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[Le remède et le poison | Dick Wittenborn]
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Mariecesttout



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Posté: Ven 18 Oct 2013 1:55
MessageSujet du message: [Le remède et le poison | Dick Wittenborn]
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Le remède et le poison( Pharmakon)
traduit de l'anglais ( Etats-Unis) par Josée Kamoun
Editions du Seuil


Le narrateur de cette histoire assez terrifiante ( même si elle est tellement pleine d'humour que c'est un régal à lire.., mais l'auteur fait dire à son personnage qu'il n'a jamais perdu l'habitude de rire des choses qui lui donnent envie de pleurer..) s'appelle Zach. C'est le 5 ème enfant d'une famille américaine, et comme il le dit d'emblée, il doit sa naissance à un homme venu tuer son père. Son père n'est pas mort, mais son frère si. Ainsi que la collègue de son père.

Histoire terrifiante car tout à fait autobiographique. Le père de Dirk Wittenborn, J.R Wittenborn ( j'ai vérifié..) était psycho-pharmacologue, il a mis au point en 1955 les premières échelles appliquées à la psychiatrie , l'objectif étant d'apprécier le changement symptomatique lors d'un traitement par psychotrope. Et l'histoire de l'assassinat par un psychotique n'ayant pas bien supporté, nous dirons, le traitement prescrit par sa collègue psychiatre lors d'une étude soit disant en double aveugle, est vraie également.

A partir de là, Dirk Wittenborn a écrit un roman, et à vrai dire on se moque un peu de ce qui est vrai ou non dans sa description des personnages et de leur parcours.. Mais certainement beaucoup quand on lit sa propre histoire!
Pourquoi était-il devenu psychologue, son père? Il n'y a rien, souvent, de moins anodin, que le choix d'un métier. On apprend très vite l'existence d'Homer, son frère aîné, et cette institution où sa mère avait expédié son premier né le lendemain du jour où le cadet était parti en fac. A l'époque, la psychiatrie était très interventionnelle et l'état dans lequel J.R rebaptisé Will Friedrich dans le roman, va retrouver son frère va décider de sa carrière:


"Le docteur Cotton se disposait à charcuter Homer et son intestin le lendemain même. Faire sortir son grand frère avant cette intervention coûta à Will tout l'argent qu'il devait consacrer à ses études... Il n'aurait pas su dire s'il était devenu psychologue pour soigner son frère ou pour pardonner à sa mère; ce qu'il savait, en revanche, c'est qu'il n'était parvenu ni à l'un ni à l'autre."

Et quand il repensait à cette période de choix:

"En cet instant précis, il pensait surtout à ce qui lui avait fait perdre la foi en la psychanalyse- cette exhumation des vieilles blessures, cette déconstruction des rêves, cette dissection des fantasmes et des choix de termes- à savoir que, après toutes ces années d'auto-analyse, il n'était pas plus heureux d'un iota. Epuisé, vidé de son énergie, se satisfaisant mal de passer sa vie à gratter ses propres croûtes, il aurait voulu guérir ses patients ,et non les écouter saigner. Le saignement de sa propre tête lui suffisait amplement."

Et voilà, c'est parti. Parti pour un roman passionnant, drôle, très fin, dont le sujet de fond est finalement la drogue, légale ou non,la drogue et le bonheur sur mesure, à travers l'histoire de cette famille.

Le style évoque beaucoup John Irving, c'est construit de telle façon qu'on ne peut lâcher le livre avant la fin, il n'y a aucun jugement- c'est arrivé, point- et au contraire une grande tendresse pour tous les personnages auxquels , tous , on arrive à s'identifier sans aucune peine. Tous veulent le bonheur des autres, mais..

On sent que Dirk Wittenborn, après quelques passages houleux (" Il est difficile de penser à deux choses en même temps, surtout quand l'une des deux est: Suis-je fou?'), a longuement réfléchi à son histoire familiale , pour notre plus grand plaisir.

Et le roman se termine en refermant la boucle avec Will Friedrich devenu vieux:

"Fermant les yeux sur tout ce qui l'entourait pour ne garder que le souvenir de son frère perdu depuis si longtemps, respirant dans l'obscurité de leur enfance, il ressentit une impérieuse envie de pleurer. Il en connaissait les vertus thérapeutiques, il ne demandait pas mieux que d'y céder, mais ses yeux restaient secs. Privé de la réassurance qu'il pouvait encore pleurer, Friedrich se demanda si l'on pouvait prescrire des larmes sur ordonnance."

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