Le protagoniste est un homme d’un certain âge, Mr. Blank qui est seul dans une chambre vide. Il ne sait pas très bien ce qu'il fait là. Il est lent, instable, dans ses mouvements. Inconscient sur le pourquoi de ces conditions et de ce lieu. Il ne se rappelle pas, la mémoire est brouillée. Sur la table du bureau un manuscrit incomplet, une machine à écrire, des photographies qu’il ne réussit pas à associer à des noms. Il commence à recevoir des coups de téléphone et des visites. Ce sont les protagonistes de ses romans.
Un auteur et ses personnages. La métaphore qui est, par moments inquiétante, commence à se dévoiler. Et le rythme lent du récit ouvre les réflexions naturelles du hasard. La responsabilité, certes morale, de l’auteur face aux figures qu’il crée. Leur éternelle survie, immuable. La vieillesse, la mort, seul l’écrivain la connaît. Face à sa conscience, son âme. Les lumières et les ombres. Les certitudes et les contradictions.
Un roman interlocutoire d'Auster. Surtout un exercice de style, presque académique. Par moments, on a l´impression qu’il manque quelque chose. Peut-être, un peu de sentiment. La sensation est, par conséquent, d’avoir affaire à du remplissage qui n’ajoute rien à la production de l'écrivain américain. Il est préférable, même très préférable, d'aller se reprendre Moon Palace, Trilogie de New York ou La musique du hasard.

Après avoir été un grand fan de Paul Auster, je me rends compte que ses énigmes littéraires à double, triple fond, sans compter les jeux de miroirs, me procurent moins de plaisir et de frissons qu'autrefois. Ici, il s'agit d'une fable aux accents kafkaiens où un personnage dont on se doute rapidement qu'il est écrivain se retrouve enfermé dans une pièce, quasiment amnésique et hanté par ses propres personnages et des bribes d'histoires qu'il a autrefois écrites sans les achever. On retrouvera ainsi Anna Blume, Quinn, Fanshawe et quelques autres. Assez loin des grands romans d'Auster à mon avis, dont "Le voyage d'Anna Blume".

Dans le scriptorium
traduit de l'américain par Christine Le Boeuf
Editions Actes Sud

Ouf, je suis soulagée..Je comprends pourquoi j'oublie les romans de Paul Auster aussitôt reposés. Lui aussi!!!
Il me semble toutefois que c'est celui là dont je vais me souvenir le plus longtemps , car cela m'a semblé être une fable-noire- sur l'écriture, et l'angoisse d'un écrivain qui ne sait plus trop ce qu'il a fait de ses personnages antérieurs , et qui ne se retrouve dans son élément que quand on lui donne le début d'une histoire, alors là le pilote automatique est réenclenché..Et donc la vie. Là, il a des repères, ailleurs, il n'en a plus. Qu'une chambre close ( mais l'est-elle?), que des étiquettes qui retranscrivent ce que sont les objets qui l'entourent,( mais c'est facile de les déplacer) que des personnages qu'il peine à reconnaître, et pourtant c'est lui qui les a créés..
Et le livre se referme sur lui-même...

" Quand cette absurdité prendra-t-elle fin?
Elle ne prendra jamais fin. Car Mr Blank est l'un d'entre nous désormais, et si désespérément qu'il s'efforce de comprendre ce qui lui arrive, il sera toujours perdu. Je crois parler pour tous ces pupilles quand j'affirme qu'il n'a que ce qu'il mérite- ni plus, ni moins. Non point comme une sorte de châtiment, mais comme un geste de justice et de compassion suprêmes. sans lui, nous ne sommes rien, et le paradoxe ,c'est que nous, les chimères du cerveau d'un autre nous survivons au cerveau qui nous a fabriqués, car une fois lancés dans le monde, nous continuons à exister à jamais et on continue à raconter nos histoires, même après notre mort.
Il se peut que Mr Blank ait agi avec cruauté envers certains de ses pupilles au cours des années, mais pas un seul d'entre nous ne pense qu'il n'a pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour bien nous servir. C'est pourquoi j'ai l'intention de le laisser où il est. La chambre est son univers, désormais, et plus le traitement durera, plus il finira par reconnaître la générosité de ce que l'on a fait pour lui. Mr Blank est vieux et affaibli mais, aussi longtemps qu'il reste dans la chambre avec la fenêtre aveuglée et la porte verrouillée, il ne peut ni mourir, ni disparaître, ni être jamais autre chose que les mots que j'écris sur cette page.. "

Un vieil homme enfermé dans une chambre voit venir à lui des personnes dont il ne se souviens plus : il a perdu la mémoire... La lecture d'un mystérieux manuscrit occupe sa journée, rythmée également par les visites de ces inconnus qui semblent, pour la plupart, lui en vouloir à des degrés divers.

Un roman court, un peu difficile à appréhender au début, que je ne trouve pas être le meilleur de Paul Auster (loin s'en faut!) mais qui m'a complètement bluffée quand même (ce qui explique les 5 étoiles, au firmament)! Une réflexion sur la création littéraire, les rapports entre l'auteur et ses personnages, bref, une fois de plus, je m'incline bien bas devant le talent de M. Auster, qui prend la première place de mon top 5 personnel des auteurs!

Un homme plus très jeune se réveille dans une chambre inconnue, à la fenêtre et à la porte close. Il ne sais plus qui il est.
Dans la chambre un bureau sur lequel se trouve des documents et des photos en noir et blanc qui lui évoquent quelque chose de très très vague.
Une femme, Anna vient s’occuper gentiment de lui. D’autres personnages viennent successivement lui rendre visite. Peu à peu il réapprend à les reconnaître et à les nommer.
Anna Blume, John Trause, Daniel Quinn, Benjamin Sachs, David Zimmer, Peter Stillman, Marco Fogg….

Et vous, les reconnaissez-vous ?

Bon, je n’en dirai pas plus. Je vous laisse découvrir ce nouveau roman de Paul Auster. Il est génial.
Et je ne dis pas ça parce que je suis une inconditionnelle. Il est vraiment génial