« C-Maupin » a écrit:
Ce livre est cruel, mais ce n'est pas parce que le sujet est dur qu'il ne mérite que deux étoiles. Pour ma part je trouve que Zola l'a magnifiquement traité. Je crois qu'on oublie maintenant la passion pour la terre qu'avaient autrefois les paysans : c'était la richesse, autant prisée que maintenant l'argent, mais en plus on avait pour elle de l'amour, pour les efforts qu'on lui consacrait et les fruits qu'elle rendait, ce qui pouvait provoquer une passion peut-être plus dévastatrice que celle de l'argent. Cet amour de la terre apparaît chez les autres auteurs de l'époque (je pense en particulier aux "paysans" de Balzac, en moins violent bien sûr).
Mes deux étoiles ne sont pas la rançon d'une sensibilité heurtée mais celle d'un sentiment d'invraisemblance et le rejet de l'outrance. Je refuse de voir les paysans de ce temps comme un conglomérat de brutes dégénérées occupées à se dévorer entre soi presque au sens propre, même si j'imagine que ce genre d'êtres existe, chez les paysans comme dans d'autres milieux. Ça va au-delà de "l'amour" ou "la passion" de la terre. Le côté un peu caricatural dans lequel Zola tombe parfois, par souci didactique, et que je lui pardonne toujours bien volontiers, devient grand-guignolesque ici ! Il a rompu le pacte naturaliste : je ne vois pas la classe paysanne dans ce miroir grotesque.
Citation:
Pour ma part, on m'a conseillé la lecture de Germinal quand j'étais en troisième et le viol m'a tellement choquée que je me suis refusée à lire aucun livre de Zola dans les années suivantes.
Oui, la scène du viol, c'est le bouquet ! et c'est notamment à ce passage que je songeais quand j'ai décidé de ne pas proposer ce roman à la lecture. Agression sado-maso semi-incestueuse et avortement instantané, ça fait beaucoup !