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Les notes de lectures recherchées

18 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 18 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (18 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre :

[Strangers in paradise. 18, A tout jamais | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Localisation: Nîmes

Posté: Lun 18 Juil 2016 21:29
MessageSujet du message: [Strangers in paradise. 18, A tout jamais | Terry Moore]
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Delicate touch.
L’ultime épisode de Strangers in Paradise (SIP for the happy few) débute par la dispersion des cendres du frère de Brad, Griffin Silver, rock star assassiné par un fan et se clôt par l’envolée sous la neige des poussières de David, terrassé par une hémorragie cérébrale. Entre ces deux extrêmes, une foultitude d’événements se déploie sur 160 pages et les sentiments s’exacerbent jusqu’à l’acmé puis l’apaisement. Bien des choses sont dites et faites. L’émotion est presque tangible. Des scènes hilarantes s’immiscent entre des moments poignants comme l’intercalation de la visite explosive de Francine chez le pathétique Freddie Femur et la scène d’amour entre Katchoo et David peinte avec une grande délicatesse. Le contraste n’en est que plus saisissant. Le crayonné montrant David à la croisée des chemins est bouleversante. Une nouvelle fois Terry Moore emboîte une planche encrée représentant la réalité, son coma et l’attitude de ses proches et une planche crayonnée où David s’interroge sur la voie à choisir. Lorsque son choix est fait, il meurt mais semble sourire une dernière fois à Katchoo qui le veille jusqu’à l’épuisement. Les trouvailles de l’auteur sont multiples à l’instar de la double page entièrement noire faisant suite au décès de David, la page se partitionnant ensuite en six cases noires oblongues qui s’animent en page suivante pour représenter la morgue et le corps de David mis en chambre froide. Il y a bien encore l’ultime case quand Francine ferme la porte coulissante de sa maison, prenant congé d’un lecteur voyeur malgré lui, dissimulant son intimité pour mieux la vivre. L’attention que porte Terry Moore à ses personnages, la finesse avec laquelle il les traite durant dix-huit volumes est un enchantement permanent. Bien des questions sont posées avec sensibilité et acuité, des thèmes abordés avec une rare intelligence. Par bien des aspects le comics rappelle la série télévisée Six Feet Under. Qu’avons-nous fait du temps qui nous était imparti ? Avons-nous aimé suffisamment la vie, les autres, nos proches, soi-même ? L’avons-nous bien dit, fait sentir quand cela était possible ? SIP a mis des années à émerger, treize ans aux Etats-Unis et son histoire éditoriale française est truffée de chausse-trappes mais Kymera a fait aboutir l’aventure en France et malgré l’investissement financier conséquent pour le lecteur (pas loin de 300,00 € pour la collection complète), l’acquisition d’une telle œuvre se fait sans regret hormis celui d’en avoir fini un jour avec SIP.
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[Strangers in paradise. 17, Amour et mensonges | Terry M...]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Ven 15 Juil 2016 18:21
MessageSujet du message: [Strangers in paradise. 17, Amour et mensonges | Terry M...]
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Incurable.
David sait qu’il est atteint d’une tumeur cérébrale maligne et inguérissable mais il n’est pas capable de l’avouer à son entourage. Tambi, la sœur Rambo de Katchoo est informée de l’avancée du mal chez David. Elle met immédiatement les pieds dans le plat et remet le couvert à propos de son désir d’avoir un enfant de David. Rien n’est simple d’autant que Casey vient enfin d’avouer à David son brûlant amour. Reste l’incommunicabilité entre Katchoo et Francine, cette dernière de plus en plus délaissée par Brad, son mari médecin qui n’a plus d’heure et semble s’échiner à la tâche.
Avant-dernier opus d’une symphonie majeure du 9e art, « Amour et mensonges » semble utiliser un vieux ressort du soap opera, la mort programmée d’un personnage central mais Terry Moore est un virtuose sur l’échiquier des sentiments et rien n’advient selon la dramaturgie classique. Les remuements sentimentaux sont pudiquement esquissés et ils sont bouleversants qu’ils concernent le quatuor David, Katchoo, Francine, Casey ou les personnages secondaires, Pia et son anorexie par exemple. Flirtant avec le vaudeville, courtisant la tragédie, aimant avant tout ses personnages, l’auteur ne tient pas seulement son histoire d’une main de maître, il réalise une bande dessinée dense, extraordinaire de précision et de fluidité, d’une réelle beauté graphique. La fin se profile et le déchirement se silhouette entre le lecteur et un opéra de papier qui danse, chante et palpite profondément.
