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Les notes de lectures recherchées

8 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 8 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (8 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre :

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Franz



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 01 Déc 2006
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Posté: Mer 24 Juin 2020 16:22
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Les massifs forestiers dans l’est de la France (Vosges, Jura, Alpes) abritent le Lynx boréal, espèce la plus imposante du monde avec une taille équivalente à celle d’un chevreuil et un poids de 25 kg pour les mâles. Madame Lynx présente au lecteur de La Hulotte sa vie (chasse, reproduction) et son œuvre (ses chatons). Sur son espace vital de 45 km de circonférence, le lynx déploie ses techniques de chasse éprouvées qui ne sont pas sans faille malgré des qualités remarquables de camouflage, d’avance furtive, d’attaque fulgurante. Pierre Déom, en naturaliste affûté, n’hésite pas à pointer les faiblesses du félin (incapacité à dissimuler ses proies mortes, à suivre dans le bon sens des empreintes sur la neige). La portée moyenne de trois chatons est élevée exclusivement par la mère. L’autonomie s’acquiert au prix de lourdes pertes chez le prédateur qui peut rapidement s’épuiser et s’affaiblir s’il n’arrive pas à chasser efficacement.
La Hulotte dévoile quelques-uns des secrets d’un animal menacé de toutes parts, dispersé dans un biotope morcelé, cadastré et cadenassé. Nourri de beaux dessins malheureusement pas toujours pleinement visibles, agrémenté de quelques photographies elles aussi pas suffisamment mises en valeur, le fascicule développe une histoire animalière captivante.
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Franz



Sexe: Sexe: Masculin
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Posté: Lun 09 Déc 2019 12:00
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Les bébés de la Bête à bon Dieu tiennent le haut de l’affiche du dernier numéro de la Hulotte paru au second semestre 2019, dans la continuité du précédent fascicule 108 diffusé début 2019. Les larves, hirsutes et peu engageantes, cannibalisent les œufs à proximité. L’attaque des pucerons ne va pas forcément de soi, même si la larve dispose d’une salive corrosive et de six pattes puissantes et véloces. Les mues sont étonnantes à l’instar de la nymphe, dernière étape de la métamorphose, qui subit une révolution organique : « Un nombre très important de tissus et d’organes de l’ancienne larve se retrouvent comme réduits à l’état de bouillie et les produits de récupération sont immédiatement recyclés en de nouveaux organes qui s’assemblent dans le plus grand secret… ».
Avec une admiration visible pour le vivant, une volonté pédagogique et un soin pointilleux pour rendre compte de la complexité de la nature à deux pas de chez soi, Pierre Déom construit humblement, avec constance et talent, une encyclopédie ouverte où chaque nouvelle parution apporte sa pierre à l’édifice qui deviendra peut-être la chapelle ardente de Mère Nature. La Coccinelle y dévoile quelques un de ses secrets, depuis sa prime jeunesse jusqu’à son âge adulte. Le lecteur peut découvrir qu’il existe des retraites hivernales pouvant regrouper en un seul lieu, exceptionnellement, 250 000 Coccinelles à deux points ou que les Coccinelles peuvent migrer, à la recherche d’endroits secs et aérés pour passer l’hiver. Les menaces ne sont pas en reste avec notamment l’arrivée et l’implantation de la Coccinelle asiatique en Europe ou encore le développement de champignons microscopiques contaminant et tuant les Bêtes-rouges. Même si le panorama n’est qu’esquissé, le voyage est grisant comme la vie qui se déploie aveuglément.
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Auteur    Message
Franz



