acheminent à leur insu les personnages.
Douze convives passent ensemble une soirée de Thanksgiving dans l'Amérique profonde, chez Sean Farrell. Parmi eux, on en reconnaît quelques-uns - comme Rachel ou Derek que l'on avait rencontrés déjà dans La Virevolte. Ils sont tous campés avec l'autorité que leur donne une romancière rompue dans l'art de révéler le vertige des pensées et la valse des sentiments, une observatrice impitoyable des attitudes, des gestes et du comportement. Les douze parlent donc de la naissance et de la mort, ils discutent de la vie et de l'amour, ils déballent leurs espérances et leurs désillusions, faisant, au passage, voir le métissage profond de leur société. Mais nous, qui avons été avertis par Dieu-le-romancier du sort qui les attend, nous assistons à leurs conversations et à leurs manèges avec, dans notre conscience, le poids d'une vérité que nous avons reçue mais que nous ne pouvons leur transmettre. D'où une admirable tension narrative qui est bien la plus haute ambition d'un romancier. Et peu à peu apparaît ainsi l'allégorie dans la fresque singulière que brosse Nancy Huston : à l'occasion de cette soirée de Thanksgiving, c'est, en effet, le sens même de la fiction qui nous est proposé, avec les mythes fondateurs de la littérature romanesque.

Mon avis :


Ils sont 12 ce soir-là autour de la table de Sean Farrell, un poète qui se sait atteint d'un cancer incurable. Plus le bébé qui dort là-haut. Sauf Chloé, jeune mère éclopée par une terrible enfance, et quelques autres, ces convives d'origines diverses sont tous bien installés dans le mitan de la vie, ou dans la vieillesse. Une vie dont ils revoient des pans alors que la conversation défile et que la soirée se voit prolongée par une tempête de neige...

Chacun se souvient de sa vie, des épisodes de vie heureuse et ses faiblesses.En effet, Dieu lui-même s'est invité à ce repas, et se permet, en douze inserts souvent tranchants comme la serpe (c'est le personnage le moins tendre de tous) de nous révéler comment se poursuivra, et surtout s'achèvera la vie de chacun des protagonistes.

Ce livre est agréable à lire, il nous entraîne dans une réflexion sur la condition humaine.
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[Dolce Agonia | Nancy Huston]
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kerzu



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Posté: Dim 07 Mai 2006 15:55
MessageSujet du message: [Dolce Agonia | Nancy Huston]
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Ce livre est tout simplement magnifique !
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[Dolce Agonia | Nancy Huston]
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sentinelle



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Posté: Mer 27 Juin 2007 19:34
MessageSujet du message: [Dolce Agonia | Nancy Huston]
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Douze convives qui passent ensemble une soirée de Thanksgiving, cela fait beaucoup de monde autour d'une table.
Ce livre m'a déçu, j'ai préféré de loin "Instrument des ténèbres" du même auteur.
Nous passons sans cesse d'un personnage à l'autre, une sorte de zapping frénétique qui fait qu'on a un peu de mal à distinguer certains personnages.
Pour fan inconditionnel de Nancy Huston. Franchement dispensable pour les autres.
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[Dolce Agonia | Nancy Huston]
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nany




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Posté: Lun 14 Mai 2007 11:01
MessageSujet du message: [Dolce Agonia | Nancy Huston]
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Pour moi ce n'est pas le meilleur Nancy HUSTON!
L'histoire n'avait pas beaucoup d'intérêt pour moi. Chaque personnage a son chapitre, et son destin de dernière heure raconté par Dieu! Tout est ébauché mais c'est tout.
...
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[Dolce agonia | Nancy Huston]
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mamoune



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Posté: Mer 14 Mar 2012 11:21
MessageSujet du message: [Dolce agonia | Nancy Huston]
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Des amis (ou plutôt des personnes qui se connaissent depuis longtemps) se retrouvent pour fêter Thanksgiving. Ils ont quasiment tous plus de la cinquantaine, l'heure où l'on commence a faire un certain bilan "de sa vie". Ils vont le faire ensemble en se racontant leurs souvenir en commun mais également de façon introspective, quand on se parle à soi même et qu'on se laisse emporter à voyager dans ses pensées. Un huit clos que l'écriture de Nancy Huston rend haletant et très vivant, paradoxe intéressant puisqu'elle fait intervenir la mort qui nous raconte comment elle va venir "faucher" chacun des personnages!!
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[Histoire d'Omaya | Nancy Huston]
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ingannmic



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Posté: Sam 22 Oct 2011 11:48
MessageSujet du message: [Histoire d'Omaya | Nancy Huston]
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L'héroïne d'"Histoire d'Omaya" est une jeune fille vulnérable, bousculée par la brutalité des hommes.
Dans ce récit abrupt, pressant, constitué de phrases qui s'entrechoquent, dans un enchaînement a priori sans cohérence, Nancy Huston ne s'attache pas à dépeindre des faits. Pour rendre compte de l'agression -un viol- dont Omaya a été victime, elle préfère s'attarder sur les retentissements profonds, intimes, de l'acte sur sa psychologie, et son comportement. Elle nous fait ainsi ressentir à quel point cette agression est plus qu'une atteinte physique à la personne : elle est aussi et surtout une atteinte à son intégrité morale, qui conduit Omaya à une déstructuration de sa conscience d'elle-même et de sa perception du réel.

Le lecteur est plongé dans une sorte de fantasmagorie de l'horreur issue de l'esprit perturbé d'Omaya, composée de bribes de scènes vécues, déformées ou complètement imaginées. Cette femme, rongée par la peur, des autres, de vivre, en bref, de tout, n'aspire qu'à une chose : la reconnaissance de la violence qu'elle a subie, de son statut de victime. La négation de son supplice, parce qu'elle n'est pas digne de foi, parce qu'elle a toujours été un peu différente -un peu fantasque, excentrique-, lui est insupportable. Elle représente une béance, un vide dans lequel elle ne trouve pas la place d'exister, de se reconstruire.

Les mots, les phrases d'"Histoire d'Omaya" sont porteurs de la détresse de l'héroïne. Nancy Huston parvient à nous imprégner de son mal-être non pas en le décrivant, mais en le faisant s'exprimer, avec brutalité, avec une force et une émotion qui vous serrent la gorge...


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[Histoire d'Omaya | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Sam 04 Nov 2006 15:31
MessageSujet du message: [Histoire d'Omaya | Nancy Huston]
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Un livre déchiré-déchirant de Nancy Huston avec un viol, ou le viol, une violence, la violence comme personnage central.
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[Infrarouge | Nancy Huston]
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ingannmic



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Posté: Jeu 20 Juin 2013 19:43
MessageSujet du message: [Infrarouge | Nancy Huston]
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Rena, une photographe quadragénaire, rejoint à Florence son père, Simon, et Ingrid, la compagne de ce dernier, pour un séjour d'une semaine en Toscane.
Rena est une femme rebelle, indépendante, sexuellement désinhibée, qui a quatre mariages -dont un blanc- à son actif. Son compagnon actuel est un homme beaucoup plus jeune qu'elle, d'origine immigrée, qui a grandi dans un des quartiers difficiles de la banlieue parisienne.
A son arrivée à Florence, elle retrouve un père vieillissant, physiquement diminué, et une belle-mère toujours aussi exaspérante de naïveté.

Le récit, dont Rena est la narratrice, est sans cesse entrecoupée de flash backs. Les visites dans la capitale toscane, la proximité avec son père ravivent en effet des souvenirs plus ou ou moins agréables, grâce auxquels nous reconstituons peu à peu le parcours qui a fait d'elle cette femme au caractère si fort.
Une mère absente, une initiation à la sexualité trop précoce, un père libertaire à l'extrême, qui entre autres lui a fait découvrir les charmes du LSD, une relation malsaine avec son frère aîné... Un parcours a priori invalidant, mais dont Rena a su tirer sa force.
La photographie a aussi été pour elle un moyen d'épanouissement, de révéler le secret des corps, en utilisant des filtres à infra rouge, qui mettent en évidence les réseaux veineux, la chaleur corporelle, les émotions dissimulées, tout ce que l’œil ne discerne pas, mais qui constitue selon elle l'essentiel d'un individu. Elle photographie surtout les hommes, sujet qui la passionne. Hommes du monde entier, haineux, amoureux, effrayés... Le corps de l'homme la fascine, éveille en elle mille fantasmes, et elle en assouvit parfois certains.

A travers les différents événements de son existence, et les rencontres qui l'ont marquée, elle dresse aussi comme un état des lieux de la condition féminine contemporaine. Rena a été mariée à un Haïtien, à un Coréen, à un Sénégalais, à un Algérien... Elle a couché avec des goys excités par son statut de juive, avec des juifs excités par son indépendance de goy, elle a couché avec un professeur excité par son statut d'élève, avec un ami de son père excité par l'innocence de ses quinze ans...

Bon, vous l'aurez compris, tout cela finit par tourner à la démonstration, voire à la caricature...
Si la démarche de Nancy Huston est au départ louable, elle manque cruellement de subtilité et de crédibilité. Son personnage devient au fil du récit comme un cobaye sur lequel elle expérimente toutes les situations perverses imaginables, et cela finit par être lassant. Elle perd ainsi partiellement sa consistance d'héroïne, pour n'être plus qu'une représentation abstraite de la femme comme objet de convoitise sexuelle.
De plus, le stratagème utilisé pour introduire l'évocation par Rena de ses souvenirs, cette amie imaginaire qui lui intime "raconte", comme un leitmotiv, m'a agacé également. Il était dispensable...

C'est la première fois que je suis déçue par un roman de Nancy Huston, auteure dont j'apprécie particulièrement la plume et la polyvalence. Un nouveau titre doit paraître en septembre, dans lequel je place tous mes espoirs...

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[Infrarouge | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Sam 03 Juil 2010 10:12
MessageSujet du message: [Infrarouge | Nancy Huston]
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J'ai du mal à rédiger une note de lecture pour ce livre que j'ai terminé il y a environ un mois. Entre temps, j'ai eu l'occasion d'aller - à Lyon - écouter Nancy Huston parler de son livre. Elle en parle très bien et les 2 jeunes femmes de la librairie Decitre qui l'interrogeaient, également. Comment dire ? Ce livre m'a beaucoup plu et m'a déçu tout à la fois. Essayons de décortiquer cela. J'ai pris énormément de plaisir à la lecture de certaines pages, qui, à elles seules valent vraiment qu'on lise ce livre. Mais je suis déçu par l'ensemble, par le "roman" en tant qu'entité romanesque. Si le personnage central de Rena, photographe, avide d'hommes et porteuse d'un passé lourd de cicatrices est intéressant et riche, je trouve qu'il manque de cohérence, et partant, de vraisemblance. Il est un peu comme le porte-manteau d'un trop plein d'habits que NH aurait voulu lui faire endosser tour à tour, des habits qui viennent en partie d'une garde-robe de photographe-avide-d'hommes-porteuse-d'un-lourd-passé mais aussi, (et peut-être surtout) de la garde-robe personnelle de Nancy Huston. Bien sûr, c'est très souvent le cas dans beaucoup de romans : le ou les personnages portent aussi en partie les oripeaux de l'auteur. Disons qu'ici c'est peut-être un peu trop visible (à la visée infrarouge ?) et cela m'a gêné pour "accepter" le personnage de Réna. Pour finir, je dirai que Nancy Huston est trop intelligente pour être une véritable romancière. Sous le masque de la romancière, c'est la chercheuse en relations humaines qui s'exprime, mais, reconnaissons-le, certaines pages sont absolument magnifiques.
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[Infrarouge | Nancy Huston]
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mamoune



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Posté: Mar 29 Juin 2010 12:41
MessageSujet du message: [Infrarouge | Nancy Huston]
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J'ai eu le grand plaisir de rencontrer et écouter Nancy Huston parler de ce livre. Cela m'a vraiment donné envie de le lire, voilà qui est fait.
Rena la narratrice est une jeune femme qui m'a touchée, au fil des chapitres elle se dévoile et nous raconte son enfance et sa vie d'aujourd'hui. Nancy Huston disait qu'il a des blessures dans notre enfance qui font ce que l'on devient (ou quelque chose du genre), c'est un peu le thème de ce roman, un peu car sont également abordés dans ce livre plein (un peu trop) d'autres thèmes.
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[Instruments des ténèbres | Nancy Huston]
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mamoune