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[Strangers in paradise. 16, Tattoo | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Mer 20 Jan 2016 15:26
MessageSujet du message: [Strangers in paradise. 16, Tattoo | Terry Moore]
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La couverture du tome 16 est dans le ton de la série, dévoilant la moitié d’un tatouage au bas des reins de Katchoo, le reste masqué par un jean taille basse moulant, un réseau de cicatrices couvrant son poignet gauche. Puis, en page liminaire, agrémentée d’un croquis de Katchoo et David, une citation d’Antoine de Saint Exupéry est mise en exergue : « La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer ». Ensuite, l’entrée dans l’intimité de l’héroïne se fait en quatre pages quasiment muettes mais éloquentes où le lecteur médusé apprend en même temps que Katchoo qu’elle est mariée à David. La cuite intégrale de la veille semble lui avoir affectée la mémoire. Katchoo ne se souvient pas d’avoir donné son accord d’autant que le mariage peut n’être qu’un canular. Elle n’en accepte pas moins la situation pour le plus grand bonheur du couple en villégiature à Las Vegas. Tout pourrait rouler au pays du clinquant, du fric et du rêve éveillé mais le décor kitch a son envers. Casey, ex bimbo énervante devenue une précieuse amie du trio Katchoo, David, Francine se donne en spectacle à Las Vegas comme showgirl. Elle habite une caravane avec Rusty, sa collègue danseuse et son fils Cody. Obsédée par la disparition de son mari sur la route entre Alamo et Las Vegas, Rusty arpente mètre après mètre le secteur afin de déceler des traces ou des indices du drame afin de pouvoir faire son deuil. Lors d’une virée dans le désert avec Casey, Rusty découvre un mot laissé dans sa voiture par un obsédé du personnage dénudé qu’elle incarne sur les planches. Pendant ce temps, Francine et Brad envisage de déménager à Houston car une carrière médicale prometteuse s’ouvre pour le mari de Francine.
Terry Moore va orchestrer avec une maestria incomparable ces trois trajectoires, les croisant et les décroisant à l’envi, les modulant à mesure en tonalités légères, en fines nuances, ourdissant les drames à venir, déjouant les pièges du moment, allégeant le récit avec humour. Le lecteur pressent l’inéluctable, souhaite le bonheur des personnages tellement vivants et présents qu’ils s’incarnent et se volatilisent au gré des pages tournées et du livre refermé. On voudrait faire durer la lecture que déjà se profile la fin dans les deux prochains volumes. L’auteur semble au sommet de son art. Son graphisme est splendide. Terry Moore intercale intelligemment dans sa bande dessinée les pages plein texte, les croquis, les partitions musicales, les histoires dans l’histoire avec fluidité, évidence et simplicité. Les trouvailles visuelles sont nombreuses. Les mises en page restent constamment belles et inventives au service d’une histoire qui touche au cœur.
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[Strangers in paradise. 15, Futur immédiat | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Mer 18 Mar 2015 11:45
MessageSujet du message: [Strangers in paradise. 15, Futur immédiat | Terry Moore]
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Après l’interlude du volume 14, un peu étique et cacochyme aux entournures, le 15e opus reprend de l’étoffe avec ses 120 pages bon poids. Bien que l’intrigue se relâche en libérant la pression sur le triangle amoureux, Katchoo, Francine, David et qu’une concorde s’esquisse avec l’entremise de Tambi Baker, l’histoire est bâtie sur la sourde souffrance du manque et le travail de sape de l’oubli. Avec une fluidité incomparable et un superbe mélange des genres (insertion de scènes écrites, de toiles peintes, de chansons, de croquis, etc.), Terry Moore joue en maître avec subtilité sur une belle gamme d’émotions. Pour sa première exposition professionnelle de peintures représentant souvent la grande absente, Francine, à la galerie Carolyn Hobbs, Katchoo trouve le succès mais essuie aussi des critiques acerbes. Elle doit composer avec sa propre mise en vitrine. Katchoo disserte avec justesse sur ses motivations : « Ça m’aide de peindre ; ça conserve le réel des choses. C’est ce que je ne peux pas peindre qui s’éloigne et me hante » mais le passé est toujours prêt à l’agripper. L’inspecteur du FBI Sara Bryan n’a jamais laissé filer l’enquête sur les Parker Girls. Elle possède enfin les preuves pour faire plonger Katchoo.
Loin d’être anecdotique, l’histoire se dévore d’une traite. On en apprend un peu plus à propos des parents de Francine et ce n’est pas triste. Freddy Femur prend une ampleur imprévue. Il est irrésistible de drôlerie malgré lui. Bien sûr, la dernière case de l’album retend d’un seul coup tous les fils et incite vivement à entamer le volume 16, antépénultième d’une série addictive et merveilleuse.
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[Strangers in paradise. 14, L'histoire de David | Terry...]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Sam 21 Fév 2015 17:58
MessageSujet du message: [Strangers in paradise. 14, L'histoire de David | Terry...]
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Frapper un ado de quinze ans asthmatique et le tuer entraîne une culpabilité à vie du jeune yakusa Yousaka Takahashi qui va être facilement disculpé mais qui portera comme une croix le nom de sa victime, David Qin, refusant toute forme de violence, se convertissant au catholicisme. Sa demi-sœur Darcy Parker hérite de la fortune de leur père mafieux. Sans scrupule, perverse et cruelle, Darcy mène d’une main froide son organisation criminelle.