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Posté: Mer 19 Juin 2019 11:20
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Parue le 1er semestre 2019, la coccinelle qui fait la une du journal La Hulotte aura pu amener un brin de printemps dans les chaumines enfumées. Pierre Déom, architecte démiurge d’une vulgarisation scientifique de haute tenue fait le point sur la bête à bon Dieu. Il rappelle la popularité exceptionnelle du coléoptère rubicond puis expose avec son humour empathique habituel les caractéristiques de l’insecte, ses moyens de défense et de chasse (le puceron et son affidé la fourmi font l’objet d’une étude passionnante), sa reproduction (le mâle est un rustaud miro capable de copuler avec un cadavre de coccinelle). Outre la présentation des multiples coccinelles customisées de 7 à 24 points, le lecteur découvre la coccinelle magnifique, cousine germaine de la coccinelle à 7 points, en tous points identique hormis quelques détails infimes et la particularité inexpliquée d’être tolérée par les fourmis et de pouvoir se gaver des pucerons sans être molestée par les fourmis gardiennes du troupeau, friandes du miellat des suceurs de sève. Œuvrant avec modestie et discrétion, Pierre Déom travaille à une encyclopédie des champs et des bois qui pourrait devenir dans un futur proche une source intarissable d’émerveillement et de nostalgie.
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Franz



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Posté: Ven 21 Déc 2018 11:43
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Tombant pile-poil au seuil de la morte-saison, la dernière livraison de La Hulotte propose la suite des aventures du lierre entamé dans le n° 106. Avec son feuillage vert en plein hiver, le lierre apparaît bien comme la plante providentielle pour les insectes, les oiseaux, les mammifères, les murs, les arbres et les hommes. En abordant la 3e vie du lierre, celle de la lumière et de la fructification, Pierre Déom tord le cou aux idées reçues et réhabilite une liane venue du fond des âges, dispensant ses bienfaits en toute discrétion. Tout d’abord, ses facultés d’adaptation et de métamorphose sont étonnantes. De l’état rampant au stade arborescent, sa feuille s’est transformée, presque à tâtons, comme si le lierre expérimentait ses transformations au fur et à mesure de sa croissance tel un laboratoire à ciel ouvert. Puis sa floraison, décalée dans la saison, est intense et particulièrement nourricière pour des myriades d’insectes dont certains lui sont inféodés à l’instar de l’abeille du lierre qui bénéficiera de quatre pages captivantes décrivant sa vie et ses mœurs en fin de numéro. Enfin, le lecteur ébahi apprendra encore bien des choses dans ce merveilleux numéro sur la douceur du bois de lierre, l’excellence de son miel ou la capacité du lierre à capturer sur ses feuilles les particules fines, des poussières mortelles issues des gaz d’échappement. Refuge, auberge, purificateur, le lierre n’est pas seulement un lieu d’accueil exceptionnel, il offre aussi d’incroyables compositions, des curiosités esthétiques que les reportlierres de La Hulotte photographient en chemin. Quelques-unes de ces trouvailles épastrouillantes figurent en page 7 du bon de commande joint avec un petit catalogue accompagnant le fascicule de Tatie Hulotte.
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Franz



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Posté: Lun 28 Aoû 2017 17:07
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Il fallait bien qu’un jour Tatie Hulotte s’intéressât, autrement qu’en la dépeçant, à un autre membre de la famille des strigidés, la Chouette d’Athéna ou Chouette chevêche, petite boule ronde et trapue accompagnant autrefois la déesse grecque de la sapience dans l’esprit des hommes.
L’enquête du journal de La Hulotte consacrée à Claudine, prénom vernaculaire désignant la petite chouette des bocages, l’identifie parmi les neuf espèces de rapaces nocturnes en France, entre le Hibou grand-duc pesant ses 2,5 kg et la Chouette chevêchette affichant 65 g. La Chevêche d’Athéna, avec 160 g., figure 6e sur l’échelle volumétrique. Espèce commensale, elle a besoin de pâtures rases et d’arbres creux pour se nourrir, nidifier et prospérer. Avec ses 14 vertèbres cervicales, la Chevêche peut pivoter sa tête à 180° et compenser ainsi la fixité de ses yeux. Son vol ondoyant et audible la cantonne à la chasse à l’affût, guettant le mulot étourdi mais son menu est varié, criquet, grillon, sauterelle, lézard, limace, orvet, ver de terre (par temps de pluie, elle peut extirper un lombric par minute), etc. Vient la saison des amours, la reproduction et l’élevage des chevêcheaux (11 g. à la naissance). La Chevêche est la reine des porcheries quant à la tenue de son nid, « bauge pestilentielle », cloaca maxima, où les proies stockées non ingurgitées se putréfient et finissent par grouiller d’asticots. La dégradation des habitats (remembrement), les épandages massifs de pesticides, les collisions avec les automobiles (30 % des effectifs sont anéantis chaque année), les pièges multiples (poteaux téléphoniques creux), la multiplicité des prédateurs (fouine, rat, chat, chien, chouette, etc. concourent à faire disparaître l’oiseau de Minerve.
Pierre Déom, auteur complet, maître orfèvre, produit un nouvel opus de qualité qui complète de belle manière son grand œuvre encyclopédique peut-être voué, pour quelques happy fews égarés parmi les générations perdues à venir, à la nostalgie lancinante des paradis définitivement révolus. La 6e extinction massive de la biodiversité est aujourd’hui lancée en accéléré et rien ne semble pouvoir l’enrayer. A sa façon légère et humoristique, Pierre Déom le dit en introduction et en conclusion de son fascicule : « L’homme… prépare plusieurs [calamités] actuellement mais personne ne sait laquelle réussira en premier ».
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Franz



