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Les notes de lectures recherchées

6 livres correspondent à cette oeuvre.

Il y a actuellement 3 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).

Notation moyenne de ce livre : (3 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : 2nde guerre mondiale, communisme, exil, fascisme, gitan, litterature irlandaise, poetesse, rom, tzigane

[Zoli | Colum McCann]
Auteur    Message
kikili



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 26 Mar 2008
Messages: 235
Localisation: entre Doubs et Jura

Posté: Sam 19 Avr 2008 9:23
MessageSujet du message: [Zoli | Colum McCann]
Commentaires : 0 >>

Une très belle histoire, un roman splendide. Ne décrochez pas ! J'ai eu tendance à le faire car je croyais ne pas tout bien comprendre et être trop "inculte" sur le sujet, la géographie ou l'histoire. Mais passée cette appréhension, on se laisse porter avec Zoli qui nous raconte tout simplement sa vie et notamment les (belles) rencontres qu'elle a pu faire. De très très beaux passages.
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[Zoli | Colum McCann]
Auteur    Message
sentinelle



Sexe: Sexe: Féminin
Inscrit le: 26 Juin 2007
Messages: 228
Localisation: Bruxelles

Posté: Lun 08 Oct 2007 12:26
MessageSujet du message: [Zoli | Colum McCann]
Commentaires : 0 >>

[p.64] Il y a des choses qui vous arrachent la vie.

Pour l'écriture du roman Zoli, Colum McCann s'est beaucoup documenté sur l'univers des Tziganes en Europe au XXe siècle. Les tziganes tour à tour confrontés au fascisme, au communisme et à la mondialisation, entre les années 30 et 2003. Pour ce faire, nous suivons les étapes du parcours de Zoli à travers la Slovaquie, l'Autriche, l'Italie et la France.

Zoli (inspirée de la poétesse polono-tsigane Papuza) se retrouve bannie des siens après que son amant, contre sa volonté, publie par écrit ses poèmes pour en faire une icône du parti communiste.

Citation:
[p.72] Mon père a dit une fois qu'on ne peut juger le cœur d'un homme sur le pire de ses actes. Seulement, même si c'est vrai, il sera difficile de l'ignorer : en ce qui me concerne, ça s'est passé l'hiver, par un après-midi glacial, à l'imprimerie de la rue Godrova, où je me trouvais avec Zoli Novotna. Je l'ai trahie devant les rotatives. Comme avant, ou après, je n'ai rien fait de pire ou de sensiblement mieux, je dois admettre que ce geste isolé sera peut-être le seul que je laisserai au monde. Il habille en tout cas l'air que je respire chaque jour.

La culture de l'écrit étant prohibée par les tziganes, Zoli va être rejetée de toute la communauté tzigane et s'en suivra une longue période faite d'errances et de solitudes.

Colum McCann est un auteur généreux, et cela se sent à travers son roman.

J'ai aimé suivre le parcours de Zoli, depuis sa petite enfance jusqu'à un âge avancé.
De belles pages parcourent ce récit tout au long des thèmes abordés : le chant, l'amour, la trahison, l'émancipation, l'exil surtout.

Extrait d'un entretien de l'auteur :
"Cela dit, je pense que l’exil est une des questions essentielles du XXe siècle, alors que le XXIe posera peut-être celle du retour. Je ne peux pas trouver de personnage qui incarne plus l’exil que Zoli. C’est une femme, dans une culture où la place des femmes n’est pas évidente, c’est une poétesse, ce qui la fait bannir par sa propre communauté, et elle crée à un moment de l’histoire où son peuple est chassé, persécuté."

J'ai aimé ce roman mais il manque un petit je ne sais quoi pour être véritablement transportée.
Par comparaison, j'ai préféré son roman précédent Danseur. Les thèmes abordés y étaient plus diversifiés, ainsi que l'importance de la multiplicité des points de vue et des personnages secondaires. Dans Zoli, on reste trop attaché à sa personne et à ses perceptions, tandis que les autres personnages n'ont que peu d'épaisseurs.