14e album d’une série qui se décline sur 18 volumes, SIP fait maigre cette fois-ci avec ses 79 pages pour un récit qui boucle. En effet, l’histoire de David est déjà connue à travers les précédents épisodes mais il est intéressant pour le lecteur de visualiser le traumatisme de Takahashi et sa recherche d’une déculpabilisation quitte à laisser tomber les oripeaux du yakusa pour revêtir le nom et l’attitude d’un adolescent effacé. La paix intérieure n’a pas de prix.
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[Strangers in Paradise. 13, Fleur et flamme | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Ven 30 Mai 2014 18:06
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 13, Fleur et flamme | Terry Moore]
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Léo, bête à part, en prend pour son grade de mafieux de bas étage quand Tambi, dépêchée par Miss Parker, vient le secouer à son domicile et lui révéler qu’il n’est qu’un misérable pion sur l’échiquier du mal. Sa femme, Vicky Weiss, n’est autre qu’une Parker Girl destinée à le surveiller au plus intime. Le préambule du 13e volume de SIP est rythmé comme un film de Tarentino, ultra violent quand l’action éclate mais cool dans l’échange verbal, presque bon enfant : « C’est quoi la recette du Martini ? – Gin et vermouth. – Je croyais que ça c’était un gimlet… ».
Cauchemars à tous les étages : Vicky est hantée, Francine bouleversée, Katchoo anéantie mais la vie suis son cours sinueux, tout en cingle et en retour, en barrage et en cataracte. Francine, enceinte, revient vers son fiancé. Katchoo, soutenue par Casey, décide de reprendre la peinture. Sara Bryan, l’agent spécial du FBI, tente d’approcher Katina Choovanski afin d’accéder au réseau souterrain de Parker alors que Vicky Weiss alias Lindsay Noël resserre son étau sur Katchoo, âprement obstinée à se venger de Tambi en détruisant sa sœur par le feu. Enfin, Francine apprend que son enfant est mort dans son ventre.
Le 13e album est une pierre angulaire dans l’édifice baroque que bâtit Terry Moore. Tout y est subtilement orchestré. La narration est fluide malgré des retours en arrière en introduction, des chassés-croisés entre les protagonistes, des valses-hésitations permanentes. L’auteur distille un humour salutaire entre deux actions tendues ou horrifiques. Il joue comme à l’accoutumée sur différents registres insérant du texte ou des illustrations pleine page, des partitions musicales, un pastiche de Blanche Neige, une photographie. Son graphisme est d’une rare élégance. Le découpage et les cadrages collent au plus près des personnages et puis comme une litanie, il redit des phrases bouleversantes : « Je rêve encore de toi te perdant… Comment puis-je te retirer mon cœur ? Bien que je te perde, je rêve encore de toi ». Et le lecteur est ému aux larmes.
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[Strangers in Paradise. 12, Le cœur sur la main | Terry ...]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Mer 12 Mar 2014 13:53
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 12, Le cœur sur la main | Terry ...]
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Francine souhaiterait tant satisfaire Katchoo, franchir la barrière des corps afin de dispenser amour et béatitude, élévation et bonheur. Francine n’est pas lesbienne dans l’âme mais désire le devenir pour Katchoo. La partie est rude car Francine doit lutter contre son propre regard. Elle décide de se documenter en consultant le rayon gay et lesbien de sa librairie ; elle entame une thérapie. La psychothérapeute le dit sans détour à Francine : « Si vous aimez quelqu’un, dites-le-lui. Si vous voulez lui montrer votre amour, faites-le. Vous ne savez pas ce que l’avenir vous apportera ou vous enlèvera ». Francine décide de se lancer, de s’épiler, de se maquiller, de devenir élégante et désirable pour Katchoo. Elle attend son amour, en vain. Le repas refroidit. Katchoo, lasse d’être délaissée, est partie chercher du réconfort dans les bras de Casey. Naturellement, Francine se tourne vers son amie Casey afin d’obtenir des nouvelles de Katchoo. Las, elle découvre le pot aux pétales de rose. Humiliée, en sanglot, Francine prend la fuite et tombe dans les bras de Brad venue la récupérer.
Le 12e volume de la série atteint encore des sommets. De la difficulté d’être et d’aimer, Terry Moore en fait une symphonie. Alors que Francine, enceinte, s’est échappée d’une vie conforme en délaissant sa famille, le bonheur pourrait être enfin à portée mais les verrous et les blocages intérieurs ne se lèvent pas aisément. L’expressivité des visages est remarquable. L’auteur n’a pas son pareil pour instiller le doute à l’instar de la mise en accusation d’un violeur potentiel par l’énigmatique Mlle Lindsay Noël. Les personnages prennent toujours davantage de relief et de profondeur à l’image de Casey. L’humour n’est jamais loin. On y croise Robert Crumb, le pape aigri de l’underground. La scène au supermarché entre Francine et Piza, la jeune vendeuse est mitonnée aux petits oignons mais c’est Francine qui déguste : « Trop cooool ».
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[Strangers in Paradise. 11, Le meilleur des mondes | Ter...]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Sam 11 Jan 2014 15:19
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 11, Le meilleur des mondes | Ter...]
