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Les notes de lectures recherchées

9 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 5 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (6 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : amerique, amour, annees 50, annees 1950, education, etats-unis, etudiant, guerre de coree, indignation, litterature americaine, puritanisme

[Indignation | Philip Roth]
Auteur    Message
Mariecesttout



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 18 Aoû 2007
Messages: 149

Posté: Jeu 17 Oct 2013 0:59
MessageSujet du message: [Indignation | Philip Roth]
Commentaires : 0 >>

Indignation
traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie-Claire Pasquier
Gallimard

D'abord, c'est une -bonne- surprise, même si j'ai également aimé les derniers romans de Roth, de le voir passer des tourments de la vieillesse et de la mort à l'indignation d'un jeune homme. Car ce " récit" à la première personne semble vraiment , grâce à son talent littéraire , être celui d'un très jeune homme qui se heurte en permanence à l'enfermement , à un statut, à une appartenance communautaire , qui tente de fuir ( en cela, le doyen de son université n'a pas tort) , fuir quoi, au juste? Et bien peut être le destin que redoute pour lui son père, la mort en Corée. Tout est planifié, il lui faut réussir , et grâce à sa réussite, ne pas devenir de la chair à canon. C'est son père qui le lui a appris, en le faisant accomplir à la boucherie familiale des tâches peu ragoutantes, ce qui doit être fait doit être bien fait. Et ce qu'il fait, notre pauvre Marcus, c'est du sauve qui peut..
Sauf que.. à 19 ans, on ne peut rien contre le désir sexuel, et que sa rebellion , bouillonnante à force d'accumulations de contraintes, de frustrations et de blessures, va exploser. Enfin, exploser.. Même pas, il va juste se lâcher un peu! Mais trop pour l'époque et surtout trop pour son manque de chance, car, on le découvre très tôt:

Oui, le bon vieux défi américain, 'Allez vous faire foutre', et c'en fut fait du fils de boucher, mort trois mois avant son vingtième anniversaire - Marcus Messner, 1932-1952 -, le seul de sa promotion à avoir eu la malchance de se faire tuer pendant la guerre de Corée, qui se termina par la signature d'un armistice le 27 juillet 1953, onze mois pleins avant que Marcus, s'il avait été capable d'encaisser les heures d'office et de fermer sa grande gueule, reçoive son diplôme consacrant la fin de ses études à l'université de Winesburg - très probablement comme major de sa promotion -, ce qui aurait repoussé à plus tard la découverte de ce que son père, sans instruction, avait tâché de lui inculquer depuis le début : à savoir la façon terrible, incompréhensible dont nos décisions les plus banales, fortuites, voire comiques, ont les conséquences les plus totalement disproportionnées.

Le destin, la chance et l'incompréhension clairement analysée devant des destinées individuelles, c'est un thème important dans les romans de Philip Roth que l'on retrouve encore une fois ici poussé presque à l'extrême dans une démonstration assez magistrale.
A noter en plus, , son don pour parler de métiers divers, ici un boucher kascher, dont il décrit les pratiques avec minutie, comme celles du gantier dans Pastorale américaine.
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[Indignation | Philip Roth, Marie-Claire Pasquier (Tradu...]
Auteur    Message
ingannmic



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 22 Aoû 2008
Messages: 737
Localisation: Mérignac

Posté: Mar 19 Juin 2012 20:47
MessageSujet du message: [Indignation | Philip Roth, Marie-Claire Pasquier (Tradu...]
Commentaires : 0 >>

En ce début des années cinquante, Marcus Messner a 19 ans.
Fils unique d'un couple de commerçants juifs de Newark, il menait jusque-là une banale et tranquille existence d'américain moyen.
L'angoisse soudaine et croissante que nourrit son père à l'idée des dangers qui guettent Marcus et qui l’assailliront inévitablement dès son entrée dans la vie adulte, rend bientôt la cohabitation au sein du foyer familial impossible. L’inquiétude paternelle, exacerbée par les échos de la guerre en Corée où de jeunes américains sont fauchés en pleine fleur de l'âge, prend des proportions invraisemblables et irraisonnées.
Afin de fuir cette paranoïa qui brime sa liberté et son autonomie, Marcus met 800 kilomètres entre son père et lui en partant poursuivre ses études supérieures dans une université du Middle West.

Fortement attaché à son indépendance d'esprit, le jeune homme passe pour solitaire et anticonformiste. Son refus de se fondre dans le moule du juif américain type (il est athée et hostile à toute manifestation de communautarisme), de tricher avec ses convictions, de feindre une virile camaraderie qu'il juge hypocrite et surfaite, sont incompris de la plupart de ses condisciples.

Moins dense que les autres romans que j'ai lus de Philip Roth, "Indignation" est un récit très plaisant, en grande partie grâce à l'écriture percutante, au style enlevé de l'auteur. L'ensemble est admirablement rythmé, certains passages sont un régal de drôlerie et d'intensité à la fois, et en même temps il émane du récit une vague mais permanente sensation de mélancolie.
Est-ce du au fait que, dès la page 55, le narrateur -Marcus- nous précise que c'est d'outre-tombe qu'il nous livre la relation des derniers mois de sa courte existence, dont il est condamné à ressasser les épisodes ?
Sans doute, du moins en partie. Je crois que ce ton mélancolique est également du à l'amertume exprimée par le héros qui, dans son apprentissage de la vie adulte, constate la difficulté d’affirmer sa différence et sa libre pensée face à la rigueur et l'intolérance du conservatisme. Son refus des concessions, son intransigeance finissent par le desservir en altérant ses relations à autrui.

