Pour me laver la cervelle de l intellectualisme verbeux de :"Train de nuit pour Lisbonne" (voir note de lecture précedente...) , j ai plongé dans "Travaux " de Georges Navel, un bouquin qui m attendait depuis 26 ans . Le jour ou Michel Polac en a fait l éloge dans Droit de réponse, en 1981, je me suis juré que je le lirai un jour... et il y a un mois j étais à Lyon ou sur les quais de Saone, royaume des bouquinistes, j ai trouvé ledit bouquin en Folio (aucun NR ISBN ?! bizarre...)
Donc lecture finie je ne peux que recommander ce livre ; l auteur est un vrai prolo qui refusant l usine, parcours la France d avant guerre en effectuant tout les petits boulots qui de nos jours feraient fuir un RMiste... (si, si je maintiens....) , car vous verrez en lisant ce livre que ce n était pas de la tarte ! récolte des pèches, fenaison, rammassage du sel dans les salines d Hyeres, terrassement en Haute Provence, vendanges en Herault.... j en passe ; en ce temps là point de tracteur, point de palettes, rien de ce qui fait le travail manuel plus supportable de nos jours,; et puis quelle morgue dans les regards que les nantis, les "possedants", les patrons, jettent sur la pietaille ! à vous dégouter de voter Sarko! non je voulais dire Poincaré (quoique en fait il n y avait pas à l époque d élection du président de la République au suffrage universel) . En bref, un trés bon bouquin qui nous montre un homme courageux, issue de la classe ouvrière et qui par idéalisme refuse de tourner le dos a ses frères de misère, un livre que d aucuns trouveront désuet mais que personellement je place à coté des livres de Louis Guilloux ou de Henri Poulaille.

Ce n'est pas une nouveauté, le copyright de ce livre est 1945. Mais on le trouve en poche, chez Gallimard (Folio, 1156).
Alors je vais l'acheter et le faire lire, car c'est une véritable merveille.
Georges Navel a été non seulement écrivain, mais aussi ajusteur, terrassier, maçon, camelot, jardinier, apiculteur, correcteur de presse1.
Ses textes magnifiques ont été édités par Giono.
Il est peu connu, mais il mérite vraiment d'être découvert.

"J'ai cru découvrir, mais très tard, un principe de bonheur dans la pensée, la méditation, la songerie, la réflexion, qu'on appelle comme on voudra ce travail d'esprit, de création, de miroitement de la vie que fait n'importe qui, en allant esul, en marchant tranquille. Ma mère était souvent heureuse en cherchant des pissenlits. Elle aimait les champs, les bois, elle aimait ce qu'elle était là. "

"Il y a une tristesse ouvrière dont on ne guérit que par la participation politique."

Georges Navel Extrait des Travaux