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Posté: Jeu 25 Fév 2016 22:00
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Barberousse le Rougegorge plastronne avec son jabot orange. Comme l’écrivait le poète belge Maurice Carême, il fait « flamboyer autour de lui l’hiver entier ». La dernière livraison de La Hulotte du 2e semestre 2015 est consacrée au petit passereau insectivore. De ses mesures d’intimidation sur son territoire à son comportement lors de la reproduction, du nourrissage à la mue, Barberousse est mis à nu avec délicatesse par Pierre Déom qui puise aux sources sûres des spécialistes allemand et anglais. Le lecteur découvre que le Rougegorge peut étriller un concurrent, que l’oiseau niche à proximité du sol et s’immobilise, profitant de son mimétisme, à l’approche d’un danger, qu’en 4 heures, un nid peut être construit dans la poche d’une veste suspendue de jardinier, que la femelle en couvaison consomme 40 à 50 becquées par jour, que le froid hivernal peut tuer 9 oiseaux sur 10. Une foultitude d’informations rend grâce à un oiseau commun et peu farouche dont le chant mélodieux s’élève tout au long de l’année. La deuxième moitié du numéro poursuit l’étude du lynx. Madame Lynx s’éloigne définitivement de ses deux chatons à peine émancipés. L’hiver est là et la saison des amours commence. Les distances peuvent être considérables avant que mâle et femelle se trouvent. Le « Bonjour Lynx » consistera « à se placer face à face et à se donner des petits coups de tête, en ronronnant, comme deux nouveaux amis qui fêtent leur rencontre en trinquant avec leur crâne ». La mortalité des félins est effrayante, qu’ils soient percutés par des voitures ou détruits par des chasseurs qui voient d’un sale œil la soixantaine de chevreuils et chamois prélevés annuellement par le lynx contre le demi-million abattus par les hommes. Quelques rares photographies ainsi qu’un bêtisier du lynx traduisent l’imbécillité, l’ignorance et la méchanceté des hommes à l’égard d’un animal emblématique exterminé en France à la fin du XIXe siècle.
Si la qualité des dessins décroît sensiblement dans les dernières parutions, La Hulotte reste une revue essentielle et indispensable ne serait-ce parce qu’elle enrichit le regard du lecteur ainsi porté à mieux sentir le monde alentour.
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[La Hulotte. 101, La Mulette perlière | Pierre Déom]
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Franz