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Francine, enceinte, à genoux, vomissant, actionne la chasse d’eau (Flush ! Flush ! Flush !). Derrière la porte, sa mère et Brad, le père de l’enfant attendent sa sortie. Comme au théâtre, Francine fourbit sa réplique. Selon ce qu’elle dira, sa vie basculera d’un côté ou de l’autre, vers Brad ou vers Katchoo, dans une vie heureuse, conventionnelle mais loin de l’amour de Katchoo. Francine se lance dans l’aventure avec l’ardent désir d’être l’actrice de sa vie. Entretemps, David a été vertement éconduit par Katchoo. Il quitte le devant de la scène mais il est vite rejoint par Tambi Baker, furieuse qu’il ait laissé Katchoo et n’ait pas assuré de descendance et d’héritier. Face à la rage de Tambi, David lui propose de lui faire un enfant puisque telle est son obsession.
Nouvel opus d’une série captivante qui relance les trois protagonistes (Katchoo, Francine et David) dans la ronde endiablée des sentiments contrariés. L’auteur tisse ses variations et ses nuances sur la portée et sur la toile au canevas conventionnel et jamais l’ennui (« ce monstre délicat » qui « dans un bâillement avalerait le monde ») ne point son mufle laid.
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[Strangers in Paradise. 10, Tropique du désir | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Mer 25 Sep 2013 16:41
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 10, Tropique du désir | Terry Moore]
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Long prologue d’une vingtaine de pages ouvrant le 10e opus de Strangers in Paradise, l’introspection de Freddie Fémur en loser patenté amuse et émeut surtout lorsqu’il revêt les traits de Charlie Brown, grand perdant déprimé du monde du 9e art, inspiré de la vie de son père graphique et spirituel, Charles Schulz. Terry Moore joue des codes du genre avec aisance, humour et profondeur. SIP débute ensuite par les paroles d’une chanson composée par Katchoo intitulée « Lily » et plonge dans l’archipel d’Hawaï. Katchoo et David sont rentiers et profitent du paradis sur Terre. Tambi, la sœurette musclée de Katchoo, les rejoint. Puis arrive l’ex de Freddie, Casey, accompagnée de Joe Campbell rencontré dans l’avion pour Hawaï. Francine, de son côté, remet en question son mariage et sa vie avec Brad. Elle s’avoue et annonce alentour qu’elle aime Katchoo et qu’elle ne peut envisager l’avenir sans aile. En fin de compte, Ashley, la fille de Francine, propose à un éditeur le roman de leurs vies communes et aventureuses, celles de Katchoo et de Francine, vieillies mais toujours aussi amoureuses.
Fin possible de la série, le 10e tome apparaît comme un éventuel dénouement, une fin heureuse (mais qu’en est-il de David ?) des deux protagonistes rudoyées jusqu’à lors. Le volume suivant envisagera d’autres issues. Rien n’est acquis, tout bouge et se recompose au gré d’aléas et de sentiments forts mais flottants.
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[Strangers in Paradise. 9, La rage au ventre | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Ven 26 Juil 2013 15:41
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 9, La rage au ventre | Terry Moore]
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Veronica fait des risettes enfantines mais derrière son faciès bon enfant s’agitent calculs, cruauté, violence sans aucun état d’âme à l’appui. Commanditaire du crash aérien, elle exécute d’une main sûre les deux nervis qui ont échoué. David reprend vie entouré de Francine et de sa mère. Héritier de sa sœur Darcy, il est immensément riche et n’oublie pas ses deux samaritaines dévouées. Décidément clairvoyant, ce jeune homme miraculé explique à Francine médusée : « […] ce n’est que de l’argent… Ca ne vaudra jamais le temps que vous avez passé avec moi… à me donner une seconde chance ». Francine se fiance avec Brad, médecin amoureux. L’idylle pourrait enfin advenir mais Veronica a repris le flambeau des Parker Girls avec une démence froide. Elle ne se contente pas de trancher la gorge de son acolyte Sharon ; elle lui promet aussi durant son agonie emplie d’hébétude un enfer inimaginable agrémenté d’une solitude et d’une souffrance de circonstance. Veronica veut avoir la main ici-bas et jusqu’à l’au-delà. La tueuse souhaite donc faire main-basse sur la fortune de la défunte Darcy et ce n’est pas David, l’héritier attitré qui va faire barrage, tout Yousaka qu’il est. Francine aussi sera mise sévèrement à contribution mais Katchoo veille à travers ses ivresses « pénitentes » et Tambi n’est pas une enfant de chœur non plus.
Alors que ce tome 9 clôt la troisième partie de la série, le lecteur suit les péripéties des trois amis à travers un polar de sang et de larmes, bien loin du soap opéra codifié ou de la comédie convenue. Les révélations vont bon train. L’auteur développe deux intrigues qui se rejoignent autour de la sinistre Veronica d’une part et de la Famille mafieuse d’autre part avec des luttes d’influence souterraines. Si l’action reste prégnante, l’auteur n’oublie pas de jouer avec les personnalités des trois personnages principaux et d’exacerber leurs sentiments. L’ensemble fonctionne à plein et maintient le suspense pour les prochains volumes.
