Mehdi, garçonnet marocain de dix ans, se retrouve boursier au lycée français de Casablanca. Chétif, taciturne jusqu'à sembler muet, boulimique de lectures, d'un naturel enclin à la rêverie, il est totalement désorienté dans son nouveau milieu. Atteint de "hchouma, cette forme de pudeur qu'il semblait porter dans ses gènes" (p. 300) il se perçoit et redoute par-dessus tout d'être pris pour un imposteur. Malgré un accueil somme toute bienveillant des adultes qui l'entourent, et en dépit de ses efforts gigantesques pour s'assimiler (ou se faire assimiler ?) dans cet univers étrange et étranger qu'est pour lui la culture française, il se sent égaré, parfois rejeté. Mais ce sentiment d'égarement et d'étrangeté, se rend-il compte, concerne aussi la culture marocaine dont il est issu, et en particulier sa mystérieuse figure paternelle. Voué à être incompris en profondeur, il n'a de salut que dans la reconnaissance par l'excellence scolaire.
Mis en relation avec Le Petit Chose et Le Petit Nicolas, il me paraît évident qu'il faudrait ajouter un pan à ce triptyque d'analogies littéraires de ce roman : le personnage de Momo dans La Vie devant soi.
Dans une langue inventive et pleine d'ironie, mêlant spontanéité enfantine et images oniriques, c'est en effet la lourde problématique du choc culturel qui est mise en scène, entre tragédie et comédie. Si l'auteur se défend avec zèle de l'identification et du récit autobiographique, le deuxième degré de la littérature migrante est pourtant fatalement et heureusement là.
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