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Posté: Mer 06 Fév 2013 23:59
MessageSujet du message: [Instruments des ténèbres | Nancy Huston]
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Un livre lu quasiment d'une traite que j'ai vraiment beaucoup aimé. Nancy Huston a une très belle façon d'écrire et de nous emmener dans ses histoires.
Ici il y en a deux : Nadia une femme d'une cinquantaine d'année qui écrit un peu son histoire à elle pour faire le point et faire la paix (peut-être) avec ses démons. Mais c'est aussi l'histoire de Barbe et Barnabé des jumeaux nés au XVIè siècle dans une campagne où la vie n'est pas facile du tout.
Et peu à peu évidemment les deux histoires se font écho.
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[Journal de la création | Nancy Huston]
Auteur    Message
kerzu



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Posté: Dim 07 Mai 2006 15:53
MessageSujet du message: [Journal de la création | Nancy Huston]
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Très intéressant cet essai sur la création littéraire et sur les rapports à la création justement dans les couples d'écrivains.
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[Journal de la création | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



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Posté: Sam 04 Nov 2006 15:35
MessageSujet du message: [Journal de la création | Nancy Huston]
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Nancy Huston dans son atelier, face au miroir. Un très beau livre, dense et attachant.
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[L Empreinte De L'Ange (Un endroit où aller) | Nancy Hu...]
Auteur    Message
fabula




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Posté: Ven 17 Fév 2012 22:41
MessageSujet du message: [L Empreinte De L'Ange (Un endroit où aller) | Nancy Hu...]
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Saffie est une jeune allemande qui arrive à Paris en 1957, elle n’a pas 20 ans. Elle se fait embaucher chez Raphaël Lepage, flûtiste dont la renommée deviendra internationale au fil des ans. Le musicien tombe rapidement amoureux de cette jeune femme mystérieuse : elle ne se dévoile jamais, semble toujours absente, vide et ne démontre aucune émotion. Ils se marient, Raphaël est convaincu que sa femme, comblée d’amour, parviendra à renouer avec la vie, mais non : même la naissance de son fils la laisse de marbre.
C’est sa rencontre avec un luthier, Andràs, juif hongrois, qui la sortira du marasme. Ensemble, ils connaîtront la passion, confronteront leur passé, sur fonds de guerre en Algérie. Saffie veut oublier la guerre mais Andràs lui, est engagé, il défend la cause algérienne.

C’est un roman fort, qui mêle adroitement la fiction et l’Histoire, dans un style bien particulier qui n’appartient qu’à l’auteur, le ton est percutant : elle n’hésite pas interpeller directement le lecteur, ou à partir dans des digressions. Elle ravive une zone sombre et sensible de notre histoire française : celle de la guerre d’Algérie et Nancy Houston est sans complaisance. Enfin, L’empreinte de l’ange est aussi un magnifique roman d’amour entre deux être que tout semblait pourtant séparer dès le départ.
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[L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
ingannmic



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Posté: Jeu 19 Nov 2009 13:54
MessageSujet du message: [L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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L’empreinte de l’ange est celle dont nous garderions la trace entre la racine du nez et la lèvre supérieure, laissée par le doigt qu’il poserait sur la bouche de tout être à naître, en signe de silence, pour lui faire oublier le paradis dont il vient, sous peine de quoi il n’accepterait jamais de venir au monde.
Ce n’est pas vraiment le paradis que Saffie, l’héroïne allemande du roman de Nancy Huston, tente, elle, d’oublier, mais plutôt l’enfer, lorsqu’elle débarque à Paris en cette année 1957...
A la recherche d’un emploi, elle répond à une petite annonce et échoue comme bonne à tout faire chez Raphaël, flutiste talentueux et fortuné. Pour lui, c’est le coup de foudre : il est fasciné par cette jeune femme passive et silencieuse, qui ne lui oppose aucune résistance ; il ne s’est pas écoulé quatre mois depuis leur rencontre qu’ils sont mariés, et que Saffie attend un enfant. Mais rien ne semble pouvoir épanouir ni même émouvoir la future maman…

On ne peut pas dire que le personnage de Saffie soit particulièrement attachant. Sa passivité agace, même si l’on pressent le poids de souffrance qu’elle dissimule. Face aux drames que l’Histoire a imposés à son existence, elle a choisi –si tant est que l’on puisse qualifier de choix les mécanismes que l’inconscient met en place pour se protéger- d’adopter une attitude quasi autistique, de se fermer totalement à tout ce qui l’entoure. Et même lorsque la découverte de l’amour la fait sortir de sa coquille, elle reste indifférente aux événements qui agitent le monde autour d’elle. Car l’histoire ne laisse jamais de répit aux hommes : à peine plus de 10 ans après la barbarie de la 2nde guerre mondiale, l’Algérie et la France sont de nouveau le théâtre de l’horreur.
A la distance avec laquelle Saffie perçoit le contexte historique et politique, Nancy Huston oppose l’implication d’Andras, ce juif hongrois qui ne peut tolérer sans agir que l’impensable se reproduise, que la récente tragédie qui a secoué l’humanité n’ait pas servi de leçon… peu importent pour lui l’origine, la nationalité ou les croyances religieuses des victimes d’exactions, son regard et sa sensibilité d’humaniste le poussent à s’engager quelque soit le combat, puisqu’il s’agit de lutter contre l’injustice.

Dans «L’empreinte de l’ange», l’auteure semble vouloir démontrer l’indissociabilité qui existe entre l’Histoire et les hommes, l’Homme faisant l’histoire, les individus la subissant, les destins personnels et les événements historiques s’entremêlant sans cesse.
Nancy Huston sait avec talent happer le lecteur dans son récit. Les mots sont justes, jamais superflus, le ton est direct. Même la relation de situations tragiques est, sous sa plume, dénuée de tout misérabilisme.
Elle sait aussi manier habilement l’ironie et le sarcasme, qu’elle utilise généralement dans le but de fustiger les manifestations de la bêtise humaine.

Une fois de plus, l'auteure de l'inoubliable "Instrument des ténébres" ne m'a pas déçue !
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[L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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melusine170



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Posté: Ven 15 Jan 2010 21:36
MessageSujet du message: [L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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L'histoire est captivante et son sujet intemporel. C'est l'histoire d'un amour fou, d'un amour adultère entre deux êtres que l'Histoire aurait du séparer...
Les dialogues sont justes et précis, les personnages sont d'une grande densité. Le récit est concis, animé d'une énergie empreinte d'émotion et de subtilité. L'issue arrive inéluctablement, laissant le lecteur bouleversé par ce qu'il vient de vivre.
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[L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
pouniette



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Posté: Mar 06 Juin 2006 22:22
MessageSujet du message: [L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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merci, merci beaucoup de m'avoir fait découvrir ce roman, les personnages y sont beaux et attachants (surtout andras) l'ambiance règne avec exactitude sur le temps, merci beaucoup...
un vrai moment de bonheur
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[L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
Larkéo



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Posté: Jeu 17 Juil 2008 22:18
MessageSujet du message: [L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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Une histoire d'amour sur toile de fond politique : un sujet qui ne casse pas trois pattes à un canard, dirait-on. Plus une Allemande avec un Juif ? Oulala bonjour les poncifs ! La guerre d'Algérie, les ratonnades, du drame et du malheur, des amours interdits...
Et pourtant... Pourtant c'est un livre absolument magnifique dans sa simplicité, presque dans le dénuement. Simple, beau et terrible. Lisez-le, point barre.
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[L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
K



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Posté: Ven 11 Juil 2008 20:21
MessageSujet du message: [L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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Une magnifique histoire d'amour entre 2 personnes que tout oppose (une allemande et un juif hongrois après la 2nde guerre mondiale). L'histoire est pourtant intemporelle, le récit est émouvant et bouleversant, et lorsque la fin, inéluctable, arrive, impossible de lâcher le livre des mains...
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[L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
rosaee



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Posté: Mar 13 Oct 2009 16:28
MessageSujet du message: [L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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Je viens de relire ce livre et j'en sors bouleversée. Nancy Huston a une puissance d'évocation telle que son personnage Saffie proche de la folie on la comprend, on voudrait l'aider .
Je relève la fin même si ce n'est pas révélateur :" Tous les vieillards retrouvent un air d'innocence...Le temps miséricordieux vient passer l'éponge sur leur corps et leur esprit....effaçant leurs souvenirs,faisant s'évaporer l'une après l'autre les dures leçons que la vie leur a infligées...il s'agit de recouvrer l'innocence avant de partir rejoindre l'ange."
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[L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
Septentria



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Posté: Mar 29 Juil 2008 17:13
MessageSujet du message: [L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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A la fin des années 50, à Paris, un flûtiste de génie tombe amoureux d'une étrange Allemande, lointaine et figée. Malgré son mariage et la naissance de leur premier enfant, Saffie semble vivre dans un autre monde. Jusqu'au jour où elle rencontre le luthier de son mari, un Juif Hongrois nommé Andras. Ce jour-là, elle s'embrase enfin et les deux amants vont devoir apprivoiser leur passé mutuel...

Ce livre traînait depuis des lustres sur mon étagère, et je l'ai lu en pensant à notre administrateur préféré qui y a tiré son pseudo et dont je sais que l'auteure est l'une de ses préférées! C'est effectivement un magnifique roman, malgré le style auquel je n'ai pas totalement adhéré. Une belle histoire d'amour et de mort, prenante et envoûtante...
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[L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
C-Maupin



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Posté: Jeu 15 Jan 2009 15:18
MessageSujet du message: [L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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Il fallait bien finir par lire ce livre dans lequel notre administrateur a trouvé son pseudonyme !
Aussi quand je l'ai vu chez ma fille, j'ai sauté dessus.
Le début m'a beaucoup plu, c'est superbement écrit, le style détaché, l'ironie légère m'ont attirée.
Ensuite j'ai eu plus de mal, les interpellations au lecteur m'ont irritée, les histoires d'amour ne me passionnent pas, les coups de foudre encore moins.
Mais la fin est époustouflante, les événements liés à la guerre d'Algérie mis en parallèle des atrocités de la deuxième guerre mondiale sont relatés de main de maître et le détachement apparent de l'auteur ne fait qu'ajouter à l'émotion provoquée par ce récit. Dommage de revenir aux protagonistes, quel que soit le drame dans lequel ils sont plongés.

Commentaires de Gérard :
Oui, on se demande souvent ce que vient faire la guerre d'Algérie dans cette histoire, mais c'est vrai que c'est un des aspects les plus prenants de ce roman. Avec ses violences inacceptables, le parallèle avec ce qu'ont vécu les personnages pendant la guerre de 40 prend toute sa signification (mais cela est loin de suffire à réconcilier juifs et musulmans !!). On voit aussi l'émergence du terrorisme en France à cette époque.
Si j'ai bien aimé les originalités de l'écriture et trouvé l'épilogue émouvant et poignant, je n'ai pas apprécié la fin tragique qui précède, trouvant aussi inadmissible qu'insoutenable le comportement d'un homme censé être un maître du contrôle personnel !
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[L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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agglovaldorge



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Posté: Mer 03 Oct 2007 11:13
MessageSujet du message: [L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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Une écriture superbe pour ce magnifique roman d'amour

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Ce livre est lâché par l'équipe de bibliothécaires du Val d'Orge dans le cadre des Chemins de lecture du 13 au 21 octobre 2007.

Ville du lâcher : Ste-Geneviève-des Bois - Date du lâcher : 13/10/2007
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[L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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agglovaldorge



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Posté: Jeu 11 Oct 2007 17:18
MessageSujet du message: [L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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un roman plein d'espoir.

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Ce livre est lâché par l'équipe de bibliothécaires du Val d'Orge dans le cadre des Chemins de lecture du 13 au 21 octobre 2007.