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[Strangers in Paradise. 8, Mon autre vie | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Lun 15 Juil 2013 14:25
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 8, Mon autre vie | Terry Moore]
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Strangers in Paradise fait le point (de croix ?) sur les précédents opus parus sous la bannière de l’éditeur français Bulle Dog qui a passé le relais aux éditions Kymera avec ce 8e album. La maison d’édition française ira au bout de l’aventure éditoriale des comics réalisés par Terry Moore. Deux pages introductives relatent à bon escient la vie mouvementée de Katina Choovanski. Elles sont illustrées par trois cases incompréhensibles de prime abord car hors de leur contexte. La plus mystérieuse reste celle de la personne en respiration artificielle, avec sa trompe articulée vue de face, l’électro-encéphalogramme en fond de case telle une écriture illisible et les énigmatiques idéogrammes calligraphiés à la verticale. Après la lecture, on revient dessus et on saisit alors l’ampleur des dégâts. Pourtant, tout commence à la plage avec Katchoo, David et Francine, « la mer bleue toute la vie, toute la vie ». Bien vite, la discorde survient car les sentiments triangulaires font des étincelles et Katchoo montre son amour pour David, au grand dam de Francine qui préfère ne pas prendre place à bord du vol pour New York, laissant les deux amis s’envoler plus près du soleil. Malheureusement, l’avion a été saboté afin de les éliminer. David doit hériter de sa sœur, la terrible mafieuse Darcy Parker, éliminée précédemment et le pactole fait des envieuses. Sûre de sa mort imminente, Katchoo confesse ses admirations, pour David, pour les nuages d’été, pour la « neige qui tombe au clair de lune », pour l’océan et tout ce qui se cache en-dessous et pour la grande absente, Francine, la seule qui lui manquera vraiment. Le crash aérien est ressenti à distance par Francine au même moment. Une mèche de ses cheveux blanchit instantanément. Dans ce maelstrom infernal, Il est l’heure pour Tambi le nervi d’entrer dans la danse macabre.
Une nouvelle fois, il est quasi impossible de lâcher l’album. Le découpage inventif, nerveux, les dialogues remuant parfois les tréfonds, l’expression percutante des visages, l’insertion de partitions musicales, de textes pleine page, tout intrigue et capte l’attention. L’histoire dévoile ou précise les personnages. Le récit avance à bonnes enjambées. Il arrive que le graphisme ne soit pas toujours excellent à l’exemple des scènes du crash. La couverture de l’album n’est pas non plus très réussie mais ce ne sont que peccadilles vis-à-vis d’une série d’un niveau stratosphérique. Le regret qui pointe est d’en finir trop vite car le 8e tome se situe au mitan de la série. Après, tel le Peak Oil, la production va commencer à décliner, non en qualité mais en quantité, laissant dans son sillage, chez le lecteur, une nostalgie inconsolable.
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[Strangers in Paradise. 7, Sanctuaire | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Dim 23 Juin 2013 16:06
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 7, Sanctuaire | Terry Moore]
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Placé sous le signe de la mélancolie, Sanctuaire, 7e opus d’une série bouleversante, démarre par une citation de Robert Frost, le grand poète américain qui parle simplement de la nature mais oriente la lecture vers une compréhension d’une complexité vertigineuse et jamais totalement atteinte. Il y a bien des similitudes entre l’œuvre de Terry Moore et celle de Robert Frost. Il faudrait aussi évoquer les multiples musiques originales qui émaillent l’œuvre graphique en la dimensionnant différemment. Ici, par bonheur, le lecteur trouve la suite immédiate du tome 6 c’est-à-dire les retrouvailles de Katchoo et de Francine après dix années de séparation. Comme pour mieux donner à saisir l’intensité du moment par un arrêt sur image, Terry Moore écrit un texte et l’illustre. Le dessin demeure toujours aussi expressif mais il est en retrait d’un texte lui-même imagé, prenant aux tripes : « […] notre foyer n’est jamais très loin ; juste derrière les silhouettes qui masquent le soleil ». Katchoo va enfin parler de David, le grand absent mais Moore en décide autrement et il embraye sur le passé des personnages, au moment où Katchoo est amenée à exposer ses toiles. Le jour du vernissage, Francine, modèle de son amie, n’apprécie pas d’être montrée dans sa nudité aux yeux de tous. Le ton monte, les liens se tendent et les sentiments éclatent. La séparation des deux amies est une douleur intense. Malgré tout le pathos, fort bien contenu mais éclatant, le récit se poursuit avec un humour salutaire et un burlesque hilarant ainsi lorsque Casey cherche à s’immiscer dans le chaste couple représenté par David et Katchoo. Freddie Femur, en homme blessé, d’une mauvaise foi comique, finit par séduire. Tout pourrait n’être que scènes boulevardières mais les valses orchestrées entre différentes temporalités dans lesquelles se situent des sentiments complexes et des comportements explosifs ne permettent jamais de s’engoncer dans le cliché et l’ennui. Il est impossible de lâcher la bédé dont les multiples interprétations possibles incitent à une relecture enthousiaste.