J'ai passé avec ce roman un très bon moment, mais il m'a manqué un petit quelque chose pour en faire un coup de cœur. Une sorte de puissance, d'ampleur, qui, dans "J'ai épousé un communiste" ou "Pastorale américaine", m'avaient littéralement impressionnée.


BOOK'ING
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[Indignation | Philip Roth]
Auteur    Message
nadouch



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 19 Nov 2006
Messages: 450
Localisation: Allier

Posté: Lun 20 Fév 2012 15:16
MessageSujet du message: [Indignation | Philip Roth]
Commentaires : 0 >>

Bon, je n'avais jamais lu de roman de Roth, on m'a dit que celui-ci est vraiment à part. Et bien tant pis, ou tant mieux, car j'ai vraiment été frappée par cette lecture. Suivre Markus dans l'Amérique puritaine et antisémite des années 50 a été un excellent moment de lecture. Quelques échos parfois avec Le Cercle des Poètes Disparus, le même isolement de ces garçons dont on exigeait tant, et qui pourtant était avant tout de jeunes hommes assoiffés de découverte... C'est extrêmement bien écrit, les personnages sont vrais, pas de compassion dans ce roman, et un goût d'inachevé qui donne toute sa force à ce roman d'une vie ratée.
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[Indignation | Philip Roth, Marie-Claire Pasquier (Tradu...]
Auteur    Message
parsifal



Sexe: Sexe: Masculin
Inscrit le: 16 Sep 2007
Messages: 457
Localisation: Belgique

Posté: Jeu 01 Déc 2011 20:18
MessageSujet du message: [Indignation | Philip Roth, Marie-Claire Pasquier (Tradu...]
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Voilà un beau livre ! L'histoire est intrigante, pas tant pour la trame que pour la description détaillée des états d'esprit et de la psychologie des personnages : Olivia Hutton m'a frappé de suite pour le contraste évident entre son aspect et sa vie tourmentée, Marcus par moments me rappelle… un proche. Partagé entre le côté très comme il faut inhérent à sa personne et à son éducation et l’envie de se soulager des peurs et des préjugés selon moi sans y parvenir.
Enfin le discours du président de l'institut aux jeunes gens est un discours qui devrait être lu dans toutes les écoles aux nouvelles générations, un discours dans lequel on perçoit et on touche de la main la petitesse des bravades d'un garçon de collège par rapport aux problèmes du reste du monde.
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[Indignation | Philip Roth]
Auteur    Message
Max




Inscrit le: 10 Aoû 2006
Messages: 403

Posté: Lun 21 Mar 2011 8:34
MessageSujet du message: [Indignation | Philip Roth]
Commentaires : 0 >>

En 1951, alors que les forces armées américaines sont engagées en Corée, Marcus Messner a 19 ans. C'est un garçon de bonne volonté, sérieux, honnête et droit, sincère et un peu naïf, qui ne rechigne pas à aider son père dans la boucherie kasher familiale. C'est un "bon garçon". Jusqu'au jour où sa vie dérape. Jusqu'au jour où il décide de quitter Newark et sa famille pour poursuivre ses études de droit dans une université du Middle West. En réalité, il veut ainsi échapper à la domination de son père qui, fou d'angoisse à l'idée que son fils unique affronte les périls de l'existence, le surveille constamment et l'étouffe d'un amour paranoïaque. En s'éloignant de ses parents, Marcus veut tenter sa chance dans une Amérique encore inconnue de lui, riche de surprises et de plaisirs, mais aussi pleine d'embûches et de difficultés, « série de mésaventures dont la conclusion fut ma mort à l'âge de 19 ans » nous apprend Marcus dès la page 55.

C'est donc d'outre-tombe que Marcus nous narre sa courte vie. Depuis un au-delà pensé par Philip Roth comme vide et morne où chacun, solitaire, est condamné à ressasser, éternellement, les menus détail de toute une vie. Marcus rumine donc l'inexorable enchaînement d'événements a priori anodins qui ont pourtant rendu sa mort inéluctable. Petit à petit son récit se charge d'amertume, puis de fureur, quand il raconte comment, pour échapper à l'emprise familiale, il s'est trouvé confronté à une autre forme de tyrannie, celle des conventions (morales, religieuses, communautaires, sociétales...). Autant d'obligations qui menèrent Marcus jusqu'à l'indignation (d'où le beau titre, fort et juste, du roman), indignation qui le submergea et conduisit au désastre ce jeune homme non sans qualités.

« Oui, le bon vieux défi américain, "Allez vous faire foutre", et c'en fut fait du fils de boucher, mort trois mois avant son vingtième anniversaire - Marcus Messner, 1932-1952 -, le seul de sa promotion à avoir eu la malchance de se faire tuer pendant la guerre de Corée, qui se termina par la signature d'un armistice le 27 juillet 1953, onze mois pleins avant que Marcus, s'il avait été capable d'encaisser les heures d'office et de fermer sa grande gueule, reçoive son diplôme consacrant la fin de ses études à l'université de Winesburg - très probablement comme major de sa promotion -, ce qui aurait repoussé à plus tard la découverte de ce que son père, sans instruction, avait tâché de lui inculquer depuis le début : à savoir la façon terrible, incompréhensible dont nos décisions les plus banales, fortuites, voire comiques, ont les conséquences les plus totalement disproportionnées. »

On retrouve ainsi, dans ce récit d'apprentissage à la fois caustique et grave, les thèmes familiers de l'univers de Philip Roth : la famille juive, les relations filiales problématiques, les tabous religieux, la sexualité comme énergie vitale, l'histoire moderne des Etats-Unis et l'hypocrisie puritaine de l'Amérique... Le tout, comme souvent chez Roth, porté par une écriture nerveuse et rageuse, est d'une cocasserie désespérée.


le cri du lézard
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