L'auteur raconte sa propre expérience de vie en solitaire au milieu de la nature sauvage de l'Idaho, à Indian Creek, pendant sept mois, où la neige l'a isolé de ses amis et de sa famille.
Cette expérience a été vécu dans le cadre d'un contrat avec les gardes forestiers américains où son travail consistait à empêcher la glace de se former dans une retenue d'eau et à surveiller un million d'œufs de saumon pour une tentative de réintroduction dans la rivière Selway.
En toute transparence, l'auteur raconte ses erreurs et les leçons qu'il en tire, ses états d'âme et ses choix pour affronter sa solitude (promenades, chasses, contemplations de la nature, observation d'une éclipse solaire…).

Traînasseries dans la wilderness.
Explorateur solitaire dans l'âme et nourri du récit des trappeurs d'antan, Pete Fromm prend pour prétexte une formation universitaire de biologie à Missoula, dans le Nevada, afin d'approcher la sauvagerie de l'Ouest. Quand il apprend qu'un emploi peut lui être proposé, consistant à surveiller deux millions et demi d'oeufs de saumon déposés à la confluence de la Selway et d'Indian Creek, dans l'Idaho, le jeune étudiant jubile. Il va enfin pouvoir superposer la réalité à la fiction et s'immerger corps et âme dans la nature, seul, sept mois durant, hiver inclus. Fromm n'a alors aucune conscience de ce que cela signifie et exige. Il va le découvrir et le relater.
Indian Creek est le récit des tribulations et des émerveillements d'un jeune homme face à une nature effroyable et grandiose. Novice mais débrouillard, étourdi mais déterminé, Pete Fromm retient de ses échecs, s'adapte, prend de l'assurance et de l'autonomie. Il s'expose sans jamais se donner le beau rôle. Sa relation avec sa jeune chienne appelée Boone est un régal même pour celui qui ne nourrit aucun intérêt pour la gent canine. Progressivement, une hiérarchisation s'installe entre les gardes forestiers, les chasseurs et les touristes, tous de passage. Fromm est le seul à vivre tout l'hiver dans ces contrées inhumaines où le mercure chute à moins quarante. En s'inscrivant dans la durée, il donne de l'épaisseur au paysage. L'écrivain américain a le sens des grands espaces ainsi que celui de la narration. le lecteur peut regretter que la chasse tienne trop de place. Celle au cougar est assez pénible. Il ne s'agit plus de tuer une grouse ou un orignal pour se nourrir mais de traquer et d'abattre un animal pour le trophée et la gloriole. Malgré tout, bien des pages flamboient à l'exemple de celle consacrée à l'éclipse solaire ou à la débâcle. On aurait aussi aimé que l'auteur évoque l'occupation indienne des lieux dont la toponymie seulement conserve la trace. Peut-être, en filigrane, la frayère où incubent les oeufs de saumon est-elle l'allégorie de la naissance d'un écrivain ?