Lecture très prenante, très touchante. Pas toujours facile de prendre des repères dans la lecture car les retours arrière et le point de vue des divers personnages sont fréquents, mais ça correspond aussi à la réflexion de ces gens si torturés, si avilis, si bafoués dans leur dignité.Comment cela peut-il exister encore?

Une ancienne esclave vit dans une maison hantée par le fantôme de son bébé qu'elle a tué pour lui épargner le destin qui l'attendait. Une manière inhabituelle mais tout aussi efficace de montrer l'horreur de l'esclavage : les souvenirs évoqués par petites touches d'hommes et de femmes désormais libres. La chronologie des événements n'est pas respectée ce qui n'est pas étonnant mais complique un peu la compréhension de l'histoire. Il est curieux de voir à quel point ce geste a horrifié ses congénères (qui pourtant savaient de quoi il retournait) alors qu'il nous paraîtrait maintenant quasiment excusable.

Ce roman, très prenant, dénonce les horreurs de l'esclavage des noirs et insiste sur un aspect que j'ignorais, ou plutôt dont je n'avais pas pris conscience : l'inexistence de la notion de famille chez les esclaves et le fait qu'une mère puisse être séparée de ses enfants et les perdre de vue.
En revanche j'ai trouvé un peu pénible, la traduction parfois mauvaise, les incessants retours en arrière et l'importance du merveilleux qui empêche d'adhérer complètement à cette histoire.

Une maison" le 124 "où famille fermée sur elle même vit l'épouvante :le fantôme d'une enfant hante la maison ,la petite soeur semble autiste , et la mère se débat avec ses souvenirs . Peu à peu on découvre la tragédie , les absents , l'arrivée d'un ami et d'une jeune fille mystérieuse . Le réel se mêle au fantastique . Dans ce roman on trouve les relations esclave noir et patron blanc fin du 19 ième siècle au Etats Unis et surtout l'éveil de la dignité des noirs et l'amour sans limites d'une mère .
"...J'ai pris mes bébés et je les ai mis là où ils seraient en sécurité"
"...Se libérer est une chose;revendiquer la propriété de ce moi libéré en était une autre."
A lir et relire

L'écriture de Toni Morrison a quelque chose d'envoûtant, de puissant ; j'ai vraiment été plongée dans cet univers sombre et triste du quotidien des esclaves.
C'est très bien écrit, l'histoire est dramatique et ne peut que toucher. Cela dit, je vais m'attirer des foudres, mais bien que j'ai pu palper ce talent et la puissance de la dénonciation, je me suis ennuyée. Ce n'est pas de l'indifférence que j'ai ressenti, parce que la souffrance de Sethe et des siens est trop forte pour ne pas m'avoir émue. Mais l'intrusion du fantastique m'a déplu, j'étais mal à l'aise lors de ma lecture, et je n'avais pas cette hâte habituelle de tourner les pages. Je les tournais plutôt pour savoir combien il allait m'en rester... C'est terrible, je me suis ennuyée et, mis à part l'aspect fantastique, je ne sais pas dire pourquoi je n'ai pas aimé ce livre.
Mon avis est donc clairement subjectif, et ma déception de lecture me donne paradoxalement envie de voir le film.

" Beloved est une inscription gravée sur une tombe : le nom d'un fantôme. Celui d'une petite fille égorgée par sa mère, une esclave noire évadée d'une plantation en 1870. Un crime commis au nom de l'amour et de la détresse pour que l'enfant ne retombe pas aux mains du maître. A travers la malédiction d'un bébé qui revient hanter sa mère, le roman de Toni Morrison conte la folie de l'esclavage bien plus puissamment que les Racines les plus noires. "

Ouf ! Grand moment de lecture, livre qui m'a marquée profondément. Au delà de l'histoire, à rapprocher de l'impression laissée par les témoignages sur les camps de concentration : comment l'homme arrive à déshumaniser son prochain...
Livre dur, dérangeant, éprouvant.