[La montée des incertitudes : Travail, protections, statut de l'individu | Robert Castel]

Robert Castel, j'aime bien quand il fait le tracé historique du travail dans notre société. J'aime bien quand il pointe du doigt l'insécurité sociale qui se développe, et que cette insécurité-là est autrement plus grave et dangereuse que l'autre, celle dont on nous rabat les oreilles. J'aime quand il montre que si l'individu n'est pas au coeur des politiques, tout est perdu.

Robert Castel, je n'aime pas quand il dit que l'individu ne peut exister que si l'Etat renforce ses pouvoirs (on a vu ce que le communisme a donné en pratique). Je n'aime pas quand il dit que l'important n'est pas de chercher ce qui devrait être - un peu d'utopie, ça lui fait du mal dirait-on - mais qu'il faut se contenter de ce que c'est et faire avec, en le réformant mais surtout pas en le changeant. En gros, il dit qu'on est dans une société libérale, alors réformons le libéral (d'autres diraient "moralisons le libéralisme"...) et on tendra vers la société idéale. A ce moment il m'énerve Robert, parce que ça ne colle pas avec son constat : le libéralisme ne peut pas (par essence c'est impossible) être centré sur l'individu.

Donc rapport mitigé pour ce livre, composé de plusieurs articles de Castel dont beaucoup ont vu des mises à jour et des rajouts, grosse déception aussi, de voir l'esprit "d'anti-changement" dans cet homme qui a écrit "la métamorphose de la question sociale", livre qui m'a beaucoup éclairé à l'époque de sa lecture (vers 2005). Mais en même temps, je salue - je le répète avec plaisir - sa capacité à délivrer l'historique des mutations sociales. Et ça, c'est toujours une délectation!

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