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[Strangers in Paradise. 6, Les années lycée | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Mer 19 Juin 2013 22:43
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 6, Les années lycée | Terry Moore]
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Adolescences cosy ou destroy ? La vie semble pimpante chez la brunette Francine alors qu’elle sent le mégot froid chez la blonde Katchoo. Le bahut va les rapprocher. Contrainte, Katchoo déclame en classe un poème qu’elle a composé lors d’un exercice imposé. Emue, la professeure ne trouvera plus ses mots pour la féliciter. Francine est sous le charme. Frederick Femur apparaît déjà tel le triste glandu qu’il sera plus tard, égocentré et obsédé. Arrive la fameuse scène au théâtre du lycée lorsque Francine, tenant un petit rôle dans la pièce intitulée Strangers in Paradise, en s’emberlificotant dans sa toge trop grande, révèle sa nudité à la salle médusée. Pourtant, déjà de sombres marqueurs émaillent le récit et les passages drôles ne font que les accentuer. Le poème de Katchoo puis la révélation de l’inceste et des coups qu’elle subit de son beau-père et son départ précipité, abandonnant Francine éplorée. Francine se rappelle ses années lycée alors qu’elle se dirige vers Katchoo qui lui tourne le dos et qu’elle ne l’a pas revue depuis maintenant dix ans. Finalement, à force de rêvasser, de s’imaginer incarnées toutes deux en Xéna la guerrière et Gabrielle sa fidèle, héroïnes d’une série télévisée plébiscitée dans les milieux lesbiens, Francine loupe son amie et s’enfonce dans la tristesse avec le sentiment lancinant d’avoir raté sa vie et tronqué ses envies.
Le volume 6 est moins remuant que les volumes précédents mais il est constitutif d’une œuvre et il éclaire les personnages en rejouant en boucle les épisodes clés de leur rencontre, les étoffant tout en les dénudant. La richesse de SIP est éclatante à chaque nouvel opus. L’empathie est toujours plus forte. L’auteur excelle à donner chair à des sentiments complexes en se jouant des codes du genre. L’humour est bien présent et nombre de situations convenues se révèlent étonnantes. Le traitement des situations n’est jamais linéaire et Terry Moore se joue à merveille des contraintes spatio-temporelles, passant allègrement du passé au présent et au futur avec fluidité, sans jamais perdre personne en chemin.
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[Strangers in Paradise. 5, Ennemies intimes | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Sam 01 Juin 2013 21:38
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 5, Ennemies intimes | Terry Moore]
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Rachel et Chuck ne font pas bon ménage et quand une tigresse sort les griffes, ça déménage. La rupture annoncée se fait les doigts dans le nez (de Chuck). Il faut dire que Rachel est rappelée par sa patronne, la sinistre Darcy Parker et envoyée sur une mission brûlante. Parker y joue sa crédibilité dans le monde mafieux où elle barbote. Rachel était un agent dormant. La voici lancée dans une nouvelle entreprise de séduction téléguidée depuis les Big Six (la crème fouettarde de la mafia) afin d’infiltrer la Maison Blanche. Entretemps, Katchoo est ramenée au bercail chez Parker. Elle doit accepter de travailler à nouveau pour son ex-patronne si elle veut que la vie de son amie Francine soit préservée.
Le tome 5 est une charnière dans la série. Constitué d’une trentaine de pages supplémentaires, il met l’accent sur pieuvre mafieuse qui gangrène les Etats et les âmes dans sa soif inextinguible de pouvoir. Darcy Parker pourrait presque faire pitié si le lecteur ne découvrait par éclair de quoi elle est capable, ses violences explosives, son sadisme éprouvant, son mépris avéré, son indifférence affichée pour la mise à mort de ceux qui la contrarient. Malgré les sourdes machineries de la pègre, les trois personnages centraux, Francine, Katchoo et David se croisent, se perdent et se retrouvent sans que les fils ne s’emmêlent et que le lecteur ne s’ennuie. L’auteur arrive même à infuser des dosettes d’humour dans la mélasse des jours.
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[Strangers in Paradise. 4, Love me Tender | Terry Moore]
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Franz



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Posté: Lun 20 Mai 2013 19:28
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 4, Love me Tender | Terry Moore]
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La nuit, Francine réconforte Ashley, sa fille de cinq ans, effrayée par le tonnerre. Mariée depuis dix ans, elle apprend fortuitement que Katchoo est dans les parages. Cela fait plus d’une décennie qu’elle n’a plus de contact avec son ancienne amie. Elle s’avance vers elle alors que Katchoo lui tourne le dos et elle se remémore tout leur passé commun. Elles ont emménagé ensemble. Francine répond à une offre d’emploi d’une agence de pub. Contre toute attente, elle est embauchée et pire, elle devient la « fille à préservatifs » qu’attendait un réalisateur pédant et pubeux à qui rien ne doit être refusé. Entretemps, David pose nu pour Katchoo mais refuse que sa nudité soit représentée pour être exposée. Katchoo entre dans une colère noire et brise sa toile. Devant l’inévitable rupture, David se met à nouveau à nu pour dire son amour et finit par avouer sa rencontre avec Jésus Christ. Hors d’elle, Katchoo jette dehors David qui finit par tout quitter. Malheureuse sans vouloir le reconnaître, Katchoo se soûle puis, sur un prétexte fallacieux, s’introduit dans l’appartement vide de David. Rachel, une collègue publicitaire, invite Francine afin de lui présenter son petit ami, Chuck, qu’elle sait avoir été un ex de Francine. Odieuse et jalouse, Rachel dénigre Katchoo.