Ville du lâcher : Ste-Geneviève-des Bois - Date du lâcher : 20/10/2007
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[L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
kabuto



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Posté: Ven 16 Fév 2007 22:08
MessageSujet du message: [L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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Une histoire d'amour violente et bouleversante servie par une écriture superbe. Un roman comme j'aimerai en lire plus souvent.
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[L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
borduro



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Posté: Mer 17 Mai 2006 22:57
MessageSujet du message: [L'Empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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ce livre m'a beaucoup émue .on ne peut donc pas se libérer de son passé ni même de celui de ses parents....
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[L'Empreinte de L'Ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
mamoune



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Posté: Ven 03 Mar 2006 13:36
MessageSujet du message: [L'Empreinte de L'Ange | Nancy Huston]
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un livre tout simplement MAGNIFIQUE.
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[L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



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Posté: Sam 04 Nov 2006 22:05
MessageSujet du message: [L'empreinte de l'ange | Nancy Huston]
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Je n'en fais pas mystère : Nancy Huston est un de mes écrivains préférés. J'ai lu toutes ses oeuvres de fiction et plusieurs de ses essais, et presque toujours avec délice. Parmi ses romans, L'empreinte de l'ange est peut-être celui qui m'a le plus touché. C'est en tout cas un très grand roman de Nancy Huston et, à mes yeux, c'est un des grands romans de la littérature contemporaine. Ce roman se passe à Paris avec comme toile de fond (et pas seulement "de fond") la guerre d'Algérie. Deux personnages venus chacun d'un ailleurs vont se rencontrer. Saffie est allemande, et à son arrivée à Paris, elle est quasiment muette. Andras lui est hongrois et exerce son métier de luthier dans un atelier du Marais, à Paris.
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[L'espèce fabulatrice | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



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Posté: Dim 06 Juil 2008 19:58
MessageSujet du message: [L'espèce fabulatrice | Nancy Huston]
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Je m'avoue assez déçu par ce dernier petit ouvrage de Nancy Huston. Elle a tellement écrit avec justesse et talent sur le travail de création de l'écrivain (il faut lire absolument son "Journal de la création") que je me régalais à l'avance de ce livre consacré à la place que tient la fiction dans nos vies d'humains. Oscillant entre livre historique, livre de philo, ou encore livre de morale, ce texte manque de cette vérité criante que j'aime retrouver dans les écrits de la romancière franco-canadienne. Choisissant d'écrire sous forme d'aphorismes très généraux, donnant à mon grand regret très peu d'exemples de ce qu'elle avance, N.H. tombe souvent à mon avis dans le raccourci simplificateur voire simpliste. Un exemple parmi quelques autres : "Comme le terrorisme n'est ni plus ni moins que le résultat de mauvaises fictions, ce que nos gouvernements devraient faire, au lieu de fabriquer toujours plus d'armements, c'est, dans les pays où il sévit, favoriser l'éducation, et promouvoir par tous les moyens possibles la traduction, la publication et la distribution des chefs d'oeuvre de la littérature mondiale." Nancy, je ne vous reconnais pas du tout dans cet exercice de café du commerce !

Mais, permettez-moi de trouver malgré tout des excuses à ma romancière préférée. Nancy Huston me fait toujours penser à un Don Quichotte qui, bravement se lance à l'assaut des moulins qui lui font de l'ombre. Même si je l'ai trouvée souvent plus inspirée, son plaidoyer pour le roman livre parfois de belles pages, comme celles où elle nous raconte le roman intitulé "Mister Pip" du néo-zélandais Lloyd Jones, un roman-hommage au pouvoir de la littérature qu'elle m'a donné envie de lire très vite ! Ah Nancy, si vous nous aviez parlé un peu plus de vos frissons de lectrice, votre essai en aurait gagné en vérité. La prochaine fois ?
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[La Virevolte | Nancy Huston]
Auteur    Message
Tchoutora



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Posté: Ven 26 Aoû 2016 13:32
MessageSujet du message: [La Virevolte | Nancy Huston]
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Lin et Derek s'aiment, ils habitent une jolie maison, ont une vie épanouie. Lin et Derek ont une petite fille, Angela, et puis une deuxième, Marina. Lin vit les émerveillements de la maternité, mais aussi les terribles angoisses qui vont avec. Et il y a la danse. La danse qui permet à Lin de tout exprimer, de tout transcender. La danse qui la rassure, qui prend toute la place, qui lui permet de s'enfuir...

J'ai aimé ce roman que j'ai trouvé très touchant. Il est à la fois douloureux, déchirant et lumineux. J'aime beaucoup l'écriture de Nancy Huston, qui sonne tellement juste.
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[LA VIREVOLTE | Nancy Huston]
Auteur    Message
lalyre



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Posté: Ven 05 Mar 2010 14:20
MessageSujet du message: [LA VIREVOLTE | Nancy Huston]
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La virevolte

Lin vit avec Derek et leurs deux filles ,Marina et Angela ,le bonheur règne dans cette famille mais voila ....Lin aime la danse ,tous les jours ,elle s' exerce dans la salle que Derek lui a installé dans le grenier .Mais le temps passe et Lin se regarde ,un corps parfait pour la danse ,elle a été mère au foyer jusque maintenant ,une nostalgie la saisit ,elle pense que la danse était tout pour elle et découvre qu'elle l'est encore et voila que sans rien dire à personne ,elle remplit une valise et part pour réaliser son rêve ,c'est à dire danser ...un,deux,trois ,virevolte ,elle tourne ,tourne ,défie l 'apesanteur ,elle se sent forte avec son corps lorsqu'elle danse .Elle va créer ,elle va exprimer cet amour qu'elle porte en elle mais il lui faut danser pour oublier ce qu'elle a laissé derrière elle .Car justement que deviennent les deux filles restée avec Derek qui se sent responsable d'Angèla et Marina et qui fait tout pour qu'elles ne souffrent pas trop de l'absence de la mère qui fait une tournée avec sa troupe ,une mère dont Marina surtout ne comprend pas l'abandon,qui se révolte contre la résignation de son père.Et pourtant la vie continue et lorsqu'un ami de la famille décède ,Lin penchée à la fenêtre ,attendant ses deux filles qui réussissent dans la vie ,se surprend à rêver à un futur très proche .

Plusieurs thèmes dans ce petit livre qui me laisse avec des questions sur le futur de cette femme à qui je ne pardonne pas l'abandon .La souffrance et la détresse de l'enfance sans mère m'a particulièrement touchée ,la résignation de Derek m'a révoltée et pourtant quel père admirable ,le mal-être et le désir de la danse qui virevolte dans la tête de Lin ,lui font oublier ceux qui sont restés derrière m'ont attristée .J''ai aimé l'écriture de Nancy Huston pour cette histoire que j'ai trouvée assez banale .
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[LA VIREVOLTE | Nancy Huston]
Auteur    Message
rosaee



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Posté: Ven 12 Juil 2013 14:08
MessageSujet du message: [LA VIREVOLTE | Nancy Huston]
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Lin est une jeune mère , elle adore ses filles qu'elle regarde grandir avec émotion.
" Angela sur le dos de son père, d'une beauté éthérée dans son peignoir rose en tissu éponge, les joues rosies par la chaleur du bain, les mèches humides et frisées collées à sa nuque"
mais l'appel de la danse est plus fort; c'est un roman poignant , dur même si l'on ne s'identifie pas aux personnage ,Nancy Huston nous rend tout comportement compréhensible .
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[Le club des miracles relatifs | Nancy Huston]
Auteur    Message
Automnale



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Posté: Lun 17 Juil 2017 19:46
MessageSujet du message: [Le club des miracles relatifs | Nancy Huston]
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Noir, beau. Ce livre m'a emportée, même si la souffrance de Varian, le personnage principal, est difficile à supporter. Ce monde sombre met en relief la folie de notre système capitaliste qui broie les individus et leur aptitude à penser. Comment le club des miracles relatifs pourrait-il vaincre la force d'une machine dont l'engrenage est bien huilé ? Avec des textes de poésie russe ?
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[Les variations Goldberg | Nancy Huston]
Auteur    Message
abstraite



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Posté: Ven 23 Mar 2007 19:40
MessageSujet du message: [Les variations Goldberg | Nancy Huston]
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Et bien... un peu déçue ! Ce livre est remarquable de finesse, c'est une prouesse d'écrivain, mais qui tient plutôt de la performance justement, c'est presque trop technique.... bon, un peu comme cette pianiste, finalement, non ?
Il me manque sans doute une bonne culture musicale pour apprécier pleinement.
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[Les Variations Goldberg | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



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Posté: Sam 25 Fév 2006 12:36
MessageSujet du message: [Les Variations Goldberg | Nancy Huston]
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Le premier roman de Nancy Huston. Un remarquable prélude au reste de son oeuvre. Une claveciniste amateur donne un concert privé, chez elle. Elle interprète les 30 "Variations Goldberg" de JS Bach. Chacune des variations nous donne l'occasion de découvrir les pensées de chacun des 30 invités présents, l'Aria du début et celui de la fin étant réservés à la claveciniste elle-même. Le défi que s'est lancé la claveciniste (qui ressemble fort à celui de la romancière) sera-t-il relevé ?
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
amiread1



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Posté: Dim 16 Nov 2008 0:06
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Je sens que ça va être difficile de pondre quelque chose d'interessant (au moins !) et d'intelligent (si possible) sur ce beau livre de Nancy Huston.D'abord parce qu il y a déjà des notes de lecture explicites sur ce livre dans l'Agora, puis parce que ce livre défie la simplification et la réduction à un résumé intelligible. Alors on va faire basique.
Quatre générations : arriere grand-mère,grand-mère,fils,petit-fils. "Lignes de failles" . Quatre chapitres. Le livre s'ouvre par le récit de Sol, le dernier rejeton, le petit monstre (au sens vraiment littéral du mot...). Il a six ans .Suivent les trois autres chapitres ou son père,sa grand-mère,son arriere grand-mère, raconteront leur enfance au même age (6-7 ans). Au fur et à mesure de la lecture nous nous enfonçons dans le passé (2006-1980-1960-1940). Au début nous errons de supputations en supputations...quel dessein poursuit Nancy ? et puis très vite les premiers indices apparaissent. Le sujet du livre n'est rien moins qu'un épisode atroce et peu connu de la folie eugéniste du IIIe reich ; des milliers d'enfants en bas âge ont été volés dans les territoires conquis à l'est et redistribués à des familles "méritantes" et "aryennement pures".

J'ai admiré la virtuosité d'écriture de Nancy Huston , cette idée de parcours à rebours , partir d'un récit d'un enfant "de notre époque" et s'enfonçer ensuite dans les ténèbres de l'Histoire de notre siècle pour enfin à l'ultime étape se rendre compte que même les bonnes intentions ne font que rajouter du malheur au malheur.
Petit bémol (mais très petit bémol ....) , j'ai trouvé justement la construction du récit un peu "artificiel", je veux dire par là que Nancy Huston a du peser et repeser chaque phrase,chaque alinéa, et cela se sent ; à la page 457 de cette édition elle abandonne la ponctuation sur une page entière pour mieux faire sentir le chaos de la fin du mois de mars 1945 en Allemagne.
Malgré cela de superbes pages d'écriture poètique.