Malgré cette critique, qu'on ne s'y trompe pas, Zoli reste un bon roman !
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[Zoli | Colum McCann]
Auteur    Message
Max




Inscrit le: 10 Aoû 2006
Messages: 403

Posté: Mer 03 Oct 2007 12:31
MessageSujet du message: [Zoli | Colum McCann]
Commentaires : 0 >>

«Il y a des choses de l'enfance que seule l'enfance connaît. Ce dont je me souviens le plus, c'est de l'arrière de la roulotte quand, toute vêtue de rouge, je regardais défiler la route.
J'avais six ans. J'avais coupé mes cheveux très courts en taillant dedans avec un couteau. Je te le dis sans façons, il n'y a pas d'autre façon : je n'avais plus ma mère, je n'avais plus mon père, ni mon frère, ni mes sœurs, ni mes cousins. Les Hlinkas les avaient rassemblés sur la glace, ils avaient allumé leurs feux tout autour sur la rive, ils braquaient leurs fusils pour qu'ils ne s'échappent pas. Lorsqu'il a commencé à faire moins froid dans l'après-midi, les roulottes, bien obligées, se sont déplacées vers le milieu du lac. Mais la glace a fini par craquer, les roues se sont enfoncées et tout a coulé en même temps, les harpes et les chevaux. Je n'ai rien vu de tout ça, ma fille, mais j'ai imaginé, le bruit, les cris, et si bien plus tard, la musique est revenue, si notre peuple s'est relevé, si on lui a redonné un moment d'honneur et de fierté, je n'ai jamais cessé d'attendre que ma famille nous rejoigne, ma famille qui était bien morte.
Seuls Grand-Père et moi avons survécu – nous avions quitté le lac trois jours plus tôt et nous étions loin. Le silence nous attendait au retour.»


Tchécoslovaquie, années 1930 : sur un lac gelé des membres de la Hlinka, la police politique slovaque alliée des nazis, a rassemblé un groupe de gitans avant d'allumer un gigantesque brasier pour faire fondre la glace. Cette scène d'ouverture est hallucinante et hante le lecteur sur la durée du roman. Zoli, petite fille rom, survit au carnage et grandit sur les routes d'Europe de l'Est dévastée par la Seconde Guerre mondiale, élevée par son grand-père qui brave l'interdit tzigane en lui apprenant à lire et à écrire et lui raconte l'histoire de leur communauté. Une histoire chargée de drames et de sortilèges, dont elle s'inspire pour composer chansons et poèmes. Devenue femme et poétesse, Zoli sera instrumentalisée par les communistes voulant sédentariser les Tziganes, au risque de leur faire perdre leur identité. Elle sera ensuite trahie par un Anglais fou amoureux, avant d'être bannie par son propre peuple (je laisse le soin au le lecteur de découvrir pourquoi). Alors Zoli fuit son pays, traverse les frontières, se terre comme un animal pour éviter polices, pierres et crachats...

L'intention de l'auteur est claire : parabole sur l'exil, éloge de la différence, questionnement sur l'assimilation, l'appartenance, et l'ethnicité... Il décrit avec sincérité l'univers des Tziganes pendant la Seconde Guerre mondiale et la montée du communisme en Europe de l'Est. Il greffe habilement une fiction sur une réalité, celle du peuple tzigane, dont il ressuscite l'une des figures les plus légendaires, la poétesse polonaise Papusza. Des années 1930 en Tchécoslovaquie à 2003 à Paris, Colum McCann alterne avec brio les époques, les lieux et les voix, mais c'est celle de Zoli, simple et déchirante, qui domine les autres et nous touche infiniment. Zoli, farouche héroïne de ce roman, séduit de sa voix chaude, de son tempérament de feu et de sa volonté impitoyable. Le romancier réussi à donner à son héroïne une simplicité et une vérité qui emportent l'adhésion du lecteur : on ressent l'empathie de l'auteur pour son héroïne, et ceci parfois au détriment des autres personnages, un peu sacrifiés. A tel point que son intrigue s'en ressent un peu sur la fin, l'histoire se traîne, comme si son auteur ne se résolvait pas à quitter son héroïne. Ceci, ajouté à une narration parfois "flou" et certains passages qui manquent d'épaisseur, fait que je n'ai pas été entièrement convaincue par ce roman.

Il reste que Zoli est un beau roman empreint de poésie mélancolique aux accents slaves. Un livre-hommage qui sait éviter l'écueil du sentimentalisme : «A condition d'y mettre le sucre et les larmes, on leur fait avaler n'importe quoi. Ils s'en pourlèchent et, dans leur bouche, le sucre et les larmes font une pâte qu'ils appellent compassion» écrit-il, pas dupe un seul instant de ses personnages ni de l'histoire qu'il entend raconter.


le cri du lézard
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