Pour passionné de la Seconde guerre mondiale !
Olivier Wieviorka est un historien universitaire, donc ne pas s'attendre à une fresque à la Anthony Beevor avec description épique du débarquement ,anecdotes de soldats,compilations des horreurs de la guerre en technicolor....Wieviorka se veut avant tout scientifique. Son livre n'en est pas moins fort intérressant , même si justement un peu de souffle à la Beevor aurait "boosté" l'intérêt du lecteur dans les passages lénifiants où l'auteur nous décompte les divisions, les brigades, les numéros des régiments, le tout agrémenté d'une louche de pourcentages et de statistiques....
Ceci dit Wieviorka s'est avant tout intérréssé aux difficultés ,en aval et en amont, qui n'ont pas manqué d'entourer le débarquement : choix de l'endroit, à quelle date ? quid des Russes ? et que faire avec cet olibrius de De Gaulle ? Il s'est aussi intérrogé sur les rapports des soldats avec la population normande ; des questions souvent occultées comme le pourcentage important de soldats victimes de "burn out" ; les américains, plus que les brittaniques, envoyèrent des psy (déjà...) afin de "soigner" ces soldats avec le but qu'ils remontent vite au front.
Ce que l'on peut retenir de cet excellent livre c'est que le débarquement n'allait pas de soi et que sa réalisation fut souvent une suite d'improvisations dans l'urgence absolue. Les armées allemandes n'étaient pas une poire blette prête à tomber .Souvent c'est la désobéissance aux ordres qui permit aux alliés de forcer la donne, car la supériorité numérique comme la supériorité technique sont illusoires dans les premières heures de la bataille. Ce n'est qu'après la percée de la poche de Falaise et la destruction du réduit de Caen (qui se solda par la destruction de la ville....) que le rouleau compresseur US avec sa logistique huilée prit sa vitesse de croisière qui le mena aux frontières allemandes en moins de six mois.