Exemple: ... c'est un sifflement de serpent, un sifflement au sujet des soeurs,ça grésille comme le fer à repasser quand mère l'appuie sur un tissu humide; les mots s'insinnuent lentement dans mon cerveau pour y imprimer leur brûlure: "De toute façon tu n'est pas ma soeur. "
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
michmaa




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Posté: Lun 21 Avr 2008 11:37
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Voilà, j'ai enfin lu un roman de Nancy Huston et il y a des chances que j'en lise enfin quelques autres.
Je vous épargne le résumé de l'intrigue et la description de la construction "à rebours" dont vous avez déjà beaucoup parlé sur ce forum.
J'ai eu du mal à accrocher au début car le témoignage du petit Sol, enfant roi, est, je trouve, particulièrement malsain et je pense (du moins j'espère) que les pensées d'un enfants de 6 ans de nos jours sont plus innocentes. En dehors de cela cette construction surprenante permet de bien se mettre dans la peau de l'enfant => nous ne pouvons savoir que ce qu'il croit comprendre de ses ascendants.
J'ai apprécié le style différent lié aux personnalités différentes des enfants.
Un livre qu'on a envie de relire à peine fini, une fois toutes les clés dans les mains.
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
kabuto



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Posté: Mer 16 Jan 2013 19:33
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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J’avais déjà lu L’empreinte de l’ange de Nancy Huston et j’avais beaucoup aimé. Dans Lignes de faille, J’ai retrouvé le même style Limpide et vivant et aussi un contexte historique servant de toile de fond. La comparaison s’arrête là puisque ici la construction du roman se divise en quatre parties qui correspondent chacun à une époque différente. Superbe idée qui donne tout son cachet à cette fresque familiale et historique s’étalant de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à nos jours. Quatre portraits d’enfants avec chacun une personnalité très marquée. Une façon astucieuse et intéressante de découvrir quelques secrets enfouis qui auront une influence plus ou moins forte sur chacun des personnages. On commence par Sol l’enfant roi qui croit que le monde gravite autour de sa petite personne et on continue avec le jeune Randall et sa mère trop exigeante. Jusque-là c’est bien mais il nous manque encore la clé qui nous fera entrer de pleins pieds au cœur de l’histoire. On comprend mieux en découvrant ensuite le destin de la jeune Sadie et surtout celui de Kristina. À partir de là, l’ensemble prend une autre dimension et l’on a envie de relire le début avec ces nouveaux éléments en tête. C’en est presque dommage de ne pas avoir eu plus tôt toutes les informations en main mais c’est aussi ce qui fait tout l’attrait du récit. Une belle histoire racontée de manière originale et un très bon roman.
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
Max




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Posté: Mar 03 Aoû 2010 16:12
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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2004, 1982, 1962, 1944.
Californie, Israël, Canada, Allemagne.
Sol, Randall, Sadie, Kristina.
Quatre époques, quatre lieux, quatre enfants, quatre destins pour un roman à rebours. Chaque enfant, en un monologue intérieur, se raconte l'année de ses 6 ans. Et du petit garçon à son arrière-grand-mère, chaque génération subit les séismes intimes de l'enfance, en partie déclenchés par la génération précédente, et mêlés à ceux de l'Histoire.

La grande réussite de ce roman est d'avoir su donner à chaque enfant une voix et une personnalité propre et crédible, et en partie façonné par la génération précédente. De ces quatre portraits, deux se détachent plus particulièrement : celui de Sol, enfant névrotique et pervers, et surtout celui de Kristina, la survivante (Randall et Sadie sont deux enfants plus fragiles, plus effacés).

Sol est un enfant de ceux que l'on appelle aujourd'hui « enfant roi ». Il grandi de nos jours en Californie dans des conditions privilégiées, surprotégé par l'amour débordant de sa mère. Mais on ne peut qu'être déconcerté, voire effrayé, par le tyran qui sommeille dans cet enfant pervers et névrotique qui se délecte d'images de cadavres irakiens et de scènes pornographiques sur Internet (« Je m'empiffre de Google et deviens le président Bush et Dieu en même temps »).

Kristina quant à elle a vécu des expériences traumatisantes, subissant les méfaits de la guerre, ses privations et ses drames. Elle parviendra toutefois à vivre une vie adulte passionnée en devenant une chanteuse célèbre et en refusant de céder le moindre pouce de sa liberté aux normes sociales trop contraignantes des années d’après-guerre.

Nancy Huston a un vrai don pour retranscrire cette naïveté très relative, cette lucidité propre au jeune âge. Elle fait ressentir, par petites touches, les drames silencieux de l'enfance, ces petits riens contre lesquels se fracassent les illusions de l'enfance : une promesse non tenue, une absence d'attention... De génération en génération, on rencontre ainsi chaque enfant à un instant de cassure – cassure familiale ou historique, quand la petite histoire rencontre la grande – à un instant où leur vie bascule à jamais et, par ricochet, fait aussi basculer celle de la génération à venir.

Ce superbe roman entremêle ainsi, habilement, deux thématiques principales : la puissance destructrice des adultes sur l'enfant et les conséquences des atrocités nazies sur 60 années d'histoire contemporaine. Deux thématiques abondamment traitées en littérature mais que Nancy Huston aborde ici avec originalité, profondeur et sensibilité.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce livre de presque 500 pages ; le rôle qu'y joue la musique par exemple, la virtuosité de l'écriture de Nancy Huston, sa critique teintée de cynisme de la société américaine contemporaine, ou encore la révélation progressive du secret de Kritina... Oui, il y aurait encore beaucoup à dire sur ce roman... Mais décidement j'en parle bien mal et ne lui rend vraiment pas justice. Alors le mieux que je puisse faire est de vous inviter, simplement, à l'ouvrir, et je suis sûre que vous vous y ferez prendre !


le cri du lézard
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
Larkéo



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Posté: Lun 13 Nov 2006 18:12
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Ce roman se déroule ainsi : chaque partie, écrite à la première personne, est un court récit d'un enfant de six ans. Le premier se passe en 2004, puis c'est au tour de son père, enfant en 1982 et ainsi de suite, filles et mères se succèdent. On remonte comme ça jusqu'en 1944-45 où se trouve le noeud de l'histoire de cette famille. Au début on a l'impression de lire des nouvelles pratiquement indépendantes les unes des autres mais à chaque remontée dans le temps elles se lient imperceptiblement jusqu'au dernier récit, où l'on se rend compte qu'il est la base de tout l'édifice familial. C'est rudement habile, facile à lire, parfois drôle, souvent dur et toujours profond. Un petit, tout petit, bémol : ces enfants de six ans sont tous hyper doués et ont un langage très évolué pour leur âge. Ceci dit une écriture "enfantine" aurait peut-être été insupportable ?
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
bertrand-môgendre



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Posté: Sam 31 Mar 2007 13:57
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Ce roman ressemble à une analyse phénoménologique d’une famille américaine, vivant dans l’ombre d’un secret (petite référence à Philippe Grimbert). Sous forme d’enquête, l’inquisitrice, Nancy Huston, dissèque l’objet de sa recherche par le truchement du quotidien d’ enfants (dans leur sixième année) et ce, durant quatre générations successives. Quatre enfants, quatre époques.
La démarche de l’écrivaine, nous permet de remonter le temps pour mettre à jour progressivement la racine du Mal , cet inconscient collectif héréditaire peu à peu révélé.
Le piège, très bien orchestré, est de se laisser porter par la construction du roman, au terme duquel le fil conducteur dévide enfin une pelote bien emmêlée. La romancière adopte une stratégie finement ciselée me laissant croire que j’ai tout compris sur une partie de l’Histoire actualisée par tant d’horreurs meurtrières. Sa pédagogie est séduisante et efficace.
Même si Fitzhugh Dodson affirme dans son essai sur l’enfance que « tout se joue avant six ans » Nancy Huston ne m’a pourtant pas convaincu à cause du manque de crédibilité du langage des personnages d’enfants, de leur mode de raisonnement, de leur centre d’intérêt. Les enfants de Huston (surtout les deux garçons) sont vieux, atteint sûrement de la maladie du vieillissement précoce (syndrome de Hutchinson-Gilford).
Autant le quotidien des deux petits garçons est péniblement décrit, rendant les jeunes personnages ennuyeux (pour qui je ne donnerai plus d’autre commentaire), autant la description de la vie des deux petites filles est un pur bonheur. Un vrai régal à lire, dû sans doute au plaisir de l’auteur(e) à l’écrire : humour et dérision. Même stéréotypé le portrait des grands-parents obséquieux est gravé en taille douce. Une aquatinte minutieuse traduisant rigueur et délicatesse, jusqu’à l’obtention de clichés formidablement bien dessinés. La petite Sadie est la seule enfant depuis le début du texte, qui pense avec les émotions d’une enfant de six ans.
La quatrième époque ressemble à une apothéose dans le rendu des portraits évoqués. Se dévoile alors la vérité trouble d’une famille mélangée.

Note sur l’édition. Le papier agréable, agrémenté d’une excellente typographie, n’enlève en rien à la pénibilité de la lecture L’impression sur pages étroites provoque de nombreuses césures saccadant le rythme de l’histoire en phrases hachées, inconfortables à lire.(bertrand-môgendre)
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
Nanou



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Localisation: Ile de France

Posté: Lun 26 Fév 2007 12:37
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Je n'ai pas grand chose à ajouter aux commentaires précédents de ce livre, en particulier ceux d'Andras et de Lesezeichen. Ce roman est très riche et donne envie de le relire dans la foulée pour savourer la mise en place par N Huston du secret originel à l'origine de la ligne de faille qui bouleverse ces quatre générations tour à tour.
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
Carole



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Posté: Ven 12 Jan 2007 17:01
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Un vrai scénario à déguster lentement, à bien "écouter" ...car on comprend de mieux en mieux en avançant dans cette histoire tellement originalement écrite et contée.
Avec tellement de charges émotionnelles que l'on presque s'identifier à chacun des personnages...

Dépêches-toi Nancy de revenir à nous!
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
Momo



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Posté: Sam 18 Nov 2006 20:52
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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« Lignes de faille » raconte une famille américaine, sur quatre générations, depuis 2004 jusqu’à 1944, de la Californie jusqu’à l’Allemagne et ce à travers le regard de quatre enfants de 6 ans. L’histoire s’ouvre avec le dernier de cette famille, Sol, qui plante l’histoire de sa famille avec des grand-mères mystérieuses (passé trouble, brouille familiale, chanteuse internationale ou combattante contre le nazisme). Puis suit l’histoire de son père, Randall, qui entraînera le lecteur jusqu’en Israël ; puis ce sera le tour de Sadie, mère de Randall et enfin de Kristina, mère de Sadie, celle par qui « la ligne de faille » a pointé sur les générations à venir.
En effet, Kristina a toujours caché aux siens qu’enfant, elle avait été volée à sa famille ukrainienne et élevée par des Allemands, afin de recevoir une éducation aryenne.
La révélation de ce secret bouleverse la destinée des héritiers de Kristina.

C'est un beau livre, d'une construction étonnante mais pas artificielle.
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
Brujula



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Posté: Lun 25 Fév 2008 10:34
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Un très beau roman, qui remonte les générations à travers les paroles d'enfants de 6 ans, l'arrière-petit-fils, puis son père, la mère de celui-ci, et enfin la grand-mère, aux multiples prénoms...
J'ai vraiment tout aimé: l'idée, le fond, les personnages, le style...
Pour l'instant un de mes coups de coeur 2008!
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
kikili



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Localisation: entre Doubs et Jura

Posté: Ven 28 Mar 2008 16:23
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Construction originale : une envie qu'on connait la fin, relire avec les clés !
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
Tombouctou




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Posté: Dim 04 Mai 2008 20:51
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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C'est comme pour vous michima et mon premier Nancy Houston.

Au début, j'ai eu du mal à accrocher à la narration faite par ce gosse de riche pourri gâté .... puis il a quand même su me conquérir puisque j'ai continué et j'ai finalement bien mordu.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, sa construction et les différentes narrations : on ne s'ennuie pas du tout car on change de décor dans chaque partie et on a même l'impression de changer de personnages, tellement le temps a oeuvré.

J'ai vécu avec ce livre une expérience unique* : une fois le livre refermé, je n'ai pas pu m'empêcher de relire la première partie, celle que je n'avais pas appréciée de prime abord, pour le plaisir de retrouver la mamie et mieux apprécier cette narration.

Bravo ! la magie a opéré.

* je ne suis pas du genre à relire un livre / ou des parties d'un livre que j'ai déjà lu : nancy Houston aura réussi !
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
Auteur    Message
Automnale



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Posté: Sam 07 Juin 2008 7:59
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Ce livre est beau et très touchant. L'histoire est vue du côté des enfants. Je voulais être à la fin du livre pour connaître le dénouement, et dès que j'ai été au bout, je suis partie à relire des passages que j'ai aimé. Pour moi c'est un coup de coeur !
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
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parsifal



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Posté: Lun 25 Aoû 2008 21:08
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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".... Jeune homme, vous êtes un bon matériel pour l’Allemagne … ". Cette phrase renferme le sens de la tragédie de milliers d'enfants arrachés à leur famille d'origine pour « alimenter » le mythe de la race aryenne.

Mais l' enlèvement ne porte pas seulement en soi la violence du geste. Il amorce au sein des victimes involontaires la terreur de vivre dans des collèges austères, de se heurter à l'incertitude de la vie liée à une nouvelle famille totalement méconnue, et surtout la peur de perdre leur identité.