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Posté: Dim 09 Nov 2014 14:40
MessageSujet du message: [La Hulotte. 101, La Mulette perlière | Pierre Déom]
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Quelle mouche a donc piqué Pierre Déom pour qu’il réalise une couverture du numéro 101 de La Hulotte aussi sommaire? Verse-t-il à son tour dans la mode envahissante de l’émoticône galvaudé ou du pictogramme à tout crin ? Sa vieille dame bivalve avec canne et chapeau à fleur arbore un curieux sourire avec son double rang de perles jailli comme des fausses dents de nacre et ses yeux de Droopy dépressif. Que ce smiley à mulette ne décourage aucun lecteur car le contenu caché derrière mérite le détour ! L’éternel ado à chapeau conique Adrien Desfossés part interviewer Mamie Mulette, moule esseulée, au fond d’une rivière à truites. Dans ces cours d’eau froids à fort courant, seulement cinq à six espèces s’y sont adaptées, de la truite au saumon en passant par la Lamproie, la Loche, le Chabot et le Vairon. Le bivalve filtre cinquante litres d’eau par jour et recueille des particules pauvrement nourrissantes au passage : « algues microscopiques, grains de pollen, résidus de racines et de graminées, toutes sortes de plancton insignifiants ». Pour que la mulette perlière vive et se reproduise, il faut que la qualité de l’eau soit irréprochable, « moins de 1,7 milligrammes de nitrate par litre… quatre fois moins que dans certaines eaux minérales du commerce ». Bio-indicateur infaillible des cours d’eau, la mulette est considérée comme une « espèce-parapluie » car là où elle réside, tous les autres poissons peuvent y prospérer. Après une étude en coupe du mollusque, on apprend que la mulette peut vivre largement plus d’un siècle avec des records détenus dans les rivières septentrionales comme en Russie avec une longévité de 190 ans. Pour déterminer son âge, il suffira de compter, après sa mort, les stries bien marquées sur sa coquille en soulevant sa combinaison noire protectrice mais au-delà de 130 ans, sa croissance annuelle n’est que de quelques dixièmes de millimètre. Une loupe sera nécessaire. La reproduction de la mulette est surprenante car sa quasi immobilité la contraint à capturer dans le courant les spermatozoïdes que les mâles déversent quand ils sont en amont. Contrainte, la moule peut devenir hermaphrodite. Les minuscules bébés moules libérés dans la rivière par leurs mères, les glochidies, s’accrochent aux branchies des truites au passage et continuent leur développement en filtrant l’eau rejetée par les salmonidés. Autrefois abondantes en France, les mulettes ont été anéanties par l’exploitation humaine à la recherche aveugle des perles dont les riches étaient friands, par les pollutions des rivières et par la disparition des esturgeons, saumons et truites porteurs des glochidies. Ainsi, la grande mulette (20 cm, 400 grammes, 150 ans), inféodée à l’esturgeon (3,5 mètres, 300 kilos) lui-même disparu des rivières françaises court vers l’extinction car elle ne peut plus se reproduire sans son précieux protecteur.
L’artiste naturaliste Pierre Déom retient l’attention et enrichit le regard du lecteur en anthropomorphisant un mollusque d’apparence anodine. L’humour, toujours bien distillé et les nombreux dessins aèrent efficacement un texte concis et dense qui pointe en fin de course vers la perte irrémédiable de la biodiversité due à la méconnaissance, à l’affairisme et au mépris des hommes.
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[La Hulotte. 100, L’oiseau des glaces : [deuxième partie...]
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Franz



