Un livre un peu ancien sur le concurrent du "Génie des Carpathes" au titre de dictateur le plus paranoïaque du XXe siècle.
C'est ma fascination pour l'Albanie qui m'a incité à me documenter sur Enver Hodja. Pendant quarante ans il y régna en pottentat féroce,éliminant concurrents et opposants, amis et anciens frères d'armes. Enver Hodja est le produit de la méritocratie républicaine française. C'est un raccourçi un peu rapide mais il faut savoir qu'il obtint une bourse pour étudier à l'université de Montpellier et c'est là qu'il découvrit les textes de Marx (en français donc) , la littérature française et l'histoire de France.Il avait une véritable vénération pour Robespierre et plus globalement pour la Révolution française, dont il retiendra surtout sa période la plus noire et non la déclaration des Droits de l'homme...
Ce sont les combats dans les maquis contre les allemands qui lui permettront d'arriver au pouvoir en 1945, déjà communiste convaincu. Formation d'un front patriotique englobant tous les partis, éléctions "démocratiques", élimination des "suppôts" de l'impérialisme et du capitalisme...le shéma est connu, ce fut le même dans toutes les futures démocraties populaires.
En politique internationnale Hodja fut un opportuniste convaincu ; d'abord ami-ami avec Tito puis ennemi quand l'URSS lâcha la Yougoslavie, Maoïste en 1970 quand Kroutchev coupa les robinets des roubles indispensables à l'économie albanaise... Il y a un épithète qui ne changea jamais pour qualifier Hodja : stalinien.
Le livre de Schreiber se lit facilement mais je trouve qu'il n'insiste pas assez sur l'environnement historique et social de l'Albanie (Hodja faisait partie d'une famille, d'un clan, et cela dû avoir pas mal d'incidences sur sa politique...). Si vous voulez avoir une vue du "pays réel" à l'époque de Hodja il faut absolument lire le livre de Elisabeth et Jean Paul Champeix:57 boulevard Staline. C'est passionnant et...très dépaysant.
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