[Le libraire de Kaboul | Asne Seierstad, Céline Romand-Monnier (Traducteur)]
La journaliste norvégienne passe une certaine période au domicile d'un libraire de Kaboul après avoir assisté à la défaite des talibans. Elle raconte la vie quotidienne de tous les membres de la famille, en consacrant un chapitre à chacun.
Au départ nous assistons à un prodigieux équilibre, assurément pas donné d'avance, entre la sympathie qui la lie au libraire, pour son amour des livres qu'elle croit être une valeur commune, son devoir de reconnaissance pour l'hospitalité reçue, mais, d'autre part, sa solidarité à l'égard des femmes de la famille qui en sont les membres humiliés et bafoués. Au fil des pages, les sentiments de la femme scandinave sont de plus en plus mis à l'épreuve par les règles sociales et familiales qu'elle observe, sa solidarité humaine et féminine ne peut plus rester "anthropologiquement neutre", et sa prose devient passionnée contre une réalité insupportable où les règles talibanes ont été irrémédiablement intégrées et où il semble impossible à quiconque, mais surtout aux victimes sacrifiées que sont les femmes, d'être heureux, joyeux, voire même seulement serein.
Outre la valeur exemplaire du travail comme témoignage contemporain de ce pays où la France s'apprête à envoyer encore d'autres militaires (...), je trouve que ce livre provoque une interrogation salutaire sur l'inadéquation de nos deux approches possibles envers un tel pays: ni culturalisme à outrance (chez eux c'est comme ça), ni justification de l'universalisme de (nos) valeurs. L'aspet le plus dramatique demeure, bien entendu, que la "talibanisation des esprits" n'est pas, à l'évidence, un retour au passé.
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