Déjà le 4e volume des étrangers au paradis et le lecteur flotte toujours sur son petit nuage. Des passages accrochent littéralement l’attention à l’exemple de David racontant en trois cases son salut par la foi ou encore Francine parlant de son angoisse face à l’accélération des choses. Les scénettes sont intelligemment dosées, passant d’un numéro de duettistes entre Katchoo et David aux démêlés de Francine avec son nouveau job dans le monde surfait de la publicité. Sans cesse, le cœur balance entre le rire et la mélancolie. La force de cet opus tient par son entrée en matière avec le flash-forward vécu par Francine. Est-elle devenue cette quarantenaire au foyer, délaissée par son mari ? Comment a-t-elle pu se couper de Katchoo ? Est-ce encore un rêve éveillé ? On aimerait absolument en savoir plus mais Katchoo tourne aussi le dos au lecteur. Impossible de voir le passage du temps sur son visage. Nul doute que Terry Moore en dira plus par la suite. L’auteur est un virtuose pour atteindre des profondeurs abyssales à partir de sujets banals. Dans un monde artificiel qui se déshumanise à mesure, l’empathie peut sauver des âmes à la dérive. Cette bédé est une véritable trouvaille qui doit se bonifier avec les années et pouvoir se relire à l’envi.
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[Strangers in Paradise. 3, La belle vie | Terry Moore]
Auteur    Message
Franz



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Posté: Mer 08 Mai 2013 20:54
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 3, La belle vie | Terry Moore]
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Katchoo est entre la vie et la mort, dans les limbes où son esprit erre et imagine retrouver Emma, son amie défunte. Emma a le visage de Francine. Elle lui murmure qu’elle doit retourner habiter son corps sur Terre : « Tu as toute la vie devant toi. Vas-y, profites-en, c’est un cadeau de Dieu ». Cette scène rêvée est terrible mais elle est traitée avec une grande sensibilité et un véritable respect par Terry Moore. Finalement, Katchoo reprend pied sur le bon vieux plancher des vaches. Si Darcy est en prison, sa terrible garde du corps, Bambi Baker, qui a failli dessouder Katchoo se remet de ses blessures. Autant dire que les loups courent toujours et que d’autres parties à balles perdues restent à jouer. Le 3e tome de la série SIP met la pédale douce sur l’action pour se consacrer aux triangles amoureux qui se font et se défont au gré des protagonistes et des situations. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat mais l’ensemble se lit avec plaisir car l’auteur est un virtuose et compose des situations burlesques ou touchantes en approchant la vérité des personnages. Le graphisme, l’écriture, le découpage, la mise en page forment un tout cohérent.
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[Strangers in Paradise. 2, Les échos du passé | Terry Moore]
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Franz



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Posté: Mer 08 Mai 2013 13:08
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 2, Les échos du passé | Terry Moore]
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Ce 2e opus est une vraie claque d’abord pour David, au sens propre, lorsqu’il se déclare à Katchoo dans les premières pages puis pour le lecteur, au sens figuré, quand il referme l’album. La bédé de Terry Moore est sidérante de beauté, de justesse et d’émotion. Tout ne pourrait être qu’un soap opera (ou roman savon selon les Québécois) dégoulinant de mièvrerie et il n’en est rien car l’art et l’intelligence de l’auteur ne le permettent jamais. D’abord, il y a la mise en page et les cadrages serrés sur les personnages. La visite rendue par Katchoo à Emma son amie mourante du sida à l’hospice Sainte Mary est d’une force émotionnelle jamais ressentie auparavant dans un « opéra de papier ». La sobriété des échanges, la force des non-dits, la vérité des personnages dans une situation extrême qui les engage corps et âme rendent la scène bouleversante. Le récit embraye aussitôt après par une scène ultra violente de passage à tabac d’un détective privé chargé de surveiller Katchoo et qui a perdu la filature. La donneuse d’ordre, Madame Darcy Parker, a lancé Bambi, sa fausse blonde thermonucléaire, un nervi féminin à la main lourde, corriger Digman, le détective malchanceux et retrouver Katchoo dans la foulée. Darcy Parker est richissime mais elle n’accepte pas d’avoir été volée et abandonnée par Katchoo, dit-elle. Au traquenard qui s’ourdit autour du trio d’amis, s’ajoutent leurs déboires sentimentaux car si Katchoo n’est pas insensible à David mais se refuse violemment à lui, Francine commence à éprouver des sentiments amoureux pour David (voir la scène tragi-comique du rêve de Francine) alors même que Katchoo en nourrit pour elle. A cela s’ajoute l’inénarrable rencontre dans le supermarché local avec l’ancien amoureux éconduit de Francine, Freddie, accompagné de sa fiancée Casey. Ils ont prévu de se marier à Hawaï sous une cascade d’eau. Finalement, Freddie se rend compte qu’il n’aime que Francine. La situation vaudevillesque contrebalance efficacement la violence de Darcy Parker et de ses affidés. Les révélations vont d’ailleurs aller bon train et la fin de l’album est un cliffhanger insoutenable.