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Posté: Mer 27 Nov 2013 16:07
MessageSujet du message: [La Hulotte. 100, L’oiseau des glaces : [deuxième partie...]
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100e numéro d’une encyclopédie buissonnière débutée maladroitement il y a maintenant 41 ans à l’école de Rubécourt dans les Ardennes et continuée d’une main forte par le maître Pierre Déom, La Hulotte des Ardennes est devenue un journal de référence sur la nature. Si le titre a raccourci en devenant La Hulotte, les tirages se sont allongés pour atteindre aujourd’hui 175 000 exemplaires vendus sur abonnement. La Hulotte a franchi d’un vol silencieux les frontières de l’hexagone. Imprimée en noir et blanc, dessinée soigneusement et précisément à la plume, La Hulotte est hors des modes, des sujets accrocheurs. Elle pourrait rester confidentielle mais le ton léger teinté d’humour est très séduisant ; il n’exclut jamais la valeur de l’information scientifique rapportée et condensée, toujours étonnante et prouvant à l’envi le génie de la nature sans cesse capable de créer et de s’adapter aux contraintes du milieu.
Le n° 100 continue de raconter la vie du Martin-pêcheur débutée dans l’opus précédent. Epié par une pie, véritable commère notant les faits et gestes du couple, elle est aidée par sa sœur nommée Lazulie qui lui envoie des « tuitt » à lire [« twitter » signifie « gazouiller »]. A partir de ses observations couchées dans un carnet et divulguées par la Hulotte, le lecteur s’émerveille des capacités des oiseaux aptes à produire couvée sur couvée, le record étant détenu par un duo de Martins-pêcheurs des bords de la Meuse avec à son actif en une saison quatre nichées de sept oisillons soit vingt-huit jeunes ayant pris leur envol du terrier. Pendant que le mâle nourrit les oisillons, la mère prépare une nouvelle nichée dans un autre terrier. Dès que les jeunes sont capables de voler, le mâle les invective afin qu’ils s’éloignent de son territoire de chasse réservé aux nouveaux venus maintenant éclos : « 50 % des frères et sœurs vont mourir dans les quinze jours qui suivent la sortie du nid, souvent même avant d’avoir pêché leur premier poisson » car ils finissent par se noyer à force de plonger maladroitement, à répétition, leur plumage perdant peu à peu son imperméabilité. Les béjaunes survivants sont refoulés par les adultes et ils peuvent se retrouver à 200 kilomètres de leur lieu de naissance. Le manège reprend pour le mâle pêchant sa soixantaine de poissons par jour afin de sustenter une nichée vorace alors que la femelle s’éclipse à nouveau. Les naissances à répétition devront compenser les lourdes pertes hivernales infligées aux Martins-pêcheurs restés à demeure. 90 % des oiseaux peuvent mourir si une vague de froid s’installe et gèle les cours d’eau ; les oiseaux déjà affaiblis ne peuvent plus s’alimenter.
Les vingt dernières pages sont consacrées à la musaraigne étrusque, le plus petit mammifère au monde, avec 1,8 gramme et à peine la taille d’un pouce humain. Invisible, « Elle est tellement légère qu’elle passe sur les pièges sans les déclencher », la musaraigne, de mœurs nocturnes, vivace, évoluant dans les pierriers, est quasi inconnue. Elle a traversé les siècles sans ne jamais être repérée. Sa présence est attestée par les pelotes de réjection des chouettes effraies qui permettent de dresser une cartographie de l’espèce cantonnée dans le sud du pays ainsi qu’en Corse. Ses déperditions de chaleur l’obligent à manger toutes les deux heures soit une fois et demie son poids d’insectes : « Imaginez un homme de 70 kilos qui enfournerait plus de 100 kilos de nourriture toutes les vingt-quatre heures ». Son hyperactivité et sa vélocité la contraignent à respirer 15 fois par seconde et son cœur à battre jusqu’à 1500 pulsations par minute. Dotée d’un flair hors pair et de vibrisses [moustaches] ultra-sensibles et hyper-mobiles : « vingt allers-retours à la seconde », la musaraigne chasse en pleine nuit avec une précision absolue. En deux dixièmes de seconde, « quasiment la vitesse d’une arme à feu », elle a perforé le dos de l’insecte, « là où se trouvent les centres nerveux ». Au menu, « grillons, criquets,… blattes, scarabées, sauterelles, araignées, papillons, mille-pattes, perce-oreilles et larves de tout acabit ». Face à une mante religieuse, la musaraigne peut y laisser sa vie car l’« ecclésiastique n’est pas du genre à plaisanter ». Crache-sang et punaise arlequin ont trouvé la parade, l’un avec une carapace blindée, l’autre avec un goût répulsif, voire toxique. La reproduction de la musaraigne étrusque est elle aussi remarquable ne serait-ce que par la taille du bébé « à peine plus gros qu’un bonbon tic-tac » avec un « poids incroyable de deux dixièmes de grammes ».
La Hulotte n’est jamais aussi captivante que lorsqu’elle raconte la vie des petites bêtes allaitantes. Pierre Déom excelle à rendre proches et touchants les micromammifères [voir : La Hulotte n° 59, Le muscardin]. Il sait jouer avec les contrastes et mettre en rapport l’animal avec l’homme. Le lecteur averti peut seulement regretter l’absence des dessins pleine page autrefois abondants avec des représentations paysagères époustouflantes de finesse, de précision, de beauté et de poésie mais il ne faut pas bouder son plaisir. La lecture toujours enthousiasmante, enrichissante, amusante amène à un meilleur ancrage sur cette bonne vieille Terre, histoire de ne pas perdre la boule à force de poser le nez sur des écrans et de perdre son esprit dans la Toile.
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