Ayant été adaptée pour la télévision et le cinéma, l'histoire de la planète des singes est bien connue. Ulysse Mérou, débarqué par hasard sur une planète, découvre que celle-ci est en beaucoup de points similaire à la Terre. Mais il y a une énorme différence : les singes sont des êtres particulièrement développés alors que les humains sont à l'état d'animal. Ulysse Mérou, confondu dans la masse bestiale est rapidement enfermé dans une cage. Malgré la barrière de langue, de culture et d'histoire, il va tenter de faire comprendre qu'il est habité par une conscience.
On comprend pourquoi ce livre a suscité tant d'engouement : il pose des questions essentielles sur l'histoire de l'humanité, sur la supériorité humaine. En créant ce monde simien tellement semblable au notre, Pierre Boulle exprime une réelle critique : par son histoire on découvre toute l'horreur et la violence dont fait preuve notre monde, notamment les scientifiques. Par cet aspect, la planète des singes rempli le contrat classique d'une œuvre de SF : un monde étranger qui permet de construire un parallélisme faisant naître une réflexion sur les fonctionnements de notre propre monde.
Malheureusement, Pierre Boulle ne transcende pas ce classicisme SF… Il lance des amorces scientifiques (comment les singes sont arrivés à être aussi développés), des problèmes sociaux importants (l'amour entre différentes races, l'ambiguïté relationnelles entre êtres intelligents et bêtes…) mais il ne va pas jusqu'au bout de ses réflexions. Finalement le roman tombe dans un manichéisme machiste impressionnant. Ulysse Mérou couche avec la bimbo débile et repousse la chimpanzée intelligente, car seules comptent les apparences.
Toute l'histoire des singes est vite bâclée (à peine quelques lignes pour expliquer ce qu'il s'est passé sur cette planète). On ne voit aucune évolution. Le découverte historique de l'histoire de Soror frôle le ridicule par une supposition de mémoire collective atavique, tout aussi ridicule que le retour brutal à l'état sauvage du scientifique, compagnon humain d'Ulysse. On a l'impression que Boulle a zappé toutes les séquences demandant un peu trop d'imaginations. Finalement ce roman est distrayant, mais ne dépasse pas les questionnements habituels de la SF, et exploitent des clichés assez caricaturaux. Les personnages ont l'air tous assez satisfaits de leur situation, alors que beaucoup de questions sociologiques et psychologiques auraient pu être soulevées.
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