Terry Moore réussit à équilibrer les tensions sentimentales et dramatiques sans noyer ni ennuyer le lecteur. Les personnages ont une présence indéniable et il est difficile de ne pas éprouver d’empathie pour eux. Des pages totalement écrites s’intercalent dans la bédé et ne nuisent en rien à la qualité de l’histoire. Le lecteur peut légitimement penser aux « Watchmen » d’Alan Moore. De multiples clins d’œil parsèment la bédé et Terry Moore arrive à recycler dans son récit de nombreux clichés du genre en leur insufflant une nouvelle vitalité. Visiblement, l’auteur sait où il va et il n’hésite pas à donner d’entrée de jeu les clés au lecteur.
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[Strangers in Paradise. 1, Je rêve que tu m’aimes | Terr...]
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Franz



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Posté: Mar 22 Jan 2013 19:05
MessageSujet du message: [Strangers in Paradise. 1, Je rêve que tu m’aimes | Terr...]
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Chassé-croisé amoureux vaudevillesque d’apparence, voire burlesque, Strangers in Paradise agrippe dès la première case avec une représentation au théâtre du lycée et un dialogue clamé : « […] sans amour, nous ne sommes rien de plus que des étrangers au paradis ! ». Le titre et le ton sont donnés. Francine Peters y fait de la figuration mais l’apparition de sa grande amie Katina Choovanski (Katchoo) dans les coulisses lui fait perdre ses moyens et sa toge sur scène. Elle se retrouve mise à nu devant le public. Dix années ont passé. Katchoo et Francine sont colocataires. Francine couche avec Freddie Femur mais se refuse physiquement à lui depuis un an et ceci jusqu’au mariage. Frustré, il part en claquant la porte. Katchoo, dans la chambre voisine, a tout entendu. Elle vient consoler son amie. Imitant les jérémiades de Freddie, sur un ton théâtral, elle glisse ses remarques personnelles et infuse ses sentiments amoureux à sa raillerie : « Crois-moi, si cet imbécile n’avait qu’un peu de cœur, il te dirait que tu es la plus belle et la plus désirable femme du monde ! Que chaque nuit je rêve que tu m’aimes… ». Francine, bercée, se laisse consoler et Katchoo s’approche pour lui donner un baiser sur les lèvres mais Francine semble se réveiller brutalement et repousse Katchoo qui, déconfite, ramène sa déclaration à une plaisanterie.
Cette superbe entrée en matière joue sur les apparences, la vie en représentation et la difficulté d’être soi-même aux yeux des autres. Toute une intelligence narrative s’y déploie avec une mise en page extrêmement fluide, un dessin agréable et très lisible, des dialogues bien calibrés. Très vite surgit le troisième personnage principal de la série,, David Qin, irrésistiblement attiré par Katchoo. Ses attentions finissent par séduire l’explosive Katchoo. Francine déprime après son largage par Freddie. Un accident en voiture lui fait perdre la mémoire. Katchoo décide de venger son amie. Après avoir été menacé et mis à mal, Freddie la dénonce à la police. L’histoire enchaîne rapidement les scènes pour le plus grand plaisir du lecteur qui n’en perd pas une miette. Tour à tour amusé puis ému, on ne peut qu’être séduit par un tel comic book bien loin des super-héros américains. On y trouve encore, en double-page, un avion vu de derrière, au-dessus d’une mer de nuages et une litanie posée sur le vide abyssal : « Bien que je te perde, je rêve encore de toi ». En métissant habilement les histoires sentimentales à une intrigue policière, la série réussit le mariage du comique, du tragique en faisant sourdre l’émotion à travers d’étonnantes réflexions, des attitudes troublantes sur le fil du rasoir et l’évocation sans lourdeur, extirpé des clichés, de l’homosexualité, du viol ou du meurtre. Les éditions Kymera proposent, sous couverture cartonnée souple, en quinze volumes, après l’échec de deux précédents éditeurs français (Le Téméraire, Bulle Dog), l’intégralité du comic book américain en respectant la chronologie, dans un grand format qui facilite la lecture. La grande œuvre de Terry Moore commencée en 1993 a été terminée en 2007. Pour les heureux novices, il n'y a plus qu'à s'y plonger avec délice.
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