Léon Bourdouxhe est un bad boy, à la fois minable et flamboyant. Arrivé à la fin de son mauvais parcours, il confesse sa vie à une interlocutrice - dont nous ne savons rien. Il évoque son enfance à Herstal, une banlieue industrielle du sud de la Belgique, son papa emprisonné pour ses activités pendant la guerre, l’engagement à la légion et la torture en Algérie, la désertion, le Congo, les violences au moment de l’assassinat de Lumumba, la formation des cadres antirévolutionnaires en Amérique latine et les actions brutales, la sauvagerie, la corruption. Les femmes aussi, l’argent vite gagné, vite perdu… Mais ce sale type à l’idéologie rudimentaire est aussi un bon camarade, un bon fils, il peut faire preuve d’humour, d’autodérision, il reste fidèle à un amour de jeunesse, et dans ses moments d’opulence, il est capable de générosité. Bref, un salaud sympathique, en définitive. Parce que la vie est comme ça, tout n’est jamais tout blanc ou tout noir.
J’ai beaucoup aimé ce roman totalement addictif : les aventures de notre anti-héros s’enchaînent à un rythme rapide et, malgré l’horreur, la fantaisie n’est pas absente. Le burlesque est discret et tient en éveil notre attention, comme une parole bienveillante qui nous mettrait en garde contre la malfaisance de Léon. Les personnages secondaires sont très intéressants, en particulier la maman, l’ami légionnaire mais surtout le fils de Léon - plus odieux que ça tu meurs, et malgré tout tu ne lui en veux pas parce que tu sais d’où il vient… Quant au style d’André-Joseph Dubois, il est tout simplement élégantissime.
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