Ainsi les origines, les racines des enfants enlevés pour conserver la « pureté » de la race aryenne disparaissent peu à peu en les livrant dans une nouvelle dimension dans laquelle sera, malgré tout, toujours présent le trou noir de leur vrai passé. Mais le fil de la mémoire heureusement se renoue, ou mieux, il se dissipe en nous faisant redécouvrir grâce à une technique d'écriture à reculons les questions essentielles des protagonistes « Qui suis-je ? » et « D’où suis-je ? ".

Ce livre délivre une émotion qui croît au fur et à mesure de sa lecture.
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[Lignes de faille | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Dim 10 Sep 2006 9:55
MessageSujet du message: [Lignes de faille | Nancy Huston]
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Sol, Randall, Sadie, Kristina. Sol est le fils de Randall qui est le fils de Sadie qui est la fille de Kristina. 4 générations et 4 récits faits par chacun à l'âge de 6 ans. Cela commence par le "petit dernier", Sol, pour remonter jusqu'à son arrière grand-mère, Kristina qui a aussi un autre nom, "Erra", dont nous apprendrons l'origine à la fin du livre. Nancy Huston nous surprend une fois de plus en nous racontant l'histoire de cette famille "à l'envers" et par la vision qu'en ont les enfants. Cette histoire, on s'en doute en lisant le titre du livre, n'est pas sans failles, sans fractures, sans déchirements mais pas sans éclats de bonheur non plus.

Ceux qui connaissent l'oeuvre de l'écrivaine y percevront sans doute les échos de plusieurs de ses précédents romans : La virevolte, L'empreinte de l'ange, Prodige, notamment, trois livres que, personnellement, j'ai adorés. Comment se fait-il que ce livre-ci m'ait moins touché que ceux-là ? C'est difficile à dire. Par sa construction, son ampleur, il semble pourtant plus abouti. Mais du coup la tension et l'urgence que l'on percevait dans ces livres est sans doute plus diluée dans "Lignes de faille". Les mots ou réflexions d'enfants, les histoires, drôles ou pas, juives ou pas, sont moins percutantes. De plus, cette narration à rebrousse-temps, si elle nous amène peu à peu vers le récit le plus poignant du livre, celui de Kristina, nous prive de certaines clés pour mieux rentrer dans les récits précédents qui, en particulier pour les 2 premiers, ceux de Sol et de Rendall, m'ont paru manquer de ressort dramatique - ressort qui ne se met vraiment en place qu'à la toute fin du récit de Sadie, la fille de Kristina. Une deuxième lecture semble nécessaire pour que tout se mette en place. Peut-être est-ce voulu par l'auteur mais ça m'a semblé un obstacle à la première lecture. Enfin, dernière explication possible à ma légère déception, le côté "artiste caché dans sa toile" qui est peu ou prou toujours présent dans l'oeuvre de NH, est ici moins évident (*) et c'est une chose qui m'a manqué.

Toutefois, ces critiques n'empêchent pas que ce livre est un très bon roman, qui aborde le thème douloureux des "lebensborn" nazis. Et qui bien-sûr nous parle aussi de nous-mêmes, enfants que nous fûmes ou parents que nous sommes devenus ... sans étouffer la voix de l'enfance.

(*) je ne veux pas parler uniquement des éléments autobiographiques qui, comme dans d'autres livres de NH, sont ici présents (par exemple le coup du bol de céréales à l'arrivée chez Greta est tiré d'un épisode de la vie de NH qu'elle a elle-même raconté dans un des textes de "Désirs et réalités" si mes souvenirs sont bons). Je pense plutôt à ce jeu de miroir entre l'écrivain et son oeuvre, ce caractère auto-référenciel qui est particulièrement sensible dans Les variations Goldberg, Histoire d'Omaya, Cantique des plaines, Une adoration et d'une façon plus explicite encore dans Instruments des ténèbres.

Edit (31/10/06) : Nancy Huston s'est vue attribuer hier le prix Fémina pour ce roman. Bravo, Nancy ! :D
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[Mosaïque de la pornographie | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Sam 25 Fév 2006 12:25
MessageSujet du message: [Mosaïque de la pornographie | Nancy Huston]
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Ce livre traite des écrits pornographiques entendu dans un sens très large puisqu'il englobe les récits autobiographiques des prostituées (l'un d'eux, "la vie de Marie-Thérèse" constitue une sorte de fil rouge de ce livre) et qu'un rapprochement est souvent fait avec les "romans à l'eau de rose" du style Harlequin.
C'est un livre dense, intelligent, abondamment documenté. NH y "dénonce l'hypocrisie - ou l'inconscience - qui nous permet au nom de la liberté d'expression, de jouir dans notre imaginaire de ce dont les femmes souffrent dans leur corps. Elle se demande si les femmes auront toujours à choisir entre les figures ancestrales de la maman et de la putain." (4eme de couverture)
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[Nord perdu suivi de Douze France | Nancy Huston]
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mamoune



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Posté: Sam 04 Nov 2006 22:29
MessageSujet du message: [Nord perdu suivi de Douze France | Nancy Huston]
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Un livre qui me parle, qui m'aide à mieux comprendre ce que peuvent ressentir les jeunes dont je m'occupe au boulot.
Nancy Huston nous parle, utilise le "je" et nous raconte un peu sa vie, la difficulté de ne plus se sentir nulle part vraiment chez soi, une fois qu'on a quitté le "berceau de son enfance".

La deuxième partie est bien aussi...parle-t-elle de la France ou d'elle même!!!??
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[Nord perdu suivi de Douze France | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Sam 25 Fév 2006 12:22
MessageSujet du message: [Nord perdu suivi de Douze France | Nancy Huston]
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Un court essai sur l'exil et ses diverses manifestations suivi de 12 merveilleux petits articles sur 12 visions différentes de la France
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[Passions d'Annie Leclerc | Nancy Huston]
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Colette Gros



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Posté: Sam 20 Fév 2010 13:53
MessageSujet du message: [Passions d'Annie Leclerc | Nancy Huston]
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L'univers d'Annie Leclerc, féministe des années 70, est invoqué par Nancy Huston... Annie Leclerc c'est d'abord le bonheur de vivre à travers les joies d'une mère, ou d'une amitié, ou en faisant le ménage, ou en nageant, ou en écrivant. Loin des valeurs féministes, elle réhabilite les valeurs féminines décriées et dévalorisées. Annie Leclerc c'est aussi l'accompagnement de prisonniers avec l'écriture, la dénonciation des maltraitances et un appel à l'amour sous toutes ses formes.
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[Passions d'Annie Leclerc | Nancy Huston]
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Chimèle



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Posté: Mar 12 Fév 2008 13:15
MessageSujet du message: [Passions d'Annie Leclerc | Nancy Huston]
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N.H. rend justice à A.L.,son amie. Elle l'a connue d'abord à travers ses livres, puis pour les sept dernières années de sa vie, dans la proximité du café bu ensemble dans la cuisine de la "petite maison du passage" ou du bus 67. Elle rend justice à la pensée d'Annie Leclerc. Avec laquelle on peut avoir des points de désaccord. Mais c'est un très beau livre écrit dans une langue qui ne craint pas, parfois, de se faire presque familière comme une discussion qu'on aurait autour d'un café, dans la cuisine, entre femmes qui pensent.
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[Passions d'Annie Leclerc | Nancy Huston]
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Nanou



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Posté: Sam 05 Jan 2008 18:43
MessageSujet du message: [Passions d'Annie Leclerc | Nancy Huston]
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Je n'ai pas grand chose à ajouter à la note d'Andras. Ce livre est passionnant et je le relirai certainement car je l'ai lu trop rapidement pour en savourer tout le suc. Nancy Huston est un écrivain rare que l'on aimerait avoir pour amie, à la fois grave, profonde, légère et intelligente sans être cérébrale, d'une honnêteté courageuse. Ce n'est pas vraiment une note de lecture, mais c'est le sentiment qui me reste, le fait d'avoir passé des heures passionnantes en excellente compagnie.
J'ai redécouvert Annie Leclerc dont j'avais lu "Paroles de femme" il y a une trentaine d'années et vais sans doute en lire d'autres à la lumière de ce livre. Ses textes inclus à la fin du livre de NH et en particulier celui sur Glen Gould sont très beaux.
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[Passions d'Annie Leclerc | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Ven 21 Déc 2007 19:25
MessageSujet du message: [Passions d'Annie Leclerc | Nancy Huston]
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Qui est donc cette Annie Leclerc dont Nancy Huston nous raconte dans ce livre merveilleux les passions ? Les plus anciens d'entre vous se rappeleront peut-être qu'un pamphlet féministe intitulé "Parole de femme" avait défrayé la chronique dans les années 70, se mettant à dos aussi bien les machos que certaines féministes "beauvoiriennes" qui considéraient que la femme ne sortirait de sa condition inférieure qu'en devenant ... un homme (ou presque). Annie Leclerc en était l'auteur et, jeune homme, j'ai lu son livre avec délice : pour elle, loin d'être inférieure, la femme était riche de choses délicieuses et jouissives que l'homme ne connaissait pas, et de ces choses là, il était urgent de parler et même de philosopher, pas pour jargonner mais pour réfléchir aux raisons qui faisaient que la femme n'avait d'autres choix que de se taire ou de ressembler à l'homme. Pour ma part, j'étais tout disposé à en parler et à découvrir ce féminin qui était tu !

Ce livre me l'a appris : Annie Leclerc est morte récemment. Nancy Huston était devenue son amie. C'est avec tout son coeur et toute sa sensibilité que Nancy Huston parcourt avec nous l'album thématique de la vie d'Annie Leclerc en le croisant à l'occasion (et l'occasion est souvent présente) avec sa vie propre. On découvre éffectivement combien ces 2 femmes étaient proches et on y croise aussi une troisième comparse du nom de Severine Auffret. C'est donc un livre de philosophie mêlé à un livre d'amitié et presque d'amour tant l'hommage que NH rend à "Leclerc" est vibrant et sincère. C'est un éloge d'une philosophie qui part du quotidien et des "petites choses" pour tenter de comprendre les "grandes choses", la violence, les rapports hommes/femmes, la Shoah, la vie et la mort ...

Une fois de plus je suis sous le charme de l'écriture de Nancy Huston, de son intelligence des choses de la vie, de son "savoir-dire" les choses que nous ressentons et qu'il est si difficile d'exprimer. Une philosophie de la nuance, du doute, de la respiration loin des incantations des maîtres-penseurs. Ces "passions d'Annie Leclerc" est peut-être son livre le plus abouti.

Ajout : Il est à noter que NH revient aussi sur certains aspects de son dernier essai "Professeurs de desespoir" et sur le nihilisme (ou le "néantisme" selon l'expression qu'a forgé NH). Si Cioran revient 2 ou 3 fois sous la plume de NH, c'est surtout avec Kundera qu'elle continue de polémiquer tout en avouant que le regard kunderien sur la vie ne lui est pas étranger. NH nous rappelle que dans son "Livre du rire et de l'oubli" (que je me souviens avoir beaucoup aimé !), Kundera s'en prend assez violemment aux propos d'Annie Leclerc dans "Parole de femme", se gaussant de sa défense des "petites fleurs et des petits oiseaux". Bien-sûr NH prend la défense de son amie mais curieusement finit par regretter que Kundera et Leclerc ne se soit pas un jour rencontrés, non pour se convaincre mais peut-être pour atténuer leur opposition. On ne peut s'empêcher de penser que NH parle aussi pour elle-même. C'est aussi la magie de NH d'être elle-même et les autres à la fois.
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[Prodige | Nancy Huston]
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Septentria



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Posté: Dim 26 Oct 2008 9:18
MessageSujet du message: [Prodige | Nancy Huston]
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Lara, professeur de piano, vit à Paris avec son mari Robert et sa vieille mère Sofia. Elle attend un bébé, qui arrive bien trop tôt. Derrière la vitre de la couveuse, Lara parle à sa fille, lui supplie de vivre, lui raconte la vie qu'elle lui donnera, les cours de piano, son avenir...

