« Des raisons, on peut toujours en trouver ». Ces 1ers mots du texte sont ceux de Martial, le jeune narrateur. Il vient de céder à ce que l'on nomme parfois une folie meurtrière : lors du mariage de son frère, il a ouvert le feu sur les personnes réunies dans le jardin, faisant 7 morts... Il est lui-même blessé et le temps du trajet en ambulance, il revient sur les faits.
A Mortagne, il y a ceux du bois et ceux de la vigne ; depuis toujours, les 1ers vouent une haine tenace aux seconds et vice-versa. Lors des affrontements, l'alcool aidant, les insultes et les poings sont leur seul langage. Chez Martial, on travaille à la scierie de père en fils, mais il a décidé quant à lui de prendre la tangente et s'est orienté après la 5ème vers un CAP de mécanique, au grand dam de sa famille. Il n'a qu'un seul désir, rompre avec Mortagne et « sa population de bourrins ». Hélas, il va lui-même sombrer dans la violence, face à l'insupportable bêtise de quelques scieurs, dont son propre frère.
Avec Je mourrai pas gibier, Guillaume Guéraud frappe très fort ; le récit se lit d'une traite, en retenant son haleine, tant il prend le lecteur aux tripes... Un roman dérangeant sur la misère sociale, traité avec talent, sans fioritures avec des phrases courtes, brutales. G. Guéraud ne recherche pas l'effet de style, il décrit froidement des actes d’une grande violence, qui eux-mêmes trahissent le dégoût, l'impuissance et la rage du narrateur.
Ce roman a reçu le Prix Sorcières 2007. A lire également en bandes dessinée, adapté et illustré par Alfred.
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