Un très beau roman, plein d'amour, d'espoir et de musique. Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance car l'auteure a elle aussi cédé à la mode (?) du roman à plusieurs voix (d'ailleurs sous-titré "Polyphonie"), genre que j'ai beaucoup de mal à apprécier, voire même que je déteste (et j'en rencontre à tous les coins de page depuis plus d'un an, d'où mon interrogation, c'est la mode ou quoi???). Ici, la polyphonie est plutôt douce et l'histoire m'a fait peu à peu oublier cette facilité d'écriture. Un très beau livre sur l'amour maternel.
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[Prodige | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Dim 26 Oct 2008 12:01
MessageSujet du message: [Prodige | Nancy Huston]
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Un livre magnifique que j'ai relu et encore plus apprécié à la seconde lecture. J'en ai vu aussi une superbe adaptation théâtrale au Théâtre International de Langue Française (Halles de la Villette à Paris). La construction du livre et la façon dont Nancy Huston laisse le lecteur comme "suspendu" à la fin est remarquable.
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[Prodige: Polyphonie | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Sam 04 Nov 2006 22:20
MessageSujet du message: [Prodige: Polyphonie | Nancy Huston]
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Dans la même veine que la Virevolte, cet autre récit de Nancy Huston est tout aussi percutant que lui. Il nous raconte l'histoire de trois femmes, la grand-mère, russe éxilée en France, la mère, professeur de piano et la fille, future prodige ? Une magistrale leçon de musique faite littérature, avec silences, altérations, pianissimo et allegro vivace. Je l'ai vu monté en pièce de théâtre à Paris, au Théâtre de la Langue française (?) et ce fut un très beau spectacle.
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[Professeurs de désespoir | Nancy Huston]
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amiread1



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Posté: Sam 26 Juil 2008 0:29
MessageSujet du message: [Professeurs de désespoir | Nancy Huston]
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Posant comme axiome que la grande majorité des humains dans sa recherche de nourriture culturelle (livre,films,théatre...) se complait dans le spectacle des turpitudes de leurs semblables,Nancy Huston part en guerre contre tous ces "professeurs de désespoir" qui dans leurs éructations créatives n'ont de cesse de proclamer la fin du genre humain, si possible dans une apothéose de nihilisme...

Nancy Huston étudie le cas de plusieurs écrivains représentatifs de ce courant dont l'initiateur serait Schopenhauer,leur père à tous lui qui ne voyait que déterminisme et volonté aveugle dans le grand mouvement de la vie. Successivement sont soumis à l'expertise savante et savoureuse de Nancy : Samuel Beckett,Emil Cioran,Imre Kertesz,Thomas Bernhard,Milan Kundera... la liste se termine par Christine Angot (?!) et Linda Lê.
Pour Nancy Huston le dénominateur commun à tous ces auteurs c'est la génophobie, la peur-haine, d'engendrer une descendance ; effectivement peu de ces auteurs ont eu des enfants. Tout au long du livre toutes les ressources de la psychologie,de la psychanalyse aussi sont mises à contribution pour tenter de comprendre l'attirance de tous ces écrivains pour le néant,la disparition, la mort,le refus de la vie...
C'est un livre qui se lit facilement, absolument pas jargonnant, d'une belle écriture souvent teintée d'humour ; car Nancy Huston ne peut s'empécher de se moquer sarcastiquement de tous ces sectateurs du nihilisme qui en rajoutent dans la déréliction. ET la nuance ? leur crie-t-elle,jamais vous nuancez ? votre vie c'est toujours malheur et compagnie et jamais vous n'otez vos lunettes lugubres pour voir simplement la vie TELLE QU 'ELLE EST ! et Nancy de mettre en avant sa vie à elle,ses enfants,ses amis(es),les instants de déchirement lorsque l'on perd un être cher,les instants de bonheur lors de retrouvailles attendues, la voilà la VIE semble t-elle leur dire !

Et d'ailleurs le plus nihiliste d'entre eux tous,Cioran, n'a t-il pas écrit :"Nous sommes tous au fond d'un enfer dont chaque instant est un miracle".
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[Professeurs de désespoir | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Sam 03 Juin 2006 12:02
MessageSujet du message: [Professeurs de désespoir | Nancy Huston]
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Nancy Huston fait dans ce livre le portrait d'une catégorie d'écrivains (du XXe siecle ou contemporains) qu'elle appelle les "néantistes", pour leur prédilection marquée pour le néant et leur dégoût de la vie : Beckett, Cioran, Jean Amery, Charlotte Delbo, Imre Kertész, Thomas Bernhard, Milan Kundera, Elfriede Jelinek, pour les aînés, Houellebecq, Sarah Kane, Christine Angot et Linda Lê pour les plus jeunes. Leur père spirituel à presque tous semble être Schopenhauer, l'auteur de "Le monde comme volonté et comme représentation" à qui elle consacre aussi un chapitre, brillant. C'est un livre très documenté et qui retrace avec le moins de préjugé possible les racines de ce mouvement littéraire dont les oeuvres sont largement considérée dans l'Europe d'aujourd'hui comme des chefs d'oeuvre, récompensés par maints prix littéraires dont 3 prix Nobel (Beckett, Kertész, Jelinek). Si elle condamne la complaisance de ces "mélanomanes" (= qui aiment le noir) dans la noirceur, leur génophobie (peur ou haine de l'engendrement), leur généralisation hâtive de leur cas personnel à l'ensemble de l'humanité, elle sait reconnaître la force de l'ecriture de certains d'entre eux - mais c'est pour mieux souligner la faiblesse de leur pensée.
Dans un style clair et rigoureux, NH nous livre ici un livre lumineux qui éclaire d'une lumière chaude le paysage de notre littérature. L'archange Huston s'est encore une fois affontée aux ténèbres et le résultat est saisissant !
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[Professeurs de désespoir | Nancy Huston, Nancy Huston]
Auteur    Message
Nadjalou



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Posté: Ven 29 Déc 2006 11:20
MessageSujet du message: [Professeurs de désespoir | Nancy Huston, Nancy Huston]
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Un livre intéressant car il questionne notre rapport à la culture, à la lecture... Nancy Huston y dévoile notre schizophrénie du XXIe siècle : alors que nous rêvons tous de solidarité, générosité, nous faisons pourtant l'éloge d'une culture qui célèbre le désespoir et la violence. En un mot : le nihilisme. Et de citer Cioran, Beckett, Schopenhauer, Bernhard, Kundera, Jelinek, et bien d'autres... Comme si, aujourd'hui, la littérature avait renoncé à pouvoir changer le monde, à pouvoir le ré-enchanter... Et Nancy Huston de citer cette phrase de G. Sand (phrase que j'adore, que je pourrais reprendre comme signature) : "L'homme est bon et mauvais. Mais il est quelque chose encore : la nuance, la nuance qui est pour moi le but de l'art". Un livre qui interroge... ce qui fait du bien, dans notre époque, non ?
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[Reflets dans un oeil d'homme | Nancy Huston]
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apo



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Posté: Sam 15 Fév 2014 0:01
MessageSujet du message: [Reflets dans un oeil d'homme | Nancy Huston]
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Il en est hélas souvent ainsi lorsque je lis des essais de Nancy Huston – que je sais très aimée de certains amis agoriens : je suis attiré par l'importance du sujet traité, je m'aperçois naturellement de l'adresse avec laquelle il l'est, j'apprends beaucoup parce que c'est bien documenté... mais je n'adhère pas aux thèses soutenues ou bien j'ai de grosses réserves de méthode. Là, c'est exactement le cas.

Le sujet, c'est l'importance du regard que l'homme porte sur la femme, emblème incontestable d'une différence irrévocable entre les sexes, explicable par des raisons génétiques liées à l'impératif de la reproduction. Je le tiens pour fondamental. Mais je conteste qu'il s'inscrive dans une polémique sans fin – donc lassante – contre les théories du genre avec lesquelles il se voudrait contradictoire, alors qu'il ne l'est que de façon apparente et au prix d'une caricature assez fruste de (ce que je commence à savoir sur) celles-ci.

Le point de départ – que je connais très bien pour en avoir été durablement imprégné – c'est l'explication phylogénétique de la beauté due à Richard Dawkins : en dépit de l'absence de fonctionnalité pour la survie, certains traits (comme la fameuse queue du paon) sont sélectionnés et transmis génétiquement pour une simple question esthétique, c'est-à-dire d'attrait reproductif chez le partenaire. Il se trouve que dans de très nombreuses espèces animales c'est le mâle qui est « beau » pour plaire à la femelle, alors que chez Homo sapiens c'est le contraire. Ou relativement. Ou incidemment, en d'autres termes, culturellement. Et voilà ce que Nancy Huston semble ne pas avoir envisagé ou ne pas vouloir envisager.
Oui, chez les humains, le mâle regarde la femelle de façon prédatrice et suivant la stratégie reproductive de la dissémination maximum de ses gènes, stratégie qui ne coïncide pas (pas encore...?) avec celle des femelles. Oui, ce regard distingue un homme d'une femme dont on niera volontiers et l'indifférenciation, qui ferait fi de la biologie, et la construction exclusivement sociale du genre. Oui, celle-là existe autant que celle-ci. Oui, les tenants du tout-culture sont de gauche et ceux du tout-nature sont de droite (voire d'extrême-droite quand l'eugénisme s'en mêle...). Peut-être certaines parmi les théories du genre pèchent-elles du défaut d'oblitérer la nature. Ou bien est-ce le fait d'une philosophie moderne qui avance depuis Descartes dans la direction de réagir à l'anthropomorphisation de Dieu par une déification de l'Homme et de sa volonté, notamment dans la sphère sexuelle... Sans doute, cependant, comme le dit fort justement Belinda Cannone dans La Tentation de Pénélope – elle a aussi ses propres griefs contre les théories du genre, au demeurant – ne rend-on pas de bons services au féminisme en insistant excessivement sur la biologie, au détriment du « neutre »...

Mais revenons au regard masculin étudié par Huston. Après le chapitre initial (« Atavismes et avatars »), deux chapitres évoquent la construction de l'image et la manière d'être vue par la petite fille puis par l'adolescente. Des pages de témoignage autobiographique y apparaissent, très touchantes dans une narration à la seconde personne du pluriel ('Vous') [il faut savoir que Huston écrit ses livres en anglais d'abord, puis s'auto-traduit.]

Ensuite, dans « Genre, quand tu nous tiens », un premier assaut polémique et lancé, et une première contradiction dans l'argumentaire surgit dans « Mâles coquets », lorsqu'il est admis que les femmes aussi regardent les hommes et qu'« elles valorisent [chez eux] la sobriété »... pour de symétriques raisons phylogénétiques ! (p. 85).

Dans le chapitre V « Beauté et violence », à travers les biographies tragiques de certaines icônes de beauté (Jean Seberg, Anaïs Nin, Maryline Monroe...), l'idée est soutenue que « la beauté féminine suscite l'agression » : idée très intéressante mais à mon sens véritablement incompatible avec la biologie, pour le coup. La culture se pointerait-elle déjà ?

En tout cas elle fait irruption dans le ch VI « Changements de code », où il est question textuellement du « code » du regard et de la beauté « national », en particulier français... Alors là, si on n'est pas dans la culture... on est carrément dans le langage !

Ch. VII « Plus sujet et plus objet » : ici débarque avec fracas l'historicité, triomphe du culturel : en l'occurrence l'évolution de la condition féminine au XXème s., caractérisée par l'apparition de la photo et du cinéma, la généralisation du maquillage, le remplacement de l'hystérie par l'anorexie, le suffrage féminin, les concours de « Miss » : en une formule, par des femmes qui « plus elles deviennent sujets, plus elles se font objets » (p. 144).

S'ensuivent deux chapitres très intéressants sur le nu en peinture et sculpture, respectivement côté femmes (motivations pour se montrer nues) et côté hommes implications du regard « professionnel » du nu.

La transition est logique vers deux chapitres très violents et instructifs sur la prostitution : « L'image faite chair, la chair faite image », où l'auteure lance ses dards contre les féministes tenant celle-là pour un « métier comme les autres » ; et « Enseignement des putes », véritable hommage à Nelly Arcan qui me donne une très forte envie de lire cette écrivaine...

Autre chapitre polémique : le XII « Baby or not baby », qui soutient que l'évolution de la condition féminine et en particulier « la roue de l'unisexe » (encore ces théories du genre!) tendraient à effacer la fécondité de femmes – je me demande ce que Huston fait de la réalité démographique française contemporaine, et si la pression sociale exercée actuellement sur les femmes qui refusent d'être mères ne mérite pas une seule phrase d'analyse ou de compassion... Là aussi, un usage très émotionnel des biographies des icônes sus-mentionnées est fait en regardant leurs maternités « refusée, écartée, interrompue, empêchée, massacrée ». Il y a en outre dans ce ch. une énormité : « On ne peut pas à la fois se scandaliser de ce qu'on prépare les petites filles à un avenir incluant la maternité et s'étonner de ce que, devenues mères sans y être préparées, elles fourrent leurs fœtus au frigo. » (p. 242) – là où l'excès de polémique devient carrément grotesque.

Ch. XIII « Putes de mère en fille », encore sur ou contre la prostitution : une idée intéressante est avancée, même si elle semble l'être par absurde – et c'est peut-être dommage. C'est celle d'instaurer, afin d'éviter les stigmata annexes, un service prostitutionnel obligatoire pour les jeunes filles sur le modèle exact du service militaire autrefois obligatoire pour les garçons.

Ch. XIV « Pauvres hommes (aussi, parfois) », sur toutes les manières dont le machisme nuit aux hommes aussi.
Ch. XV « Au-delà du miroir... » synthèse de toutes les arguments envenimés contre les théories du genre, qualifiées de « Intelligent design à la française »...

Enfin, après la bibliographie, quelques lettres de lecteurs-trices généralement très enthousiastes, contenant leurs ressenti et/ou leur témoignage inspirés par l'ouvrage.

Bon, je ne vais pas polémiquer à mon tour. Je ferai semblant d'écrire l'une de ces lettres, comportant ma propre vision de ce que la théorie phylogénétique du regard inter-sexe pourrait devenir, dans un avenir plus ou moins proche ; à condition d'accpeter que chez l'être humain le phylogénétisme est aussi, d'abord, ou surtout, une question de culture...

Très chère Nancy Huston,

Imaginons une évolution sociétale où, par effet d'une progressive autonomisation de l'individu et anomisation des rapports de couple, la durée de ces derniers devienne de plus en plus limitée – nous en sommes déjà à une moyenne d'environ cinq ans, et d'une « mode » (au sens statistique) d'environ trois. Imaginons aussi que l'investissement reproductif étant de plus en plus socialisé donc déchargé de la mère individuellement considérée, l'on tende vers une moindre différenciation entre les sexes dans cet investissement. En présence d'une démographie qui, en France en tout cas et en général en Occident, ne témoigne plus d'une sensible « minoration de la fécondité », mais à l'inverse d'une certaine stabilité culturellement et socialement assurée (quand elle n'est pas politiquement induite à la hausse), l'on pourrait voir s'adopter une stratégie reproductive féminine consistant dans l'individualisation généralisée de la maternité hors couple, peut-être en vue d'éviter une succession foisonnante de figures pseudo-paternelles qui se succéderaient (projection de probabilité) au cours de l'enfance de la progéniture. J'entends parler d'un modèle où la maternité serait délibérément planifiée et menée à terme seule, en dehors du couple, réduit donc à la pure fonction de l'épanouissement de sa sexualité, dans un durée ad libitum.
Après tout, sous forme de peur phobique, le mythe de la société des Amazones est présent dès l'aube des sociétés patriarcales occidentales, et Freud aurait pu facilement y voir un avatar du complexe de castration. L'on peut même supposer que cette peur phobique sous-jacente est un moteur puissant du machisme de tout temps – et accidentellement croissant... La ségrégation des femmes du pouvoir, de la vie sociale, de la production de haut rendement afin d'éviter l'éviction des hommes : ça ne tient pas la route ? Ces dernières années, la littérature et la filmographie incarnent avec une fréquence roborative le mythe ancien, sous des aspects d'une étrange post-modernité...
Dans l'éventualité d'une propagation de ce modèle reproductif au-delà d'un certain seuil, quelles seraient les conséquences phylogénétiques notamment sur la beauté et le regard ? Une obligation ou ambition de disposer de partenaires sexuels-reproducteurs occasionnels, éphémères et toujours disponibles, pendant la période la plus longue possible de la vie – dont la durée d'allonge par ailleurs, en tout cas au-delà de la fertilité ; une sexualité prédatrice et volage – autrefois réservée à la stratégie reproductive masculine – qui deviendrait considérablement indifférenciée ; un poids égal des apparences – comme cela a déjà été étudié très sérieusement par des sociologues comme J-F Amadieu – soutenues par une industrie de la beauté, des cosmétiques, de la mode, qui n'aurait aucune raison de se dispenser de cibler les consommateurs hommes autant que les femmes (à supposer qu'elle ne le fasse pas déjà) ; un regard qui de ce fait deviendrait de plus en plus identique ; un développement à terme de la pornographie et de la prostitution destinées à une clientèle féminine (le tourisme sexuel pratiqué par les femmes n'existe-t-il pas déjà?) ; une imbrication des relations de pouvoir et de séduction qui seraient de plus en plus symétrique, complexe et multiforme – mais sans doute tout aussi cruelle, inégalitaire et implacable – cf. Roman à l'eau de bleu d'Isabelle Alonso...
Voyez, tout cela, c'est bien enraciné dans la biologie, dans la génétique, les stratégies reproductives : on n'est pas dans la négation des différences entre masculin et féminin. Et pourtant... tout peut simplement s'inverser par l'effet de la culture. Après la pensée complexe, quand on a surtout à cœur de dénoncer les inégalités de genre et la violence qui s'en ensuit quotidiennement, n'est-ce pas un peu trop facile d'axer quelque trois cents pages de polémique sur la dichotomie nature-culture ?
Très humblement vôtre...
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[Sois belle, suivi de Sois fort | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Ven 01 Sep 2017 10:43
MessageSujet du message: [Sois belle, suivi de Sois fort | Nancy Huston]
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Ce petit livre, magnifiquement édité par les Editions Parole, reprend l'essentiel de deux conférences données par Nancy Huston en 2016 après la parution de son essai "Reflets dans un œil d'homme" dont elles sont à la fois un résumé et un prolongement. Les éditions Parole ont édité ces deux textes "tête-bêche" : "Sois belle", d'un côté, parle de ce déterminisme biologique qui pousse, aujourd'hui encore, et peut-être plus que jamais, la femme à se rendre désirable aux yeux des hommes. "Sois fort", de l'autre côté, parle d'un autre déterminisme qui pousse les hommes vers la violence. Les deux textes parlent du rapport entre les hommes et les femmes dans la société contemporaine et questionne la théorie du genre qui gagne du terrain, en Occident tout particulièrement.

Je trouve que Nancy Huston dit des choses justes sur ces sujets mais je trouve que la forme polémique qu'elle donne à ses propos et les contradictions qu'ils recèlent nuisent beaucoup à leur pertinence. Elle a tout-à-fait raison, à mon sens, de rappeler la part "animale", le substrat biologique que l'Homme (homme ou femme) a en lui et qui sont des facteurs déterminants dans le comportement des individus. Mais à la lire, il semble que c'est l'Unique déterminant et que le déterminant culturel, social compte peu ou n'est qu'un simple renforcement du déterminant biologique. Beaucoup de ce qu'elle dit découle de cette hypothèse qu'elle ne prend pas la peine de démontrer, fustigeant a contrario la "théorie du genre", qui elle, ne reconnaitrait que le déterminant social ("Le genre est l'identité construite par l'environnement social des individus : la masculinité ou la féminité ne sont pas des données naturelles" – source Wikipedia).

Pourtant, elle rapporte une étude sur une bande de chimpanzés dans laquelle tous les mâles dominants (et agressifs) seraient morts accidentellement, et où les mâles dominés ("plus doux") avaient alors pris leur place et engrossé les femelles : à la génération suivante, nous dit Nancy Huston, "incroyable mais vrai, les jeunes mâles ont adoptés des mœurs plus paisible [car] les nouveaux-nés mâles n'avaient pas de modèle d'agressivité à imiter !". Nancy Huston en conclut que l'éducation que l'on donne aux enfants peut changer la donne quant aux comportements agressifs des humains mâles et qu'il n'est pas utopiste de les "éduquer à la nuance et à l'humilité, en lisant des romans de leur pays et des autres pays [...]". Il est étonnant qu'elle ne voit pas de contradiction entre cette conclusion et son postulat de départ, celui du primat du biologique.

Nancy Huston s'exprime en tant que "littéraire" et on n'a pas à attendre d'elle une rigueur de scientifique. Elle a raison de nous rappeler en citant la philosophe Peggy Sastre que "hommes et femmes ont été sélectionnés pour voir une bonne partie du monde avec des lunettes sexuelles, mais elle n'ont pas le même niveau de correction : là où un homme verra une bonne opportunité de tremper son biscuit, une femme flairera le danger et l'évolution leur a donné à tous les deux raisons.". Nancy Huston ajoute que "sur ce plan, la société favorise les filles et frustre les garçons, car elle incite tous les adolescents à faire attention, à retenir et à sublimer leur instinct sexuel, à le divertir vers d'autres buts et nous y arrivons plus facilement qu'eux.". Mais elle omet de préciser que cette "frustration" n'est pas un phénomène récent. Il s'est élaboré au cours des siècles.

Même parsemé d'incohérences ou d'approximations, ce double texte me semble intéressant car il fait aussi entendre la révolte de Nancy Huston contre une situation de la femme, engluée dans son obligation de se faire belle, et de l'homme, qui ne trouve que peu d'occasions d'avouer "sa faiblesse". Si certaines affirmations demanderaient à être nuancées et confrontées à d'autres analyses, je trouve néanmoins que Nancy Huston pose de bonnes questions.
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[TOMBEAU DE ROMAIN GARY | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Mer 16 Aoû 2006 19:00
MessageSujet du message: [TOMBEAU DE ROMAIN GARY | Nancy Huston]
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Un court essai en hommage à Romain Gary et à son oeuvre, remarquable de justesse (comme toujours chez NH), et plein d'empathie pour ce grand frère d'arme littéraire dont la vie toute entière fut un superbe et tragique roman. Quand on s'appelle Roman Kacew ...
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[Tombeau de romain gary (nouvelle édition) | Nancy Huston]
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apo



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Posté: Jeu 12 Mar 2009 19:57
MessageSujet du message: [Tombeau de romain gary (nouvelle édition) | Nancy Huston]
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Utile pour connaître l'ensemble de l'oeuvre de Gary (très très peu sur Ajar), et en particulier pour placer les ouvrages dans le contexte biographique de l'auteur. Le tutoiement si singulier donne la marque d'une certaine connivence (mais j'émets des réserves sur la sympathie et la bienveillance) entre biographe et son "objet". La perspicacité de la première est indiscutable. Ce qui m'a dérangé, c'est la confusion des genres, la confusion entre vie et oeuvre, et donc une inévitable projection de l'une sur l'autre qui ne fait que confondre le lecteur, notamment sur les questions de la vérité, de la réalité, de la supercherie et fabulation de Gary - surtout d'un tel auteur! Surtout quand on sait que sa poétique est en grande partie une problématisation de ces notions. Dans ces conditions de confusion, on parvient dès les début à des tautologies (le contraire de tout ce qui est affirmé étant également envisagé comme valable):
"[...] non seulement parce que ton existence était striée de contradictions de toutes sortes, mais parce que, d'un bout à l'autre de cette existence, tu as menti de façon invétérée, éhontée, superbe." (p. 12)
"L'existence": soit. Et l'oeuvre? Impossible d'en déceler des lignes d'évolution? des cohérences? des filons de recherche constants? Ce que j'appelle "sincérité"? (Ne fût-ce que par rapport au rôle de la mère, comme l'affirme Huston à plusieurs reprises, ou par rapport au Réel et à sa sublimation pour des raisons de "conscience"...)
Et si l'on voulait faire de la biographie "pure", pourrait-on se limiter à évoquer le suicide en un quart de page, sans aucune tentative d'explication? Une balle dans la bouche peut-elle elle aussi être mise sur le compte du mensonge (et de la vantardise "to strut" et de la tracasserie "to fret")?
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[Trois fois septembre | Nancy Huston]
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ingannmic



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Posté: Sam 22 Oct 2011 11:46
MessageSujet du message: [Trois fois septembre | Nancy Huston]
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Il y a des écrivains dont on reconnaît infailliblement l'empreinte d'une œuvre à l'autre, en raison de certaines particularités stylistiques, ou parce qu'ils mettent tant d'eux-mêmes dans leurs personnages que c'est finalement toujours le même héros (ou la même héroïne) que l'on a l'impression de retrouver à chacun de leurs récits.

Et il y a ceux qui nous surprennent à chaque fois, qui, tels des caméléons, semblent se parer d'une plume différente à chaque roman, comme s'ils s'oubliaient totalement au profit de leurs personnages et de leur histoire.
Chaque œuvre devient alors une aventure unique, inédite, l'immersion dans un univers chaque fois renouvelé, la rencontre avec des protagonistes singuliers.

Nancy Huston appartient incontestablement à cette deuxième catégorie. Et elle ne se contente pas d'adopter à chacune de ses œuvres une voix différente, puisque même changer de genre narratif, quitte à -presque- tous les expérimenter, ne lui fait pas peur (ainsi que je l'ai déjà évoqué ICI) !

Et ce n'est pas la lecture de "Trois fois septembre" et d'"Histoire d'Omaya" qui va me faire changer d'avis. Mon admiration pour cette auteure dont la seule constante, d'un roman à l'autre, est l'extrême qualité de son écriture, a encore été renforcée, tant elle y démontre une fois de plus sa capacité à nous émouvoir et à nous envoûter par le seul pouvoir de sa plume.

"Trois fois septembre" nous fait passer un week-end en compagnie de Renée, professeure de français dans un lycée américain de la région de Boston, et de sa fille Solange, étudiante.
L'établissement dans lequel exerce Renée -"La Colline"- se veut un lieu préservé de l'agitation du monde : télévision, radio et journaux y sont interdits. Solange y a été élève, et c'est à cette occasion qu'elle a fait la connaissance de Selena, dont elle est devenue une amie proche. Proche au point d'être en possession du journal de cette dernière, dans la lecture duquel elle et sa mère vont s'absorber le temps de ce week-end, en quête de réponses à des événements dont nous découvrons peu à peu la teneur.

D'emblée, grâce a un sens aigu des détails, qu'elle sait rendre significatifs sans qu'ils soient jamais fastidieux, Nancy Huston nous happe dans son récit, nous attache à ses personnages, et nous donne envie d'en savoir plus.

Le journal de Selena débute en 1969, à l'époque de Woodstock, de Bob Dylan, des Beatles, des premiers pas sur la Lune... celle aussi de la guerre du Vietnam et du LSD, de l'arrivée de Nixon au pouvoir...
Négligée par un père fantasque et une mère infantile -ses deux parents étant séparés-, Selena est une jeune fille intelligente et extrêmement sensible, capable de s'émouvoir avec autant d'intensité devant la beauté d'un paysage que face au malheur d'autrui. Nancy Huston prête à cette amoureuse des mots qu'est son héroïne une écriture superbe, à la fois poétique, romantique, et puissamment évocatrice de ses émotions, de ses souffrances, et de l'amour si fort qu'il confine à la démence qu'elle éprouve pour Jonathan. Ce dernier, qui porte comme un fardeau le passé de persécutions de ses parents juifs polonais, s'est engagé au Vietnam, dans un élan déraisonné pour donner un sens à son existence.
Cette séparation est une épreuve qui finit par devenir insurmontable pour Selena, dont la réceptivité aux injustices du monde s'en trouve exacerbée. Elle semble peu à peu se détacher de la réalité qui l'entoure, blessée par la superficialité qu'affichent, selon elle, les étudiants qu'elle côtoient.

Lire, par l'intermédiaire de Solange, le journal de son amie Selena, c'est éprouver la dérive d'une âme trop fragile pour supporter la violence du monde.


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[Ultraviolet | Nancy Huston]
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mamoune



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Posté: Sam 02 Avr 2011 11:53
MessageSujet du message: [Ultraviolet | Nancy Huston]
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Lucy nous livre ses pensées en les écrivant dans le carnet qu'elle a reçu pour ses 13 ans. C'est une jeune adolescente qui étouffe dans tous les sens du terme , il fait très chaud en cet été 1936 mais elle a aussi de plus en plus de mal a supporter ses parents, sa famille.....normal à cet âge :)
Elle va évoluer et grandir cet été là grâce à l'arrivée dans la famille d'un jeune homme.
J'ai beaucoup aimé la façon dont cette toute jeune fille aime les mots et leur sens caché, leurs racines.....j'imagine que l'auteur se dépeint un peu dans ce plaisir à trouver le bon mot et ce besoin d'écrire pour mieux comprendre et aimer la vie ;-)
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[Ultraviolet | Nancy Huston]
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andras



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Posté: Dim 05 Juin 2011 17:02
MessageSujet du message: [Ultraviolet | Nancy Huston]
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Un joli livre pour ados ... ou plus grands !
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[Une adoration | Nancy Huston]
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nany




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Posté: Dim 07 Jan 2007 14:31
MessageSujet du message: [Une adoration | Nancy Huston]
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J'ai vraiment bien aimé cette histoire et cette présentation de celle-ci. La peinture des personnages est vraiment intéressante aussi, je trouve qu'elle peut permettre d'approcher la compréhension du fonctionnement de l'être humain, qui n'est jamais tout blanc ni tout noir... Et puis l'art et les rêves, l'amour ont aussi une importance primordiale...
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[Une adoration | Nancy Huston]
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Teresa



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Posté: Ven 13 Avr 2007 22:29
MessageSujet du message: [Une adoration | Nancy Huston]
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J'ai eu bien du mal à accrocher, et si je l'ai vite lu, c'est surtout pour passer au livre suivant ! Alors que j'ai beaucoup aimé L'Instrument des Tenebres et Dolce Agonia, ce livre polyphonique ne m'a pas plu.
L'auteur a beau nous interpeller, nous lecteurs, je ne me suis pas sentie concernée. Peu m'importait de connaitre l'assassin de Cosmo, je ne me suis pas approprié le rôle du juge que Nancy Huston veut nous confier.
La construction du livre est certes originale mais un peu trop lourde...

Mais je crois que le dernier Huston est un bon cru ? (Lignes de Faille)
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[Une adoration | Nancy Huston]
Auteur    Message
andras



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Posté: Sam 04 Nov 2006 21:45
MessageSujet du message: [Une adoration | Nancy Huston]
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J'avais été un peu déçu par le précédent livre de Nancy Huston : Dolce Agonia. Avec celui-ci Nancy retrouve son formidable talent de conteuse (L'empreinte de l'ange, Instruments des ténèbres, etc.) et nous entraine dans le Berry sur la trace d'un comédien-magicien Cosmo et nous fait littéralement vivre la vie des gens qui l'entourent, pour le meilleur et quelque fois pour le pire. Encore une fois chez Nancy Huston, aucune concession n'est de mise. Ce qui doit être dit ou fait sera dit et fait. Et magnifiquement retranscrit par la romancière.
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[Une adoration | Nancy Huston]
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pouniette



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Posté: Mar 04 Juil 2006 21:26
MessageSujet du message: [Une adoration | Nancy Huston]
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Bon que dire, je suis un peu septique, au début (les 150 premières pages) j'ai vraiment eu du mal à accrocher, probablement à cause de la forme du récit, et puis en suite plouf, çà va mieux, et j'ai pris vraiment du plaisir, à lire cette histoire glauque...
Les personnages sont finement humains et névrosés, voire totalement névropathes.....
J'ai vraiment beaucoup aimé le fait que les personnes tout d'abord par l'intermédiaire de leur récit retourne dans le passé, et on voyage dans le temps avec eux, en les "voyant" vieillir, et que même la mort ne peut interdire à quelqu'un de témoigner.
Bon je préfère quand même largement l'empreinte de l'ange, mais le titre de celui-ci est quand même très bien trouvé, fin et pointu.
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[Une adoration | Nancy Huston]
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ingannmic



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Posté: Mar 15 Juin 2010 8:27
MessageSujet du message: [Une adoration | Nancy Huston]
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Ce que j'aime avec Nancy Huston, c'est que lorsque je commence un de ses romans, je ne sais jamais vraiment à quoi m'attendre.
La seule chose dont je suis sûre, c'est qu'il y a peu de risques pour que je sois déçue. Chacun de ses livres est différent, et possède un charme et un intérêt particulier, de la vertigineuse mise en abyme de son "Instrument des ténèbres" au compte à rebours narratif de "Lignes de faille", en passant par le long et émouvant monologue-hommage de "Cantique des plaines"...

Dans "Une adoration", elle a choisi de faire s'exprimer ses personnages comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre. Sauf qu'il n'y a ni scènes ni actes, et pas de décor non plus. Seulement la voix des divers protagonistes qui s'expriment, dans le cadre d'une sorte d'audition, suite au meurtre du célèbre comédien Cosmo. Nous "entendons" Elke, sa maîtresse, et les enfants de celle-ci, Franck et Fiona, ses parents, André et Josette, et aussi des témoins plus étranges, tels Don Juan, un étang, une baguette de pain... la romancière elle-même intervient comme un personnage. Tous s'adressent à celui qu'ils appellent "Votre honneur", juge chargé de recueillir les témoignages, et que l'on devine être le lecteur...

Les dépositions sont aussi l'occasion, au-delà des circonstances qui ont conduit au meurtre de Cosmo, de dépeindre l'existence sur plusieurs décennies d'un petit village où tout le monde se connaît, où l'on est considéré comme un étranger dès lors que l'on vient ne serait-ce que de la ville voisine, où la lâcheté, l'étroitesse d'esprit et la suspicion font le malheur de ceux qui osent sortir des sentiers battus, et n'adhèrent pas au "bon sens paysan" qui interdit toute manifestation de joie ou d'émotion.

Tout au long du roman, Nancy Huston joue avec la notion de relativité du réel, dont Elke est la principale porte-parole. Souvent elle insiste sur le fait que les événements, voire les individus, acquièrent en partie leur réalité grâce au regard qu'on leur accorde ou à la mémoire qu'ils ont inscrit en nous. Tout comme la tangibilité de l'oeuvre littéraire dépend de l'attention que lui porte le lecteur : "sans juge, pas d'audition"...

Et à l'inverse, l'écrivain, par le pouvoir d'évocation des mots, peut donner l'impression de rendre la fiction réelle : ce qui est mis en parole devient existant. Et pour symboliser cette idée, Nancy Huston utilise un procédé assez original : à certains moments, elle fait comme si ses personnages avaient une vie propre, et la possibilité de s'exprimer de leur propre chef... malgré tout, ils restent enfermés dans le rôle qui leur est dévolu, même s'ils s'en plaignent parfois ! Une contradiction qui m'a fait penser aux tragédies grecques dans lesquelles les héros n'ont d'autre choix que de suivre leur destin, tout en restant libres de le déplorer...

Ce qui, en tout cas, est bien réel, c'est le plaisir que j'ai pris à cette lecture... et le fait qu'une fois de plus, Nancy Huston démontre qu'elle est une auteure de talent !

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[Une adoration | Nancy Huston]
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Lazy



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Posté: Lun 16 Avr 2007 16:20
MessageSujet du message: [Une adoration | Nancy Huston]
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"Pour élucider la mort du célèbre comédien Cosmo, les personnages qui l'ont côtoyé comparaissent devant le tribunal des lecteurs : l'amante illuminée, la fille fascinée par l'image du père, le fils haineux et quelques autres vont dessiner à travers leur dépositions entrecroisées le cadre du drame. Une histoire d'amour fou qui dévoile les violences de l'ordinaire.
Nulle vérité mais des points de vue, qui se croisent, se contredisent ou se renforcent, dans un discours étendu sur 13 journées dans un petit village français. Les révélations en disent autant sur la victime que sur les personnages eux-mêmes"



On pourrait refermer ce livre sans le finir si facilement. Le procédé (des personnages venant un a un parler, du lecteur comme juge) est facile, les personnages a la limite de la caricature.

Pourtant je me suis laissé embarquée malgré tout les défauts. Je l’ai lue d’une traite, découvrant a chaque « audition » une strate supplémentaire des personnages.
De tout ces témoins, on peut n’en retenir que le cliché effectivement car ils sont simples, basique, fondamentaux …ils existent, ils sont. J’écoutais leur histoire et dans chacune de leur paroles, je ressentais l’urgence et la vie, comem les poèmes.
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